Avec les copilotes monégasques de Solar Impulse

A l’occasion de la troisième étape du tour de monde de Solar Impulse 2 qui a débuté, mercredi 18 mars, à 1h48 UTC, nous vous proposons une rencontre avec les anges gardiens du centre de contrôle. Aerobuzz.fr leur a rendu visite à Monaco, d’où ils assistent, à distance, Bertrand Piccard et André Borschberg et leur prodiguent conseils et instructions.

Solar Impulse 2, un avion monopilote ? Voire. A Monaco, une vingtaine de personnes est en première ligne au centre de contrôle. Chacune a son rôle et exerce une influence sur la trajectoire de l’avion. Même si le pilote reste maître à bord, nombre de décisions sont prises en commun. « Cogito ergo circumvolat », je pense donc il vole (!), telle est la devise officielle du centre.

Le titre de directeur des vols s’appelle Raymond Clerc. Le genre d’homme qu’on ne fait pas attendre quand il pose une question. Il centralise les informations, dirige l’équipe et prend les décisions stratégiques avec le pilote.

Christophe Béesau est un autre homme-clé. Mathématicien chez Altran, son titre au centre de contrôle pourrait se traduire par « stratège du vol ». Avec deux autres ingénieurs, il élabore la trajectoire optimale. Ce travail commence des mois avant le vol et s’affine, au fil du décryptage des cartes par les prévisionnistes météo, jusqu’à un réglage fin pendant le vol. Entre-temps, le choix du jour du décollage lui incombe largement. Son leitmotiv : avoir un à trois coups d’avance.

En préparant le vol, plusieurs scénarios sont envisagés. « Nous convergeons vite », affirme Christophe Béesau. Un porte-parole note, dans un sourire, « nous sommes suisses, nous aimons le consensus ». Il n’empêche, Bertrand Piccard et André Borschberg ont chacun leur préférence, dont les stratèges tiennent compte. Ainsi, André Borschberg aime aller vite… même si, à l’allure d’un cyclomoteur, tout est relatif.

Peut-on comparer Christophe Béesau aux routeurs météo des navigateurs en mer ? « Non, les contraintes sont supérieures », répond-il. Car il ne s’agit pas seulement de météo. Il faut aussi, poursuit le stratège du vol, prendre en compte l’ensoleillement le jour et assurer la survie (selon son propre terme) la nuit. Christophe Béesau parle peu avec le pilote, sauf pour lui expliquer un changement de stratégie.

Le responsable des communications avec le pilote répond au vocable NASAesque de Capcom. Il transmet, par exemple, des conseils de vitesse. Ceux-ci peuvent venir des ingénieurs de vol, qui gardent l’oeil sur les paramètres comme la puissance développée par les moteurs, l’état des batteries etc. Dernier métier représenté au centre de contrôle, les spécialistes du contrôle aérien. Très en amont, ils ont contacté les contrôleurs des pays traversés et négocié survols et aéroports de déroutement.

Les communicants du centre de contrôle voient ses occupants comme les « anges gardiens » du pilote. Ce dernier est en effet intimement surveillé. On suit sa consommation d’oxygène, son hydratation et ont fait le point toutes les heures sur sa santé. On décide avec lui quand il pourra faire une pause… Un pilote très entouré, donc !

Thierry Dubois à Monaco