La prise de contrôle du constructeur aéronautique Diamond Aircraft par le groupe chinois Wanfeng Aviation Industry, fin 2017, s’est traduite, ces deux dernières années, par une forte croissance des ventes. Jane Wang, la nouvelle directrice des ventes et du marketing qui a pris ses fonctions à l’automne 2020, a reçu pour mission de faire du Diamond Aircraft le numéro un mondial sur le marché de l’aviation générale.
L’époque de l’ébullition permanente appartient apparemment au passé. L’ère Christian Dries est révolue. Diamond Aircraft se concentre désormais sur sa gamme existante. Quelques mois avant de vendre son entreprise au groupe chinois Wanfend Aviation Industry, Christian Dries continuait de lancer des programmes plus innovants les uns que les autres. De ce point de vue, le salon Aero 2017 de Friedrichshafen avait été un feu d’artifices d’annonces. Il y fut notamment question d’un hélicoptère quadriplace à moteur diesel et d’un convertible hybride. Cette année-là, le constructeur autrichien n’avait livré que 137 avions, soit l’un de ses plus mauvais résultats annuels.
En 2020, Diamond Aircraft a livré 239 avions, soit six de plus qu’en 2019, première année depuis la crise de 2008 où les livraisons se sont situées au-dessus de la barre des 200 unités. Le constructeur de Wiener Neustadt, comme ses concurrents, bénéficie du redressement de la demande. En 2020, Cirrus a livré 347 avions à pistons, Textron (Cessna et Beechcraft réunis) 314 et Piper 244. Diamond recolle au peloton de tête, mais la première place va être difficile à atteindre. C’est pourtant l’ambition qui était celle de Bin Chen au moment, où en décembre 2017, il a pris le contrôle capitalistique de l’avionneur autrichien. Un objectif réaffirmé par Jane Wang, la nouvelle directrice des ventes et du marketing qui a pris ses fonctions en septembre 2020. Nous avons eu l’occasion de la rencontrer, entre deux rendez-vous, lors de sa première visite en France.
Pour aller chercher Cirrus, il fallait à Diamond, un avion capable de rivaliser avec le SR22, le haut de gamme des monomoteurs à pistons, le best-seller du marché. Le constructeur autrichien est en passe de l’avoir. Il s’agit évidemment du DA50 RG qui, initialement devait être motorisé par SMA (Safran) et qui finalement est proposé avec un moteur Continental CD-300 à six cylindres développant 300 ch. Un FADEC (Full Authority Digital Engine Control) assure le contrôle du moteur et la puissance est gérée par le pilote à l’aide d’une monomanette. Le DA50 RG est équipé d’un train d’atterrissage rétractable ; une différence notoire par rapport au SR22. Il a été certifié en Europe en septembre 2020. Jane Wang confirme que la certification américaine est attendue pour la fin 2021.
C’est effectivement sur le marché américain que ce modèle dont le prix de vente tout équipé tourne autour du million d’euros peut espérer le plus important débouché commercial. C’est là que se trouve le marché du SR22. Reste à Diamond à se hisser au niveau de Cirrus en ce qui concerne l’accompagnement des clients et le service après-vente. A ce niveau de prix, les pilotes-propriétaires sont exigeants.
Les livraisons du DA50 RG doivent débuter en Europe au deuxième trimestre 2021. Le nouveau modèle sera mis en avant au salon AirVenture d’Oshkosh, fin juillet 2021, et fera ses grands débuts en Asie à l’occasion du salon China Air Show, en novembre 2021 à Zhuhai. Pour cette première année, Diamond vise une quinzaine de livraisons, exclusivement en Europe.
L’un des atouts du DA50 RG est sa grande cabine qui peut accueillir cinq occupants. Il s’agit de la même cabine que celle du bimoteur DA62. De par leurs performances remarquables, ces deux avions s’adressent à la même clientèle particulière. Le prix catalogue du DA62 tout équipé est de 1,2 M€. Au 31 décembre 2020, Diamond en avait livré 157 exemplaires depuis son entrée en service fin 2015.
Le constructeur autrichien a également débuté, en février 2021, les livraisons de DA62 Survey Star, la version « missions spéciales » de son bimoteur équipé de multiples capteurs. Elle s’inscrit dans la logique du DA42MPP dont une centaine d’exemplaires sont en service. Le DA62 offre une charge utile sensiblement plus importante qui permet d’emport d’une plus grande panoplie de capteurs et d’embarquer éventuellement une troisième personne à bord. Il a une autonomie supérieure de l’ordre de 7 à 8 heures de vol. Sa consommation est donnée à 50 litres à l’heure.
Outre les pilotes-propriétaires et les missions d’observation et de surveillance, DA62 est également utilisé pour la formation. Selon Jane Wang, cela concerne 40% des DA62 en service, contre 60% pour le DA42. Les écoles sont depuis trois ans, le catalyseur des ventes de Diamond Aircraft. Elles représentent, toujours selon la directrice commerciale, 80% des ventes de DA40NG. Alors que les livraisons du monomoteur étaient tombées en dessous de 50 unités en 2016, elles ont atteint 143 en 2020.
Face à la demande des écoles, Diamond Aircraft a décidé de relancer la production de son biplace léger DA20, après six ans d’arrêt. Il a en livré 8 en 2020 et vise entre 20 et 25 en 2021. Actuellement, les écoles professionnelles débutent la formation initiale de leurs élèves-pilotes sur DA40NG avant de passer sur DA42. Le DA20 permettrait de débuter avec une machine plus économique. Toutefois, en introduisant dans leurs flottes le DA20, les écoles utilisatrices de DA40NG et DA42 diesel, font entrer un moteur à essence. Cela va à l’encontre de la recherche d’une rationalisation en vue d’une optimisation des coûts. Reste à savoir si l’incidence économique est significative.
Pour l’heure, le DA20 est produit au Canada où Diamond Aircraft possède une unité de production d’où sortent également des DA40 et DA62 (56 DA40 et 7 DA62 produits en 2020) destinés aux marchés américain, néozélandais et australien. L’intégralité de la production de l’usine chinoise (46 DA40 et 26 DA42 en 2020) est destinée au marché chinois. L’usine historique de Wiener-Neudstadt (Autriche) produit pour le reste du monde. C’est aussi là que se trouve le bureau d’études.
2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | |
HK36 | 3 | 3 | 1 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 |
DA20 | 40 | 32 | 14 | 16 | 22 | 20 | 8 | 3 | 0 | 8 |
DA40 | 72 | 93 | 102 | 136 | 75 | 48 | 60 | 45 | 126 | 143 |
DA42 | 70 | 28 | 22 | 50 | 44 | 34 | 36 | 50 | 77 | 62 |
DA62 | – | – | – | – | 2 | 30 | 33 | 36 | 30 | 26 |
Total | 185 | 156 | 139 | 202 | 144 | 132 | 137 | 134 | 233 | 239 |
Il apparait que depuis sa prise de contrôle total fin 2017, l’investisseur chinois s’est focalisé sur la gamme existante et sur l’outil de production. Son chantier actuel est le support client. Compte tenu du poids croissant que représentent les écoles dans son activité, Diamond Aircraft va devoir investir pour être à la hauteur des attentes de cette clientèle exigeante qui ne peut pas accepter d’avoir des avions cloués au sol faute de pièces de rechange. Il ne fait aucun doute que c’est le message que les opérateurs de grandes flottes et les distributeurs nationaux font actuellement passer à Jane Wang, quand ils rencontrent leur nouvelle interlocutrice.
Gil Roy
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