L’aéro-club de Saint-Omer s’est lancé dans le « vol en partage de frais élargi » en 2019. Sur ses 130 membres, pour l’heure, trois se sont inscrits sur la plate-forme Wingly et accueillent des passagers. Cette nouvelle activité vient compléter les vols découvertes.
En juin 2015, Bertrand Joab-Cornu, Emeric de Waziers et Lars Klein écumaient les allées du salon international de l’aéronautique et de l’espace au Bourget pour promouvoir leur idée de partage de vols, entre pilotes privés et passagers désireux de découvrir une région vue du ciel. Un mois après la fermeture du salon, le site Wingly était en ligne. Ce n’est pourtant que deux ans après, en juillet 2017, au terme de bien des échanges et tractations, que la plate-forme de « vols en partage de frais élargi » est enfin acceptée en France et adoubée par la Fédération Française Aéronautique. En d’autres termes, c’est à partir de ce moment-là que les aéro-clubs ont été autorisés à pratiquer le coavionnage, rebaptisé « vol à frais partagé élargi »…
Dans le Pas-de-Calais, entre Merville et Calais, l’aéro-club de Saint-Omer, affilié FFA, se lance dans l’aventure à la fin 2018, au moment où la fédération lance une nouvelle campagne de communication sur son rapprochement avec Wingly et sur le cadre défini. Sur le plateau des Bruyères, qui a connu les prémices de la Royal Air Force en 1918, le hangar abrite une quinzaine d’avions et ULM, dont cinq sont gérés par l’aéro-club. Centre-trente adhérents, dont 32 élèves, effectuent près de 740 heures de vol par an, parmi lesquelles 330 heures en instruction.
C’est sur la proposition d’un membre du club que le bureau directeur de l’aéro-club de Saint-Omer s’engage dans la « labellisation » Wingly. « L’objectif premier était avant tout de mettre en place une nouvelle manière de promouvoir l’aéro-club et l’aviation » explique François Mobailly, président de l’aéro-club de Saint-Omer (ACSTO), « et d’aller au-delà du vol découverte qui limite le temps de vol à 30 minutes. Nous recevons de temps en temps des demandes pour réaliser des vols sur la côte d’Opale par exemple, mais le temps minimum de vol nécessaire, de 50 minutes, ne peut pas rentrer pas dans le cadre des vols découverte. La solution Wingly, une fois validée par la FFA, nous semblait répondre au besoin de certains passagers. »
« La première étape a été de vérifier notre capacité à mettre en place et à suivre le dispositif proposé par notre fédération et par Wingly. Nous avons eu alors un long échange avec la DSAC locale, qui était très intéressée par l’initiative, qui nous a prodigué de nombreux conseils. »
Ensuite, il a fallu identifier et faire appel aux pilotes au sein de l’aéro-club intéressés par l’emporte de passagers Wingly. « En concertation avec les instructeurs du club, nous avons validé cinq pilotes. Les critères de choix et d’autorisation que nous avons retenus sont l’expérience récente, la fréquence de leurs vols et un savoir-être pédagogue qui permettrait de mettre les passagers en totale confiance et dans les meilleures conditions pour voler en toute sécurité. Nous nous gardons la possibilité d’ajouter d’autres pilotes ultérieurement. »
« En parallèle, nous avons modifié le règlement intérieur du club en ajoutant le paragraphe proposé par notre fédération encadrant les vols Wingly et nous avons communiqué auprès de nos membres en les invitant à se faire connaître auprès du bureau directeur s’ils étaient intéressés. A ma grande surprise, nous n’avons pas encore eu de pilotes du club, autres que ceux déjà identifiés et validés, qui ont manifesté leur intérêt. »
Parmi les cinq pilotes identifiés, trois ont répondu favorablement. « Les raisons pour lesquelles deux n’ont pas donné suite sont avant tout liées à leur disponibilité les soirs et week-ends, périodes les plus demandées par les passionnés. En outre, l’un d’entre eux étant déjà pilote de baptême, ses disponibilités étaient encore réduites. »
Le choix des aéronefs s’est porté sur des avions avec certificat de navigabilité (CDN) récent. De manière à éviter de limiter les créneaux d’instruction ou d’être contraint par le temps lorsqu’une séance d’instruction est prévue sur un avion, deux avions ont été retenus sur les cinq gérés par l’aéro-club : un DR400 EcoFlyer et, de préférence, le DR401 qui, ce dernier, est intégralement dédié au voyage.
« En plus des checklists développées conjointement par Wingly et la FFA » poursuit François Mobailly, « en interne au club nous avons ajouté cette nouvelle activité dans notre protocole de gestion de la sécurité des vols découvertes. La liste des pilotes autorisés figurent nominativement sur ce protocole et reçoivent un briefing sur l’emport de passagers de la part de notre responsable DTO. Christophe Jublin, un autre instructeur par ailleurs CPL, organise chaque année un rappel réglementaire ainsi que les procédures pour l’emport passager auprès des pilotes « vols découverte et Wingly » validés par le club et la FFA. »
Des échanges entre Wingly, la base de données licences de la FFA et des mails au responsable de l’aéro-club permettent une dernière validation du statut du pilote qui est alors autorisé à poster des propositions de vols.
De manière à sécuriser davantage encore le processus d’identification des pilotes, l’équipe de Wingly, et non pas un robot qui gérerait la démarche de manière automatique, vérifie la validité des licences et certificats médicaux des pilotes en examinant leurs copies envoyées depuis la page pilote.
Reste plus au pilote qu’à proposer ses vols sur Wingly. Après avoir défini la navigation selon un itinéraire précis, le site propose d’utiliser les avions validés par l’aéro-club pour les vols Wingly. Ainsi, pour proposer un vol dans le cadre de l’ACSTO, le pilote a le choix entre le DR400 EcoFlyer et le DR401 dont le tarif à l’heure de vol est renseigné dans la base de données Wingly, ce qui permet également d’ajuster le partage de frais avec les passagers.
Le DR401 est proposé aux pilotes de l’ACSTO à 155€ l’heure. Comme nous sommes dans le cadre d’un partage de frais, l’interface de Wingly propose jusqu’à trois sièges qui coûteront aux passager 39€ par siège qui seront reversés au pilote, qui paiera la même somme.
Pour le passager, des frais supplémentaires s’appliquent sur les 39€. Wingly prend une commission de 10€+15% par passager, soit 5,85€ dans notre exemple. Sur les 15,85€ de commission totale s’applique une TVA à 20%, soit un total de 19,02€ de commission. A ce montent s’ajoute enfin 5€ de licence FFA obligatoire pour le passager, qui paiera au final un total de 63€.
« Loïc Le Moine, vice-président du club en charge notamment du BIA (Brevet d’Initiation Aéronautique), a effectué un vol vers les deux Caps qui a eu valeur de test. Ce premier vol a permis de vérifier que tous les outils mis en place sont pertinents non seulement pour l’accompagnement des passagers mais aussi pour la sécurité du vol. Tout s’est bien passé avec les passagers et avec le site Wingly pour la gestion de la réservation et de l’après vol. Nous avons ainsi vérifié que nous étions prêts » poursuit François Mobailly.
« Côté aéro-club, le suivi des vols effectués par les pilotes se fait via une interface d’administration dédiée sur le site Wingly » explique le président de l’ACSTO. « Au total, sur trois ans, et entre plusieurs confinements, les trois pilotes ont réalisé 70 heures de vol et emporté 130 passagers, ce qui représente des heures à prix réduit pour le pilote, des heures pour les avions et surtout l’opportunité de partager sa passion avec d’autres personnes et, pourquoi pas, de les faire venir à leur tour à l’aviation. »
Fabrice Morlon
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Quel bel avion tout de même, le DR 401 ! ;D
Je trouve la démarche du club de St-Omer très adaptée à la situation.
Mais du même coup on est loin de la démarche d'un vol "blablacar" où n'importe quel pilote avec n'importe quelle expérience (ou inexpérience !!!) propose, ou pire accepte, n'importe quel vol sur n'importe quel avion avec n'importe qui.......
On a clairement affaire à des gens qui prennent et acceptent des responsabilités et mettent en oeuvre le nécessaire pour les assumer.
C'est la démarche baptêmes, vols découverte mais élargie.
Bonjour Fabrice.
J'ai l'impression que votre série de 5 articles ne se tournent qu'exclusivement vers l'entreprise de coavionnage Wingly... Mais elle n'est pas la seule dans ce domaine... Ça serait donc super si vous pouviez faire un petit tour d'horizon complet des quelques autres entreprises françaises qui ont aussi pris le risque de se lancer dans ce créneau (exemple: Coavmi, etc...) histoire de les faire connaitre. Merci et bonne continuation.