A l’issue d’une saison 2016 de meetings difficile, France Spectacle Aérien tient, les 2 et 3 décembre, sa convention nationale annuelle, dans un contexte très particulier d’incertitude et de doute quant à leur avenir en France. Au vu de la série d’annulations déplorées lors de la saison écoulée, les nouvelles contraintes pourraient dissuader de nombreux organisateurs à se lancer dans l’aventure de la mise en oeuvre de meetings en 2017.
Déjà malmenées depuis le début de la saison dernière par de nouvelles exigences liées à l’état d’urgence instauré depuis les attentats de novembre 2015, c’est une vraie surenchère de contraintes supplémentaires que toutes les parties prenantes d’un meeting ont eu à subir depuis la tragédie de Nice, le 14 Juillet dernier.
Ces nouvelles exigences ont conduit à l’annulation d’une douzaine de meetings quelle que soit leur importance … Une première dans l’histoire du spectacle aérien en France.
Des meetings sous haute surveillance
Affirmer que cette saison écoulée a été difficile peut sembler un euphémisme pour qui côtoie les acteurs de l’activité, même pour les plus aguerris. Certains organisateurs ont été contraints de jeter l’éponge. Le poids financier des nouvelles exigences imposées par les autorités, parfois démesurées, était trop lourd.
Afin de pouvoir organiser leur meeting certains ont été contraints de créer des fans zones, d’éloigner les parkings visiteurs de l’aire prévue pour contenir les spectateurs, de sécuriser les accès à l’aide de plots de béton, de multiplier les points d’entrée et de sortie du site, de poser des kilomètres de barrières supplémentaires, d’installer des Postes d’Inspection Filtrage (PIF) avec du personnel équipé de matériel de détection électronique, d’entourer l’aire de présentation d’un périmètre de sécurité infranchissable, de fermer des routes, de faire évacuer des habitants et bien d’autres obligations nées le plus souvent de l’imagination débordante des Préfets de la République…
Meetings annulés
Les meetings de Marseille et celui d’Aix les Bains, pourtant organisés par des équipes professionnelles et majoritairement financés par les municipalités ou autres collectivités locales, sont de ceux là, parmi d’autres ! Pour Marseille, l’ensemble des plages du Prado devait être contenu dans un périmètre sécurisé. Pour Aix les Bains, c’est toute l’esplanade du lac, longue de plusieurs kilomètres, qui aurait dû subir le même sort, pour un coût de plusieurs dizaines de milliers d’Euros. Quel élu peut justifier une telle dépense auprès de ses administrés ?
Pour d’autres organisateurs ayant « fait le dos rond » et accepté de prendre le risque de financer ces nouvelles mesures (le plus souvent disproportionnées en regard de l’importance de l’événement), le surcoût fut généralement proportionnel à cette démesure. Ces mêmes organisateurs qui, ne pouvant pas spéculer sur d’improbables recettes liées à la fréquentation le jour J, ont été poussés à réduire le plateau aérien du spectacle d’une ou plusieurs présentations.
Pour les pilotes et le public aussi…
Un contexte difficile aussi pour les pilotes présentateurs et leur équipage. Ils ont dû se soumettre eux aussi à des contrôles renforcés pour pénétrer de la zone publique en zone réservée (zone qui leur est justement réservée !) et rejoindre leur avion pour pouvoir effectuer leur présentation.
Bien entendu ces fouilles ou contrôles des papiers et autres documents de bord se sont, le plus souvent déroulés au dernier moment, alors que le pilote n’avait qu’un objectif : se « mettre dans sa bulle », se concentrer sur sa future prestation, s’isoler du public… Autant d’actions stressantes qui ne concourent certainement pas à apporter de la sécurité aux présentations en vol.
Un contexte difficile tout autant pour les spectateurs qui se sont vus obligés, comme dans tous les événements publics désormais, de se soumettre à la fouille. Ils se sont trouvés confrontés à de nouvelles interdictions dont, parmi d’autres, celle d’être accompagné de son chien, d’apporter sa glacière pour le pique nique et de n’avoir avec soi qu’un seul sac, dont la dimension autorisée était généralement laissée à l’appréciation du vigile procédant au filtrage…
Les présentations en vol impactées
A ces mesures de sûreté directement liés au risque d’attentat terrestre, s’ajoute un net renforcement des moyens de sécurité destinés à protéger le public des « dangers » aériens lors des évolutions. Si la mesure du risque reste encore à ce jour une vraie nébuleuse, dont l’étude devrait bientôt devenir obligation en amont du dépôt de demande de manifestation aérienne (quelques organisateurs se sont déjà vu imposer cette étude préalable en 2016), cette préoccupation depuis longtemps portée au premier plan par la Police aux Frontières, (dont la mission vise prioritairement à la protection des personnes et des biens) est devenue, après les récents accidents ayant endeuillé quelques meetings à l’étranger, une inquiétude majeure proche de l’angoisse pour certains Préfets. Ceux-ci n’hésitent pas à sur-réglementer et aller bien au-delà des préconisations de l’Arrêté du 4 avril 1996 régissant les manifestations aériennes.
Si le grand show du « Temps des Hélices » de la Ferté Alais est le premier exemple de la saison montrant cette démesure, certaines exigences d’autres représentants de l’Etat, en province, peuvent prêter à sourire voire même à rire (jaune !). Eric Janssonne, l’un des responsables du meeting de Mulhouse Habsheim, explique : «Au-delà de travaux très importants de voirie et d’aménagement du site, il nous a été imposé une analyse de l’eau alimentant les stands, qui est pourtant la même que celle distribuée en ville, mais aussi la présence massive de moyens SSLIA avec véhicules aéroportuaires d’intervention (NDLR : sur un terrain en herbe), accompagné de réserves gigantesques d’eau visant à lutter contre l’incendie… mais le plus étonnant et totalement inacceptable pour la PAF notamment, fut le positionnement de l’axe de présentation « réacteurs » reporté sur une forêt, sans possibilité de tracer un axe rectiligne visible des pilotes, à 600 m du public (alors que la Réglementation prévoit 230 m) et doublé pour les appareils à hélice (200 m pour 100 m) … autant de mesures disproportionnées édictées sans aucune justification de celles-ci ! Nous avons dû débourser presque 40 000 € pour faire face au surcoût de la sûreté et de la sécurité ! »
Les exemples de démesure se sont multipliés cette année sur nombre d’aérodromes accueillant un show aérien, laissant un goût amer et suscitant une certaine crainte pour l’avenir. C’est justement cette inquiétude qui dicte le thème de cette nouvelle édition de la Convention de France Spectacle Aérien qui se déroulera les 2 et 3 décembre 2016 à Lyon devant plus de 150 congressistes tous issus du monde des meetings. A la recherche de l’excellence et de la sécurité des meetings aériens s’ajoute désormais celle de leur faisabilité, financière et technique, si les contraintes vécues lors de la saison écoulée devaient perdurer et se renforcer.
Philippe Chetail
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Même sans trop de connaissance dans le "principe de précaution" plus que renforcé après tous les derniers événements dramatiques, personnellement je vais faire parti de ceux qui ne se déplaceront plus pour aller voir un spectacle aérien. Je n'ai pas été à la Ferté Alais cette année mais si en plus on ne peut plus rentrer avec sa glacière ni un gros sac photo bien remplis alors c'est la fin.
Pour quoi faire?
L'instinction massive de l'aviation en France a commencée... Merci à la DGAC et à d'autres "partenaires"...
Veuillez m'excuser de mon manque de connaissance mais sauriez vous me dire ce qu'est une INSTINCTION, ne serait ce pas extinction que vous vouliez dire
A la relecture, je suis vraiment désolé mais je ne retrouve pas le mot "Instinction" dans mon texte... Mais s'il y était vraiment, vous avez raison, il s'agirait d'une faute de frappe... car c'est bien d'extinction qu'il s'agit à propos d'incendie éventuel...
Dans l'état actuel des finances de notre pays : aucun !
Economies et provisions obligent.
Je vais encore me faire plein de potes :)