Courses de F1 : le retour des racers en Europe ?

Dans le sillage des Red Bull Air Races, les courses de Formule 1 s’apprêtent à faire leur retour en Europe sous l’impulsion de la société Britannique Air Race CC Ltd. Un championnat est à l’étude pour 2015. En attendant, une première course internationale est organisée en Espagne (Lleida), le 1er juin prochain. Des racers français s’aligneront au départ.

Si ce type de compétition existe depuis fort longtemps et vit encore de beaux jours aux Etats Unis grâce à l’International Formula 1 Pylon Air Racing Inc. et plus difficilement en Angleterre sous l’égide de la Formula Air Race Association (FARA), ces courses, où s’affrontent 5 à 8 machines se poursuivant autour de pylônes, sont devenues, au fil des années, beaucoup plus confidentielles en France malgré l’énergie dépensée par les dirigeants de l’Association des Pilotes d’Avion de Formule (APAF) L’Association des pilotes d’Avions de Formule a été créée en 1976, dans le but de promouvoir et développer la course aérienne en circuit fermé et autour de pylônes. Depuis sa création, plusieurs dizaines de courses de F1 ont réuni des compétiteurs français et anglais des deux cotés de la Manche L’association a également participé à nombreux meetings ou rassemblements qui furent l’occasion de présentations de racers, toujours largement suivies par un public enthousiaste. Si la Formule 1 était à l’origine seule catégorie développée en France par l’APAF, depuis quelques années, l’association tente de promouvoir et développer les autres formules répertoriées dans Manuel d’Activités Particulières (M.A.P) qu’elle a conçu et déposé auprès de la DGAC : Formules V, Biplans, Sport, Jet, et « speed-ULM ». Par ailleurs, la réglementation française impose pour cette discipline de posséder en complément du manuel d’activités particulières MAP un dossier de formation dans lequel sont données les conditions d’obtention de la Déclaration de Niveau de Compétence (DNC) de « Pilote de course ». à faire vivre et reconnaître leur activité.

Dans les années 80, alors que seuls les avions de Formule 1 (Titch, Beta, Busard, Cassutt, CP 80) existaient, Les Formules 1 sont des avions monoplaces de construction amateur. Certains de ces racers peuvent atteindre plus de 400 km/h en course. Les caractéristiques techniques définissant cette formule sont décrites dans un règlement rédigé par l’association International Formula One Air Racing. Ce règlement impose le type de moteur (le Continental O-200 ou série C, dont la puissance nominale est de 100 cv maximum), tout en autorisant quelques modifications, impose les dimensions, le poids minimum de l’appareil (surface alaire 6,34m2, 230kg…), les angles de visibilité, les dispositifs de sécurités obligatoires ou conseillés (arceau de protection du pilote, câbles de sécurité moteur…) et définit les systèmes interdits (hélices métalliques, trains rentrants…). les courses se succédaient. Puis, subitement cette activité a subi un coup d’arrêt.
Est-ce le principe de précaution si cher à certains de nos représentants de l’Etat dans les Départements, attisé par les rares accidents dénombrés en trente ans qui fait que cette activité a du mal à s’imposer en France ? “Nous avons pourtant toujours mis un point d’honneur à tout mettre en oeuvre pour que la sécurité soit totale dans l’organisation de nos courses…” précise Vincent Martinez, membre de l’APAF qui court depuis 1998 aux commandes d’un Cassut Spécial (à aile trapézoïdale) « home made ». Quelques démonstrations, à l’occasion de meetings aériens ont bien lieu çà et là, mais pas de vrai renouveau qui ne pourrait survenir qu’avec l’organisation de nouvelles compétitions.

“Il n’y a pas de réelle volonté de nos administrations d’enrayer notre activité” nous confie Dominique Milcendeau, actuel président de l’APAF “…bien au contraire, nous travaillons avec la DGAC pour que les choses avancent…” ajoute t’il.
Alors il semble que le problème soit ailleurs : recrutement des compétiteurs ? Effectif insuffisant de pilotes attirés par cette discipline ou réelle capacité de ceux-ci à s’affronter dans de vraies compétitions internationales ?

Pourtant, il suffit d’assister à un entrainement, une démonstration ou une course pour s’apercevoir que l’adhésion du public est totale et le show assuré ! Les courses de Reno (Nevada) suivies chaque année un énorme public et par des millions de téléspectateurs et d’internautes, sont bien la preuve de cet enthousiasme.

Jeff Zaltman est un homme d’expérience dans l’organisation d’épreuves internationales et de compétitions de voltige aérienne. Sa participation à la mise en œuvre des prestigieuses courses de pylônes « Aero GP » et aux the 25èmes championnats du monde de voltige aérienne de Silverstone l’ont conduit à créer Air Race CC Ltd. C’est sous cette bannière qu’il s’est associé avec le tout nouvel aéroport de Lleda-Alguaire (Catalogne) et l’aéroclub de Barcelone Sabadell pour organiser la première manche d’un label qu’il compte bien faire prospérer en 2015, avec 5 nouvelles manches dans plusieurs pays d’Europe.
Une de ces compétitions se déroulera t’elle dans l’hexagone ? Si c’est le souhait de Dominique Milcendeau et des pilotes de l’Association des Pilotes d’ Avions de Formule, nous ne pouvons pas l’annoncer aujourd’hui. Le calendrier 2015 ne sera connu qu’à l’automne prochain.

En attendant 6 pilotes composeront la délégation Française parmi les huit équipes internationales engagées. Ils vont s’affronter le 1er juin prochain, en terre Espagnole, aux pilotes Américains et Britanniques, qui partent favoris. Composition de l’Equipe France à The AirRace de Lleida le 1er juin 2014 : Vincent Martinez (Cassutt IIIM Aquilon N°49) – Bernard Marichy (MP 207 Busard N°25) – Guy Chéraud (Cassutt IIIM N° 31) – Patrick Gajan (CP 80 N° 55) – Stanislas Damiron (MP 207 Busard N° 19) et Christian Guilié (Proto Arletty II N° 6)
Chaque manche comportera 10 tours d’un circuit de 5 kms tracé autour des pylônes sur cet aéroport et trois de ces manches se dérouleront chaque jour, en alternance avec un grand show aérien et une compétition de voltige.

Avant goût de cette course du 8 au 11 mai 2014 sur l’aérodrome de Saint Flour / Coltines (Cantal), devenu depuis l’année 2000 le centre permanent d’entraînement des racers à la compétition.

Philippe Chetail