Trois pilotes copropriétaires d’un PA-28 sont partis de Lille-Lesquin le jeudi 25 mars 2022, destination Rzeszów, en Pologne, à quelques kilomètres de la frontière avec l’Ukraine. A bord, 100 kg de médicaments pour la population ukrainienne. Une navigation pas comme les autres pour les trois pilotes accueillis par des tubes lance-missiles sur l’aéroport polonais, fourmillant de militaires US à la veille de l’arrivée du Président des États-Unis à bord d’Air Force One.
L’idée a été lancée par l’un d’entre eux le vendredi précédent. « Et si nous emportions nous-mêmes les médicaments en Pologne ! » Après un rapide échange par messagerie, les trois propriétaires du Piper PA-28 basé à Lille, Jean-François Pesla, Steven Luys et Olivier Ferlin, sont d’accord. Ils poseront congé pour effectuer ce vol aller-retour dans la journée.
L’un d’entre eux, Jean-François Pesla, pharmacien de profession, a lancé une collecte de médicaments pour venir en aide aux populations ukrainiennes. Les médicaments étant très réglementés, impossible de trouver un moyen de transport pour prendre en charge les 100 kg collectés. Une fois les autorisations obtenues, un contact en Pologne permet de faire le lien avec l’Ukraine et Kiev.
« Une fois l’avion chargé, nous nous installons à bord et, au moment d’appeler la tour de contrôle de Lille-Lesquin, nous nous demandons un peu ce qu’on fait là. Il est 2 heures du matin et on ne se rend pas bien compte de ce que nous sommes en train de faire. Nous sommes à la fois excités et inquiets. Inquiets des possibles interceptions en vol, inquiets d’approcher à moins de 100 km d’une zone de guerre » avoue Olivier Ferlin, l’un des trois pilotes propriétaires. « En même temps, on reproche souvent à l’aviation légère d’être bruyante, de polluer… mais l’aviation peut être utile : là, nous nous sommes sentis participer à une cause juste. »
La difficulté majeure aura été pour les pilotes de trouver les terrains sur la route propices au réapprovisionnement en carburant. Le plan de vol déposé prévoyait un départ à 3 heures de Lille et il fallait trouver un terrain ouvert en Allemagne pour pouvoir refueler. « Or, en Allemagne, on ne peut pas atterrir sur un terrain en dehors des horaires d’ouverture publiées » précise Olivier Ferlin, « on a choisi de terminer notre premier leg en VFR de nuit à Erfurt-Weimar (EDDE) à 5h20, 2h20 après avoir décollé de Lille. »
A 6 heures du matin, l’équipage décolle en régime de vol IFR pour rejoindre l’aéroport international de Rzeszów-Jasionka (EPRZ), en Pologne, situé à 80 kilomètres de la frontière ukrainienne.
Les pilotes avaient pris soin d’échanger par mail avec le gestionnaire de l’aéroport polonais, précisant leur arrivée et la nature de leur chargement. « Nous nous sommes insérés dans le trafic commercial sans aucun problème et nous nous sommes posés à 9h13 exactement » s’étonne encore Olivier Ferlin. Toutefois, l’arrivée est particulière. A la veille de l’arrivée du Président des États-Unis, Joe Biden, sur ce même terrain, l’effervescence est à son comble.
« En arrivant sur le terrain, nous avons d’emblée impressionnés par les véhicules militaires dont les tubes lance-missiles sont pointés vers le ciel » confie Olivier qui poursuit : « sur l’aéroport, nous sommes témoins d’une effervescence militaire qui tranche avec le calme de Lille-Lesquin : des dizaines d’hélicoptères, des C-17 au parking, un Antonov le ventre ouvert d’où descendent des tonnes de palettes et toutes ces batteries de défenses anti-aérienne… Nous prenons alors conscience que nous sommes parvenus dans une zone très sensible »
Malgré ce tumulte militaire, l’équipage et son chargement n’ont étonnamment pas été contrôlés. « A l’atterrissage, nous avons suivi un véhicule « follow me » jusqu’au parking. Là, nous avons transféré notre chargement de colis dans une camionnette qui nous a emmenés jusqu’à la zone cargo de l’aéroport. Nous avons remis nos colis à notre contact qui partait pour Kiev et c’est seulement au moment de partir que nous avons été contrôlés. »
Après un rapide déjeuné, les trois pilotes décollent de Rzeszów-Jasionka à 13h30. Direction l’aéroport international de Leipzig-Altenburg (EDAC) en régime de vol IFR où l’équipage atterrit à 16h10. Après avoir refuelé, le PA-28 repart à 17h et atterrit à Lille-Lesquin à 20h20 en VFR de nuit.
« Le vol retour a été beaucoup plus détendu » confie Olivier Ferlin « non seulement nous étions plus légers de 100 kg de colis, mais nous étions aussi plus légers des appréhensions du vol aller ! »
Malgré toutes ces craintes, la fatigue du vol aller-retour dans la journée et l’impression de partir à l’aventure, les trois pilotes sont ravis et même surpris de la facilité avec laquelle ils sont parvenus à quelques dizaines de kilomètres de la frontière d’un pays en guerre.
« Nous avons déroulé le plan de vol déposé sans aucun problème » rappelle Olivier Ferlin, «tout au long du vol, nous avons eu l’impression d’un trafic normal, à aucun moment nous nous sommes sentis menacés et nous avons été aidés par une météo CAVOK à l’aller comme au retour. »
A l’arrivée, le trio a fait des émules. « Nous avons échangé avec les membres de l’aéro-club de Lille, dont nous faisons partie et, après notre récit, les pilotes sont enthousiastes et partants pour faire le voyage à leur tour pour apporter de l’aide. Quant à nous trois, nous sommes prêts à repartir » s’enthousiasme Olivier Ferlin.
Fabrice Morlon
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Comme quoi la guerre peut avoir du bon ... (Humour)
Bravo à nos trois Lillois !