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Aviation Générale

Accélération de la baisse de l’activité des aéro-clubs en 2024

Published by
Gil Roy

Le tassement du nombre des heures de vol des aéro-clubs s’est accentué en 2024. La Fédération française aéronautique (FFA) refuse de voir une fatalité dans la baisse « récurrente » amorcée en 1999. La nouvelle structuration de ses licenciés en offre la preuve. 

En 2024, les aéro-clubs ont totalisé 460.261 heures de vol, soit 6,5% de moins qu’en 2023. La mauvaise météo qui a retardé le démarrage de la saison sur l’ensemble de l’hexagone et les restrictions de vol liées aux Jeux Olympiques et Paralympiques qui ont fortement pénalisé les aéro-clubs de la région parisienne (-12% en Ile-de-France) n’ont fait qu’accentuer une tendance baissière enclenchée depuis 1999. Au cours des 26 dernières années, c’est un tiers des heures de vol annuelles qui ont été perdues. Une timide amorce de redressement s’est enclenchée en 2018 et confirmée en 2019, avant d’être balayée en 2020 par le confinement lié à la pandémie.  

Ce recul enregistré depuis plus de 25 ans est en corrélation directe avec la baisse du nombre des pratiquants. Sur la même période, les effectifs des aéro-clubs ont perdu très précisément 10.356 pilotes, soit une baisse de près de 22% entre 1999 (47.571 licenciés) et 2024 (37.215). Selon la Fédération française aéronautique (FFA), les causes de ce recul « récurrent » sont multiples : pyramide des âges, augmentation du prix de l’heure de vol, effet zapping, mauvaises conditions météorologiques et incertitudes conjoncturelles (économiques, politiques et géopolitiques). On notera que la FFA ne retient pas l’aérobashing. Malgré le dénigrement qu’a subi l’aviation dans son ensemble, la Fédération fait remarquer que les jeunes continuent à rejoindre les aéro-clubs.

Le nombre des pilotes de moins de 21 ans a augmenté de +1,9% en 2024 par rapport à 2023, et de +6,1% par rapport à 2022. Ils étaient 4.908 en 2014, soit 13,2 % du total des effectifs des aéro-clubs. C’est une progression de 3,4 points en une vingtaine d’années. Les jeunes ne sont pas venus tout seul. La FFA est allée les chercher, notamment en misant sur le Brevet d’initiation aéronautique (BIA).

Chaque année, les aéro-clubs en connexion avec l’Éducation Nationale forment entre 10 et 11.000 collégiens et lycéens, soit la moitié de l’ensemble des BIA français. Elle les forme et s’efforce de les fidéliser. A la fin de l’année scolaire, la licence « Jeunes ailes » est proposée aux nouveaux diplômés en vue de les faire entrer dans un cursus de formation adapté à leur âge. Ce dispositif a été initié en 2014. En 2024, la FFA a délivré 3.701 licences « Jeunes ailes » dont 30% à des jeunes filles. La FFA consacre près d’un million d’euros par an à sa politique jeunes, soit un quart de son budget annuel.

Au-delà des jeunes, le recrutement de nouveaux membres est l’une des priorités de la fédération. Cette année encore, en mai, elle va renouveler sa campagne de communication à la télévision. Un investissement financièrement bien encadré qui continue de produire ses effets. En 2024, elle a ainsi délivré 854 « passeports initiation » à la l’occasion d’un baptème de l’air en aéro-club, et 6.834 licences « Plaisir de voler », en majorité à des clients « Wingly » qui ont acheté un vol en partage de frais élargi.

Ce sont ainsi, près de 11.400 personnes sensibilisées à l’aviation légère que les aéro-clubs doivent encourager à faire le pas pour devenir à leur tour pilotes. Mais convaincre une personne de passer d’un vol de découverte de quelques dizaines de minutes à une formation exigeante et coûteuse s’étalant sur plusieurs années est un challenge.

En d’autres temps, en régime de croisière, le taux de renouvellement des effectifs de pilotes était de l’ordre de 20%. Les aéro-clubs étaient habitués à compenser les départs de leurs membres par de nouvelles adhésions. Ce n’est plus le cas, les aéro-clubs doivent être plus proactifs. Et certains s’en sortent mieux que d’autres. Preuve que le recul de l’activité n’est pas une fatalité.

A Saint-Malo, le week-end dernier, à l’occasion du congrès annuel de la Fédération française aéronautique, les aéro-clubs français ont fait la démonstration de leur résilience !

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Je suis étonné qu'on n'évoque pas, dans cette étude, le transfert de la pratique de l'aviation légère vers l'ULM 3 axes. Cela me semble logique et s'amplifie avec l'autorisation depuis 5 ans de porter ses heures de vol ULM 3 axes sur son carnet de vol pilote.
    Cela se constate sur les aérodromes où l'on voit le nombre d'ulmistes dépasser le nombre de pilotes "classiques".

    • C'est effectivement une excellente remarque. Les transfuges sont de plus en plus nombreux, mais personne, à ma connaissance, n'a encore cherché à évaluer leur nombre. Cela signifie aussi que tous les licenciés perdus par la FFA ne sont pas définitivement perdus pour l'aviation. C'est rassurant.

      • La raison est pour moi évidente tellement que seuls des fonctionnaires enfermés dans les règlements ne la voient pas. Les ULM 3 axes sont de plus en plus identiques aux avions en CDN qu'il faut être stupide pour devoir passer une visite médicale annuelle avec des critères que seuls de jeunes de 17 à 55 ans peuvent satisfairent.
        Moi et de très nombreux amis nous avons du abandonner le vol en aéroclub sur avions en CDN car ils avaient un peu de tension artérielle et surtout parce qu'ils avaient subi une opération grave alors qu'ils ont été parfaitement rétablis ensuite.

  • Le congrès annuel de la Fédération est toujours un moment intense pour les bénévoles qui dirigent les Aéroclubs et les Comités départementaux et régionaux.
    Ce qui frappe le plus, c'est la passion qui anime toujours cette population vieillissante et la foi qui perdure malgré toutes les attaques, menaces, dangers objectifs, etc. (fermetures de terrains, hausse vertigineuse des coûts d'entretien, évolution des carburants, espace aérien contraint, risques juridiques pesant sur les dirigeants, ....).
    Jean Zay et Pierre Cot seraient fier de voir que l’œuvre qu'ils ont bâtie il y a près de 90 ans maintient le cap contre vents et marée

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Gil Roy
Tags: aero-clubFFA

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