Breitling fait son show à Sion

Malgré la pluie, 63.000 spectateurs ont assisté à Sion, le week-end dernier, à l’un des plus incroyables spectacles aériens organisés en Europe. Des patrouilles acrobatiques en masse, des commentaires en quatre langues et un match entre le Rafale, l’Eurofighter et le Gripen, l’un des trois devant être le futur avion multirôle des forces aériennes helvètes. Qui dit mieux ?

Après dix ans d’absence, Breitling a réussi ce week-end le retour à Sion de son Air Show, véritable point d’orgue de la communication de l’entreprise, dont la stratégie s’appuie sur l’image de l’aviation. La météo a malheureusement réduit dès le deuxième jour le nombre des visiteurs à 63 000, et obligé les pilotes à adopter les versions « plafond bas » de leurs démonstrations. Mais le succès a bel et bien été là : il suffisait, pour s’en convaincre, de voir les milliers de spectateurs hurler leur enthousiasme et saluer les pilotes à chaque atterrissage au moyen de leur casquette… Breitling, bien sûr !

Ce succès tient tout d’abord au cadre montagneux de l’aéroport de Sion, au cœur du Valais suisse, siège d’une aérologie particulière mais qui illustre bien l’art des Suisses d’avoir parfaitement intégré l’aviation dans leurs montagnes. « Chaque vol est une expérience unique de physique appliquée », ne manquait pas de souligner un organisateur. Les pilotes reconnaissent en effet avoir besoin de plusieurs vols pour s’accoutumer à cet environnement exceptionnel et se sentir véritablement à l’aise. A noter que ce relief n’a pas découragé le Jetman, Yves Rossy, qui a gratifié le public d’une remarquable démonstration de quelque 8 minutes le premier jour.
Deuxième raison probable de ce succès : l’extrême professionnalisme de ses organisateurs, permettant une grande qualité du spectacle offert. La seule vocation du meeting est le show et tout est orienté vers le plaisir du spectateur. Une petite exception toutefois : la présence cette année des trois candidats au marché de remplacement des appareils de l’armée de l’air suisse, le Rafale, l’Eurofighter et le Gripen… et ce, pour la plus grande joie d’ailleurs des spectateurs !

La programmation est exceptionnelle, avec quelque 120 appareils de tous types, civils et militaires, volant en solo ou en patrouille, mais toujours remarquablement mis en scène. Dure compétition que celle induite entre les nombreuses patrouilles présentes, avec la difficulté de celles qui passent en dernier, reproduisant inévitablement des figures déjà vues mais qui doivent néanmoins surprendre par des innovations. Une mention au passage à la Patrouille Breitling pour ses lancements de « leurres » lumineux lors de son éclatement final, et à la Patrouille de France, qui, outre la version « plafond bas », a dû adapter sa présentation au relief environnant !

Mais encore faut-il aussi savoir valoriser cette programmation auprès du public, c’est-à-dire expliquer ce qu’il voit, à la fois démystifier et faire rêver, ce que fait avec beaucoup de talent l’équipe des commentateurs, en quatre langues, s’il vous plait.

Budget annoncé du show : 3,2 MFS (environ 2,75 M€), qui est à ajouter au financement de tous les appareils qui volent (toute l’année) sous les couleurs Breitling, chacun étant probablement destiné à illustrer une qualité particulière des produits maison : la patrouille acrobatique Jet Team (pour la précision ?), les « Flying Walkers » (pour l’élégance et la résistance physique ?), et les avions anciens (pour le culte du patrimoine historique ?), pour ne citer que ceux-là. Et tout ceci sans compter le coût d’une publicité assez dense !

L’image de l’aviation doit donc être bien porteuse et très efficace. Son utilisation à des fins publicitaires permet en tout cas de bénéficier de ce qui pourrait bien devenir le plus important meeting européen, programmé la prochaine fois à Sion en 2015.

Régis Noyé