Orbifly devient le 16ème centre de formation agréé par Cirrus en Europe. Il est surtout le premier en France. Le constructeur américain affiche ses nouvelles ambitions pour le marché hexagonal et le centre de formation d’Avignon apparaît comme une pièce maîtresse de sa nouvelle stratégie.
Encore aujourd’hui, un peu moins de 25 ans après des débuts commerciaux du monomoteur SR20, 40% des nouveaux clients de Cirrus n’ont jamais piloté un avion avant de signer le bon de commande. Ce qui ne les empêche pas de vouloir se servir de leur futur avion aussi bien pour leurs déplacements privés que professionnels. Et même si cela peut encore paraître inconcevable à beaucoup, le pari lancé par les frères Klapmeier au milieu des années 80 aux USA, est gagné. L’entreprise américaine qui, entretemps, a changé de main, demeure une remarquable réussite. En 2022, elle a livré 539 monomoteurs (SR20, SR22 et SR22T) et conforté sa place de numéro un mondial pour la 21ème année consécutive. Elle a également livré 90 monoréacteurs SF50 Vision Jet, le seul « pocket jet » du marché.
Cette réussite qui bouscule les aprioris les plus ancrés n’est évidemment pas le fruit du hasard. Les Cirrus, à pistons comme à réaction, sont bien plus de que bons avions. Ils s’intègrent dans un service centré sur le client et qui s’articule en trois parties : la vente, la formation et la maintenance. Jusqu’à peu de temps, en France, ces trois fonctions étaient du ressort d’Aérolithe, le représentant français historique de la marque. Ces trois fonctions sont désormais séparées.
En 2018, Cirrus Aircraft a repris la vente des avions neufs. Pour ce faire, le constructeur américain a recruté le français Cédric Dupont qui outre la vente, est en charge de la gestion du territoire hexagonal, en ce qui concerne les centres d’entretien et de formation. La maintenance est assurée par deux centres agréés, d’une part Aérolithe sur l’aérodrome du Plessis-Belleville (Oise), d’autre part par Farman Aéro Maintenance dont la base principale est à Toussus-le-Noble en région parisienne et qui a ouvert il y a un an, un atelier sur l’aéroport d’Avignon. Aérolithe et Farman sont les deux seuls Cirrus Service Center en France.
L’une des missions confiées à Cédric Dupont est de densifier le réseau de maintenance en développant les points de maintenance supervisés par des ateliers agréés. Il estime entre 150 et 170 Cirrus basés en France, la majorité étant des modèles d’ancienne génération (G1, G2 et G3).
Quant à la formation, Cirrus a fait le choix d’Orbifly qui, dans le paysage aéronautique français est une structure singulière ; « ni une école de pilotage, ni un aéro-club » affirme Alexandra Zainal, sa charismatique dirigeante. Créée en Suisse, en 1999, elle est depuis 2019 basée à Avignon avec une antenne à Cannes et un autre au Touquet. Elle forme indifféremment dans les trois principaux cadres réglementaires, c’est-à-dire américain (FAA), européen (EASA) et britannique (CAA). « Nous sommes devenus les experts de la conversion des licences. Beaucoup de la FAA vers l’EASA et un peu moins de l’EASA vers la FAA et quelques CAA vers l’EASA. Nous maitrisons vraiment bien les procédures. Ce n’était pas facile au début », reconnaît Olivier Zafrilla, instructeur IFR et surtout chef des opérations.
L’autre singularité d’Orbifly est d’être un ATO (Approved Training Organisation), c’est-à-dire un centre de formation aéronautique agréé sans avions. « Deux clients sur trois viennent avec leur propre avion » précise Olivier Zafrilla. « Ce sont souvent des hommes ou des femmes d’affaires qui sont passés par un aéro-club pour obtenir leur brevet de pilote privé, mais qui se sont aperçu que l’aéro-club n’était pas adapté à leur besoin. Ils s’achètent un Mooney, un Cirrus, ou un PA32. Ils se rendent alors compte des limites du vol à vue et viennent, chez nous, avec leur avion pour passer l’IFR. Nous intégrons leur avion dans l’ATO le temps de la formation, comme la réglementation le permet ».
Le corolaire à ce mode de fonctionnement, est la nécessité de faire appel à des instructeurs capables de passer d’un avion à un autre, de changer d’avionique et de faire de la pédagogie à des pilotes sur leur avion. « Nous passons aussi beaucoup de temps dans les manuels de vol avant d’entamer une formation, même lorsqu’il s’agit d’un modèle d’avion que nous connaissons. » reconnaît Eric Odin, le chef pilote d’Orbifly.
La dizaine d’instructeurs avec lesquels fonctionne Orbifly affichent tous une grande expérience et un cursus souvent impressionnant. Ils ont tous leur propre activité en dehors de l’école et interviennent sur des missions ponctuelles. Un stagiaire, un instructeur et un objectif. L’instructeur est à la disposition de son élève. « Il faut avoir de la bouteille et du recul pour être instructeur chez Orbifly » résume Alexandra Zainal.
C’est Cédric Dupont qui a présenté Orbifly à Cirrus. « C’est la rencontre avec Alexandra et sa culture de la sécurité qui nous ont convaincus », affirme Karl Fiscbach, en charge du réseau mondial des centres des formation de Cirrus. Cet ancien pilote de bombardier stratégique B-1 est également CSIP, Cirrus Standardized Instructor Pilot, autrement dit l’instructeur référant, le garant de la doctrine Cirrus au sein d’un centre de formation agréé.
Alexandra Zainal qui totalise environ 2.000 heures de vol sur Cirrus, est devenue CSIP en février 2023, à l’issue d’un stage d’une semaine chez Cirrus à Knoxville, précédé d’un apprentissage poussé en e-learning. Elle peut désormais former des TCI, Training Center Instructors, qui seront autorisés à former les clients de Cirrus. « Les instructeurs d’Orbifly ne sont pas tous appelés à devenir des TCI. Seuls ceux qui pourront voler suffisamment sur Cirrus », précise Alexandra Zainal. Pour l’heure deux premiers instructeurs ont déjà été formés par Alexandra Zainal et deux autres sont en cours.
Le premier TCI d’Orbifly est Bruno Muller, l’un des plus respectés pilotes de montagne. Il est le chef-pilote de l’aéro-club de Megève. C’est aussi un pilier d’Orbifly. Il est instructeur IFR.
Lorsqu’un client achète un Cirrus, il bénéficie automatiquement de trois jours de formation sur son avion. A l’origine ce dispositif concernait uniquement les avions neufs. Depuis 2017, il est proposé aux acheteurs de Cirrus d’occasion, même si la transaction est effectuée entre particulier, sans que le constructeur soit dans la boucle. C’est le programme « Embark ». Dans cette formation de trois jours, il est évidemment question de l’utilisation du parachute de secours (CAPS, Cirrus Airframe Parachute System). « L’entrainement est indispensable » martèle Karl Fischbach qui regrette que les pilotes tardent encore trop souvent à recourir à cette solution, d’où cette formation pour dédramatiser le déclenchement du CAPS. Il rappelle que depuis son entrée en service, le parachute de secours a sauvé 254 vies.
En devenant centre de formation agréé par Cirrus, Orbifly va mécaniquement gagner de nouveaux clients. En 2023, l’école d’Avignon a déjà effectué une dizaine de formations dans le cadre du nouvel agrément. Elle devrait très prochainement dispenser sa première formation de pilote privé à un client sur son propre avion qu’il vient d’acheter neuf.
Outre la perspective d’un accroissement de son activité, Alexandra Zainal reconnaît que pour elle, avoir obtenu la confiance de Cirrus, « est un honneur ». « La proximité avec le constructeur est sympa aussi… ». Fin septembre 2023, à l’occasion de la journée organisée pour célébrer le partenariat, une dizaine de salariés de Cirrus, basés aux USA, étaient présents à Avignon. De son côté, Cédric Dupont a un nouvel argument de vente. Il peut assurer à ses futurs clients, qu’ils optent pour un SR20/22 ou un SF50 Vision jet, qu’ils seront bien accompagnés dans leur formation.
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