A Saint-Omer, depuis 2019, les trois pilotes Wingly ont fait voler 130 de ces curieux d’un autre genre et qui, à la fin de leur vol, notent leur pilote. Le traditionnel baptême de l’air a pris un coup de vieux…
A Saint-Omer, le passager Wingly a souvent déjà volé à bord d’un avion léger, souvent à l’occasion d’un vol découverte, et qui veut découvrir une région et en savoir plus sur le fonctionnement d’un avion.
Sur le site de Wingly, le pilote peut poster plusieurs vols qu’il propose au partage. Ce sont généralement des navigations réalisées par le pilote pour lesquelles des places vides sont donc disponibles et qui vont souvent à la découverte des curiosités géographiques ou historiques locales.
Fréquemment en couple et parfois en famille, avec un enfant, pour partager le vol, le passionné se démarque nettement dans son comportement dès l’arrivée à l’aéro-club. L’impatience de rentrer dans le vif du sujet se lit sur son visage et, à peine le temps de se saluer, les questions fusent.
Un couple d’une cinquantaine d’années, venu en voisin depuis Ostende toute proche de l’autre côté de la frontière qui sépare le Nord de la Belgique, était déjà là fin 2019 pour découvrir les Deux Caps vus du ciel après les avoir découverts depuis le plancher des moutons et des chevaux boulonnais. Le principal intéressé par le vol l’était toutefois davantage par l’avion en lui-même que pour le tourisme.
Même si la page du profil pilote sur le site de Wingly détaille par le menu son parcours et les origines de son passe-temps favori, les premières questions portent immanquablement sur l’expérience et les qualifications. Pour sa part, le passager novice qui accompagne le passionné, dont c’est souvent le premier vol en avion léger, s’étonne de la taille réduite de l’avion que nous allons utiliser.
Bien que les pleins et la prévol aient été faits avant l’arrivée des passagers, comme souvent, nous effectuons un nouveau tour de l’avion avec le passager intéressé alors que l’autre prend des photos , ce qui permet non seulement une dernière vérification, mais aussi de faire participer le passager passionné et de répondre à ses questions. Quelle est l’utilité des volets ? Comment fonctionnent les gouvernes ? A quoi servent les lumières en bout d’ailes ? Pourquoi certaines hélices ont deux palles et d’autres trois ? La consommation du moteur ? …
En choisissant un circuit d’1h20 le long de la Côte d’Opale, un autre passager, venant en couple depuis Lille situé à une heure de route, et après avoir effectué plusieurs vols découverte, avait pour objectif de réaliser un vol plus long de manière à confirmer son envie de devenir élève pilote.
Après le briefing sécurité au sol, une fois installés à bord, je donne les consignes nécessaires en cas d’interruption du vol en campagne, pour ne pas perturber les échanges avec la radio, comment ne pas gêner les commandes. Comme mon passager me demande des détails, je commente chaque vérification de braker, chaque item de la checklist et chaque action jusqu’à la mise en route du moteur tout en lui demandant de rester silencieux jusqu’à ce que nous soyons en vol en palier.
Après avoir énoncé à voix haute le briefing sécurité au point d’attente, commenté comme on me l’a appris le badin actif, pas d’alarme, V1/VR, volets rentrés à 400 ft sol, nous passons sur la fréquence du SIV de Lille. Aussitôt après, les questions fusent à nouveau : qu’est-ce que le code transpondeur ? A quoi ça sert ? Où est la tour avec laquelle on échange ?… A l’arrière, la passagère profite de la vue sans qu’à aucun moment nous n’entendions sa voix jusqu’au retour sur le parking de l’aéro-club.
Un matin du début 2020, un couple parisien, travaillant ensemble chez Thales et tous deux passionnés d’aviation, est venu spécialement pour effectuer un vol sur la côte. Lors de ce périple, pas besoin d’expliquer comment vole un avion, comme c’est souvent le cas, ni d’expliquer les gouvernes, le transpondeur ou la radio.
Il faut alors savoir répondre aux questions posées sur les blockhaus que nous survolons, la Coupole et Eperlecques, en approchant de Calais essayer de situer la plage d’où est parti Blériot pour sa traversée de la Manche, pourquoi les Anglais se sont installés à Saint-Omer en 1914…
Après une navigation riche de questions en tous genres, le retour au terrain de Saint-Omer se fait sans un bruit. Le briefing arrivée permet de rappeler les consignes qui sont suivies de manière attentive. Jusqu’au touché des roues, tout le monde est silencieux à bord… puis les questions reviennent aussitôt : comment juge-t-on de la hauteur de l’avion pour l’arrondi, et si nous avions eu une panne des volets?
De retour au parking, moteur coupé, après avoir rappelé de bien descendre en posant les pieds à l’emplanture de l’aile, les sourires sont radieux mais pas forcément pour les mêmes raisons. Le passager en place droite est ravi d’avoir participé à l’aspect technique du vol, et le passager en place arrière ravi d’avoir découvert le paysages et le sentiment de liberté que procure l’aviation légère.
Certains insistent pour aider à rentrer l’avion, pour remettre les caches Pitot et statiques à leur place et même pour assister aux formalités de renseignement du vol dans le carnet de route. Avant de se séparer au terme de trois heures passées ensemble, certains promettent de revenir pour un nouveau vol Wingly, sur la baie de Somme par exemple.
Ne reste plus qu’aux passagers à noter leur expérience en nombre d’étoiles, assorties d’un commentaire sur le site de Wingly. Et au pilote d’en faire de même pour ses passagers.
Fabrice Morlon
Korean Air donne une nouvelle vie à ses uniformes de mécaniciens en fin de service… Read More
Le Junkers A50 Junior et le A50 Heritage allient à la fois modernité et tradition.… Read More
Pour communiquer avec ses sous-marins, l'U.S. Navy a besoin d'avions capables d'établir la liaison grâce… Read More
2.000 recrutements en 2025, mais aussi 2.200 par an de 2026 à 2030 : les grands… Read More
Vous avez aimé Top Gun ? Vous avez adoré Top Gun Maverick ? Avec Romain… Read More
Les hélicoptères Puma HC2 âgés d’un demi-siècle seront retirés du service en 2025. Ils seront… Read More
View Comments
Je vole en région parisienne et le pilote qui fait guide touristique a ses pas le laisse rêveur - de mon expérience, la radio crache non stop et soit on l’écoute, soit on se fait rapidement allumer par un contrôleur parce qu’on lui a pas répondu. Du coup, pas le temps pour faire la causette aux pax….
Merveilleux
Intéressant ce témoignage à propos d'un vol "Wingly"...On dirait qu'au travers de ce terme, l'aviation légère et la FFA redécouvrent le "baptême de l'air" tel qu'il devrait être considéré et réalisé par tout pilote prétendant amener des passagers en sécurité pour leur plaisir ou même pour raison professionnelle. Que la notion de baptême ait pris "un coup de vieux", cela ne reflète que l'avis du rédacteur de l'article.
Il y a eu des générations de pilotes, privés ou non, jeunes ou vieux, qui, bien avant le site "Wingly", eux-aussi soucieux de faire des heures de vol sans trop délier les cordons de la bourse, ont fait gouter les joies de l'air à des néophytes, en leur faisant un briefing complet sur le vol, sur l'avion, la sécurité et en répondant ensuite à leurs questions, hors phases de décollage et d'atterrissage bien évidemment. Qui pourrait en douter?
Au retour du vol, le visage illuminé et l'enthousiasme des passagers qui viennent d'évoluer dans le relief et survoler le lac d'Espingo dans les Pyrénées sont le but et la récompense de toute cette préparation, que ce soit prosaïquement en "baptême" ou plus administrativement en "partage de frais" (quel que soit le site de "rencontres").
De plus, lorsque ce vol donne lieu, en l'air à 6500ft d'altitude, à une demande en mariage ( c'est du vécu...), alors le pilote comprend toute la "poétique du ciel"!