Le salon de l’aviation d’affaires de Genève a été la cible d’une centaine d’activistes écologistes qui ont visé l’exposition statique. L’aéroport a dû être fermé une partie de la journée.
La NBAA et l’EBAA s’y étaient préparées. Les puissantes associations de l’aviation d’affaires ont néanmoins été débordées. Les activistes du climat ont de la ressource. Ils l’ont démontré le week-end dernier en bloquant le trafic à l’aéroport de Cannes avec des modèles réduits de voitures radiocommandés. Ils l’ont prouvé à Genève, au premier jour du salon EBACE.
Sans aller jusqu’à affirmer qu’avant cet événement, le salon était en état de siège, il est indéniable que les mesures de sûreté ont été fortement renforcées cette année. Outre une fouille approfondie des sacs et un contrôle systématique d’identité des visiteurs et exposants, une armée de vigiles est déployée aux abords du parc des expositions et à l’intérieur des halls. Le trajet entre les halls et l’exposition statique se fait en bus à bord duquel se trouve également un agent de sûreté.
Une manifestation d’opposants à l’aviation d’affaires était programmée, le mardi 23 mai 2023, à 16h00, devant l’entrée principale. Les activistes ont pris les organisateurs et le service de sûreté à revers.
Une centaine de personnes ont pris d’assaut l’exposition statique. 80 d’entre elles de 17 nationalités différentes ont été interpelées. L’aéroport est resté fermé une heure et demie. Les vols ont été déroutés sur les aéroports voisins et en particulier à Lyon-Saint Exupéry.
L’aviation d’affaires a de plus en plus de mal à parer les coups. A moins que les activistes soient de plus imaginatifs. Sans doute, un peu des deux.
Traditionnellement, la veille de l’ouverture des deux grands salons de l’aviation d’affaires, que ce soit la convention de la NBAA aux USA ou celle de l’EBAA à Genève (EACE), est consacrée à la presse. Chaque avionneur et équipementier en profite pour faire le point. Un grand repas sponsorisé réunit journalistes et industriels.
Cette année à l’occasion de ce repas, lundi 22 mai 2023, une table ronde a regroupé six des sept constructeurs d’avions d’affaires. Il manquait juste Textron (Cessna) à l’appel.
Les CEO ont rappelé tous les progrès technologiques accomplis ces dernières décennies pour améliorer les performances des bizjets, réduire les consommations de kérosène et par voie de conséquence, les émissions de CO2. Les avancées sont significatives, mais elles ne parlent évidemment pas à ceux qui veulent éradiquer l’aviation d’affaires. Pas plus que le poids (0,04%) des émissions de CO2 de l’aviation d’affaires dans le total des émissions humaines.
Les constructeurs insistent aussi sur leurs efforts pour amorcer la pompe des carburants d’aviation durables. Autant d’arguments rejetés par les activistes.
Le moment est sans doute venu de repenser la stratégie de communication de l’aviation d’affaires. Pas pour convaincre les plus déterminés des activistes, mais pour sensibiliser la grande majorité de la population aux réalités de l’activité et ainsi ramener un peu de sérénité dans le débat.
En attendant, les organisateurs du salon du Bourget vont sans doute tirer les enseignements des déboires du salon EBACE 2023. Le dispositif de sureté pourrait être encore renforcé. Réponse dans un mois.
© Vincent / Aerobuzz.fr Les dimanches passant, vous pensiez peut-être que vous échapperiez à un… Read More
Korean Air donne une nouvelle vie à ses uniformes de mécaniciens en fin de service… Read More
Le Junkers A50 Junior et le A50 Heritage allient à la fois modernité et tradition.… Read More
Pour communiquer avec ses sous-marins, l'U.S. Navy a besoin d'avions capables d'établir la liaison grâce… Read More
2.000 recrutements en 2025, mais aussi 2.200 par an de 2026 à 2030 : les grands… Read More
Vous avez aimé Top Gun ? Vous avez adoré Top Gun Maverick ? Avec Romain… Read More
View Comments
C'est une question qui va au-delà des aspects techniques et des chiffres qui pourront être annoncés.
Dans un monde en pleine croissance, où tous les rêves sont permis, avoir des inégalités ne choque pas, voire même au contraire si on poursuit le "rêve américain".
Dans un monde en contraction, donc sous contrainte, le processus s'inverse, et aucune tolérance ne sera admise envers le "privilégié" par rapport à tous ceux qui se serrent la ceinture ou qui modifient leur mode de vie.
Le clivage est à l'affut, et il a déjà pointé le bout de son nez.
Les rapports des CEO des constructeurs ne changeront rien à l'affaire.
La plus grosse lacune des discours des avionneurs est de se concentrer sur le progrès (indéniable) des technologies et donc de la réduction unitaire des émissions; et d'ignorer (ou faire mine d'ignorer) l'effet rebond.
Le résultat global d'un système ou l'émission unitaire se réduit de 10% et ou le marché croit de 20% conduit à une augmentation des émissions d'environ 10% (un peu plus difficile à calculer mais à coup sur positif).
C'est un dialogue de sourds ou celui qui crie le plus fort finit par se faire entendre de l'opinion publique.
Et là face à la discretion (coupable ?) de notre industrie, les activistes sont en première ligne.