En une dizaine d’années, il a fait de Diamond Aircraft un poids lourd de l’aviation générale. Au salon du Bourget, l’autrichien Christian Dries vise les délégations militaires avec des solutions de surveillance du territoire et de formation des pilotes à bas coûts directement extrapolées de sa gamme d’avions civils.
Cette année, au salon du Bourget Diamond Aircraft fait voler son impressionnant DA50-JP7, un avion en composites de 7 places équipé d’une turbine ukrainienne Ivchenko Progress développant 465 ch, équipée d’un Fadec. Il a effectué son premier vol, le 19 janvier dernier, à Wiener Neustadt (Autriche), piloté par Christian Dries. Le patron de Diamond Aircraft possède une licence autrichienne de pilote d’essais et c’est un de ses plaisirs de réaliser les premiers vols de ses nouvelles machines. Mais là s’arrête la récréation si tant est qu’un premier vol ne soit jamais anodin. Christian Dries est un passionné pragmatique qui ne mélange pas les affaires avec sa passion des avions.
Le salon du Bourget est un lieu pour faire des affaires, pour rencontrer des clients, et à Paris, ils viennent du monde entier. En parallèle de sa gamme d’avions légers civils, monomoteurs et bimoteurs, l’industriel autrichien propose des machines utilitaires économiques adaptées aux besoins des opérateurs publics et militaires, en d’autres termes, des machines destinées à la surveillance et à la formation de base.
Diamond a commencé par décliner son bimoteur léger DA-42NG, apparu dans sa version de base sur le marché en 2005, en une plate-forme sur laquelle il est possible de monter une panoplie de capteurs pour des missions d’ISR (Intelligence, Surveillance and Reconnaissance), relevés topographiques et transmissions télévisées. En 2014, Diamond a livré 16 DA42 MPP (Multi Purpose Platform). L’un des atouts de cet appareil est son faible coût d’exploitation qui se situe en-dessous de 200 € de l’heure de vol grâce à sa motorisation diesel et ses qualités aérodynamiques. Avec ses deux moteurs diesel de 168 ch, à 35% de puissance, c’est-à-dire sur des vols atteignant 12 heures, il ne consomme qu’à peine plus de 24 litres à l’heure. Cet avion est aussi, pour Diamond, un laboratoire pour le développement de senseurs, d’aéronefs et de systèmes. Au Bourget, le constructeur présente la version drone du DA-42 MPP.
Actuellement, les principaux débouchés commerciaux pour le DA-42 MPP se situent en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie, dans des pays aux capacités d’investissement limitées. C’est à ces mêmes clients que Christian Dries destine sont futur avion d’entrainement militaire qu’il a dévoilé au dernier salon Aero, à Friedrichshafen. Baptisé Dart 450, ce biplace en tandem monoturbopropulsé est avant tout pensé pour la formation de base des pilotes militaires. Mais il pourrait aussi avoir des applications plus offensives. Pour le patron de Diamond, le Dart 450 a le potentiel le plus important. « Il y a beaucoup d’avions militaires à renouveler ». Face au PC-7 de Pilatus à 5 M$, le Dart 450 sera proposé à 2 M$. Son vrai concurrent sera le Grob G120.
Dries affirme qu’il présentera son nouvel avion en vol, en juillet 2016, au salon de Farnborough et qu’il est en capacité de livrer les premiers en juillet 2017. Le premier vol est prévu au printemps 2016. « Le Dart 450 ne sera pas certifié au début. Beaucoup de pays ne l’exigent pas. L’étape suivante sera la version jet ».
Le PDG de Diamond Aircraft est sur tous les fronts. Il n’arrête jamais. Il a plusieurs projets en cours. « Au commencement, il y a une intuition. Ensuite, nous réalisons une étude de marché. De l’idée jusqu’au marché, il ne doit pas s’écouler plus de 3 ans et demi à 4 ans », affirme-t-il. « J’essaie d’être impliqué dans le développement parce que je sais à quel moment, l’objectif commercial que je me suis fixé, en termes de positionnement, est atteint. Je me méfie des avions d’ingénieurs ».
C’est ainsi qu’en une vingtaine d’années, Christian Dries a contribué à renouveler l’offre sur le marché de l’aviation générale en lançant le monomoteur quadriplace DA-40 et le bimoteur DA-42, mais aussi en devenant motoriste. Le tout nouveau bimoteur haut de gamme DA-62 est promis à un bel avenir commercial à en juger par l’accueil qu’il a reçu. Certifié depuis avril dernier seulement, une quinzaine d’exemplaires auraient déjà été vendus et Diamond prévoit d’en produire un par semaine en 2016. Plus encore à partir de 2017…
Pour l’heure le constructeur autrichien possède deux unités de production. La principale est à Wiener Neusdadt (Autriche), l’autre près de Toronto (Canada). Une troisième usine est en cours de construction en Chine qui ouvrira courant 2016. « Quand un produit est mature, sa production peut être délocalisée. Beaucoup de pays sont capables de produire ce type d’avions. Ce n’est qu’une question de confiance », affirme Christian Dries qui est convaincu qu’à l’avenir, Diamond se concentrera sur le développement de nouveaux programmes, la production étant délocalisée. Et l’avionneur autrichien ne manque pas d’idées.
Gil Roy
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Christian Dries bouscule l’aviation générale
On cite partout les coûts de développement, les coûts de certifications...
On a vu maint constructeurs historiques vendu à la Chine, forte de son marché intérieur prometteur. (même Cirrus !...)
Pendant ce temps la Diamond aircraft multiplie les projets et les investissements qu'on imagine particulièrement dispendieux et ça semble "miraculeux".
Pour ma part j'ai beaucoup d'interrogation sur le modèle économique de cette entreprise. Un éclairage sur la question me ravirait.