Une violente campagne de presse est en train de se développer aux USA contre les aéroports secondaires qui selon leurs détracteurs pompent des fonds démesurés par rapport à leur réelle utilité économique. Au vu des dégâts causés par la campagne de presse menée depuis un an contre l’aviation d’affaires, les pilotes privés américains prennent cette offensive très au sérieux.
USA Today vient d’en remettre une couche en publiant, le 1er novembre 2009, un nouvel article dénonçant les aides fédérales accordées aux petits aéroports américains. Cet article ravive la polémique amorcée avec un virulent réquisitoire publié également dans USA Today, en septembre 2009. Le quotidien critique « un obscure programme fédéral qui soulève chaque année des milliards de dollars de taxes à travers les billets d’avions vendus aux USA » pour « financer le plus coûteux et le plus expansif des réseaux aéroportuaires du monde ». Selon l’auteur de l’article, les fonds versés aux plus petits aéroports pour leur développement sont passés de 470 M$ en 1999 à 1Md$ en 2007 alors que dans le même temps, le trafic privé a baissé de 19%.
USA Today s’attaque à la sous-utilisation des aéroports d’aviation générale et à leur gestion déficitaire. Dans son argumentaire, il oppose aussi l’homme d’affaires qui subit la congestion des grands aéroports, les vols retardés et les inspections, au pilote privé qui, selon le quotidien, voyage majoritairement pour son plaisir. « Un homme d’affaires voyageant une fois par semaine sur des vols réguliers aura payé, à la fin de l’année, 2000 $ de taxes, alors que le pilote privé paye uniquement une taxe sur le carburant qui s’élève en moyenne à 2,87$ par heure de vol ». USA Today fait remarquer au passage que dans la guerre commerciale qu’ils se livrent entre eux, les aéroports d’aviation générale ont renoncé à faire payer des taxes d’atterrissage.
Selon l’auteur de l’article ces petits aéroports dotés d’équipements performants étant pour la plupart exploités à un tiers de leur capacité, voire seulement 10% pour une partie d’entre eux, ils pourraient être mieux valorisés en les transformant en zones pavillonnaires ou mieux encore en zone d’activité économique. Mais là encore, USA Today dénonce le pouvoir fédéral, à travers des exemples comme le témoignage de ce maire d’une petite ville de Pennsylvanie selon lequel la vente des 80 hectares de l’aérodrome pourrait rapporter 40 M$, générer 500 M$ en développement et dégager chaque année 6M$ de taxes aux écoles et 4M$ à la ville. Mais la FAA exige que ce petit aérodrome reste ouvert encore 20 ans en contrepartie des 13M$ versés pour son aménagement.
Truffé de chiffres et de témoignages de riverains ou d’élus, cet article est un véritable réquisitoire contre les 2834 aérodromes d’aviation générale répartis sur le territoire américain. Les associations représentatives de l’activité, qu’il s’agisse de l’AOPA, de l’EAA et de la NBAA pour les usagers ou de la GAMA pour les constructeurs, prennent très au sérieux cette nouvelle affaire qui intervient un an après l’attaque en règle contre l’aviation d’affaires. Le secteur ne s’en est toujours pas remis.
Et nous naïfs européens qui pensions qu’outre-Atlantique, l’aviation générale n’avait plus rien à prouver…
Gil Roy
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Attaque en règle contre les aéroports américains d’aviation générale
Il faut quand même relativiser. A mon sens, ce n’est qu’un feu de paille à connotation politique. Il n’y a rien de comparable avec le phénomène anti-aviation générale qui suit son chemin en Europe.
A cela une bonne raison : à savoir l’étendue du territoire qui nécessitera toujours des avions légers pour rejoindre un endroit isolé d’un état à un autre, là où les compagnies aériennes sont quasiment-inexistantes.
Le problème de l’aviation générale US est effectivement celui des survols des gigantesques zones urbaines comme à Los Angeles, et c’est vrai qu’il y a eu beaucoup d’accidents ces derniers temps qui se sont terminés soit sur les toits de certaines maisons, ou encore dans des jardins.
Encore une fois, l’aviation est le parent pauvre de l’information, ignoré du grand public quand tout va bien, magnifié dans les médias en temps réel lorsque tout va mal, notamment en cas d’accidents.
Et nous sommes aux Etats Unis bien meilleurs sur le plan de l’information (voir les salons et les réunions extrêmement populaires de l’AOPA)pour les Meetings Aériens et autres Shows du même acabit.
Je pense à titre personnel que c’est un problème qui touche plus ou moins à tous les secteurs, que ce soit les transports, la médecine, le terrorisme, j’en passe et des meilleures. Ce qui émeut le public suscite l’intérêt des politiques et des pouvoirs publics. Il faudra bien un jour qu’on parvienne à faire assez de pédagogie et d’éducation à tout ce beau monde pour savoir enfin prendre du recul et relativiser sur le sensationalisme et le choc émotionnel relayé par les médias et en particulier Internet.
Lorsque l’on contracte une indigestion après un bon repas dans un restaurant chinois, la plupart du temps à cause d’un manque d’hygiène, on ne s’arrête pas de manger pour autant.
En aviation, c’est un peu la même chose. Ne tombons pas dans la bétise extrême pour des pécadilles, alors que des milliers de personnes perdent la vie sur la route tous les jours, dasn tous les pays du monde. Et personne ne s’en émeut pour autant.
Attaque en règle contre les aéroports américains d’aviation générale
Un éclairage intéressant apporté par un journaliste aéronautique français indépendant réputé qui a choisi de vivre aux Etats-Unis depuis de nombreuses années. Ce point de vue permet de relativiser…
Merci Bernard.
Gil Roy