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Aviation Générale

Dix alertes quotidiennes au SAR « Search and Rescue » de l’Armée de l’Air

Published by
Jérôme Bonnard

En 2019, le Centre de Coordination des Secours aéronautiques (CCS) de la Base aérienne 942 du Mont Verdun (Lyon) a géré 3.474 événements SAR… dont une grande majorité de fausses alertes. L’Armée de l’Air lance un SOS aux pilotes pour plus de vigilance de leur part.

L’ARCC « Aeronautical Research and Coordination Center » ou CCS est en charge des opérations de recherches pour localiser et secourir les aéronefs (civils ou militaires) ou leurs occupants en détresse sur tout le territoire. L’an passé, sur 600 alertes, seules 3 étaient réelles. « Les opérations réelles de recherche SAR sont en perpétuelles augmentation et de manière significative ces dernières années. Mais plus de 75% d’entre eux pourraient être évités grâce à une plus grande rigueur des usagers du ciel français. » souligne le Lieutenant-colonel Samuel Cour, Commandant en second du centre, interrogé par Aerobuzz.fr.

Le 191 répond 7 jour sur 7 et 24h/24h

Depuis le 1er septembre 2016, l’ARCC a mis en œuvre un numéro d’urgence, le 191, point d’entrée unique pour l’ensemble des urgences aéronautiques et est devenu un centre unique en France en 2015. Quatre personnes sont en alerte 24h/24h et 365 jours par an et peuvent gérer deux opérations SAR simultanées grâce à un système de radars civils et militaires entièrement numérisé. Il offre une vision en temps réel de l’ensemble du trafic aérien contrôlé et détecté sur tout le territoire national.

Ces systèmes sont couplés à des outils cartographiques dont le but est de délimiter au plus juste les zones d’incertitudes probables en cas de disparition d’un aéronef. Ce dispositif s’appuie sur deux hélicoptères H125M Fennec, un Puma et un Caracal H225M, un Falcon Marine, avec l’aide si besoin de la sécurité civile ou la gendarmerie..

+ 8% d’incidents SAR en 2019

En 2019, le SAR a coordonné 82 opérations aéronautiques (+8% par rapport à 2018). Environ la moitié de ces événements sont liés à de véritables accidents aériens. Ils ont impliqués 13 avions (hors gros porteurs), 1 hélicoptère, 15 ULM, 7 planeurs et enfin 7 ballons, parapentes ou Deltaplanes. Au total 24 personnes ont perdu la vie. En revanche, l’ARCC souligne que l’autre moitié est due à des déclenchements de balises intempestives (15) ou des fausses alertes (25). Tout le reste, sur les 3474 événements au total, est le plus souvent lié au comportement des pilotes.

Un Puma du dispositif SAR « Search and Rescue » et coordonné par l’ARCC Lyon en intervention. © ARCC Lyon / Armée de l’Air

« Il n’est pas toujours simple de discerner le vrai du faux et donc prendre la décision ou non de lancer une opération. Nous appelons aussi en la responsabilité des pilotes lorsqu’ils partent en vol. Attention à l’oubli de clôture de plan de vol, au test sauvage de balise de détresse, au non-respect des règles de communication avec un organisme de la circulation aérienne… Chaque alerte déclenche une investigation et de  gros moyens de recherche. Cela peut durer de quelques minutes à une quinzaine de jours » nous détaille le Lieutenant-colonel Laurent Berge, ex pilote de Mirage 2000 et en charge du centre de coordination lyonnais.

Les bonnes pratiques

La majorité des fausses alertes sont données par les contrôleurs aériens ATC. Pas moins de 1166 l’an passé selon les chiffres du SAR. Il peut s’agir de plans de vols déposés et non clôturés, de navigations non maîtrisées ou simplement un transpondeur en pane, absent, ou non branché… «Il s’agit d’avoir les bon réflexes » répète le Lieutenant-colonel Laurent Berge.

« Quand on pénètre un espace aérien on s’annonce et on informe l’ATC lorsqu’on le quitte ! Les basiques c’est de dire où on va, brancher son transpondeur, être prédictif dans son vol… Plus un pilote prend ses précautions, plus il nous aidera si il a un problème pour affiner une zone de recherche, et sauver des vies. » L’anticipation est don cruciale. « Nous ne sommes pas la police du ciel, nous n’imposons rien, ce sont simplement des recommandations » rajoute le Lieutenant-colonel.

Un petit aéronef comme l’ULM (ici un multiaxe) n’est pas toujours évident à détecter au radar particulièrement en vol VFR à basse altitude. Il est toujours recommandé d’informer son entourage lorsque l’on part en ballade… et où ! © Jérôme Bonnard / Aerobuzz.fr

Pour rappel, le pilote VFR amené à se déplacer dans les espaces E ou G n’a pas à solliciter de clairance de la part des services de l’ATC qui n’assurent que le service d’information de vol SIV et le service d’alerte. En revanche contacter la fréquence du SIV bien que facultative peut être utile, une sécurité supplémentaire pour obtenir des informations (météo, trafic..) d’une zone traversée.

Le cas des balises

Les balises de détresse sont un peu la bête noire du SAR. Elles sont responsables de 558 alertes (en grande majorité fausses) en vol ou au sol. Il faut dire qu’elle se sont démocratisées notamment les balises PLB (Personnal Location Beacon) à usage personnel et déclenchement manuel que l’on trouve à moins de 250 euros.

De la taille d’un smartphone (mais deux fois moins chère en moyenne) la mini balise PLB (Personnal Location Beacon) s’est démocratisée. © ACR / Artex

Les balises ELT « Emergency Locator Transmitter » sont elles obligatoires en aviation générale certifiée. Ces dernières sont proactives en émettant sur la fréquence 406 MHz à l’attention des services de secours appelés aussi les services SAR. Elles sont équipées d’un accéléromètre qui engendre son déclenchement automatique en cas de choc comme un crash. Mais il arrive aussi qu’en cas d’atterrissage « dur » ou de turbulence, pour peu qu’elle soit mal fixée, la balise se déclenche.

Une balise ELT « Emergency Locator Transmitter » Artex de chez ACR electronics. Elle peut être activée automatiquement ou manuellement. © ACR / Artex

Activations insolites

Il existe aussi d’autres causes d’alertes pour le moins inattendues. « Comme par exemple lorsque la date de validité d’une balise est dépassée (à l’instar d’un extincteur) celle-ci peut toujours être fonctionnelle. Le propriétaire s’en débarrasse et il n’est pas rare de localiser un signal au fond d’une bene dans une déchetterie ! » nous informe le Lieutenant-colonel Laurent Berge. Ou même dans un colis en cours de livraison pour une balise livrée à domicile. « La réception de leur signal peut être compliquée en fonction des déchets la recouvrant (en déchetterie) ou en fonction de l’arrivée dans un hangar de stockage (balise dans un colis). Certaines balises se « promènent » donc et sont particulièrement difficiles à localiser précisément. »

En outre, l’ARCC précise qu’en 2019, 1005 alertes sont dues à de simples tests de balises… « C’est une question de bon sens, lorsque l’on teste ou déclenche une balise par erreur, il suffirait de nous prévenir en appelant le 191 afin de nous informer » déplore le Lieutenant-colonel Samuel Cour.

L’an passé, le cumul des opérations SAR a atteint 147h40 de vol dont 75 heures rien que pour les moyens de l’Armée de l’Air. En octobre 2019, l’ARCC Lyon a invité les Présidents des fédérations aéronautiques à visiter le centre. La FFPLUM travaille sur la réalisation de plusieurs films autour de des bonnes pratiques en partenariat avec l’Armée de l’Air pour sensibiliser les pilotes.

Jérôme Bonnard

 

Le numéro d’appel d’urgence aéronautique 191 est utilisable par tout usager en situation de détresse, par tout témoin direct d’un accident d’aéronef, ou par toute personne inquiète de la disparition d’un aéronef et de ses occupants. © Ministère des Armées / Armée de l’Air / DGAC.

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Jérôme Bonnard

Journaliste polyvalent, à la fois rédacteur et vidéaste, Jérôme a couvert tous types d'actualités pour la télévision en France comme à l'étranger et a été co-finaliste du Prix Albert Londres en 2012 pour sa couverture du conflit Libyen. Il est passionné par tout ce qui vole depuis son plus jeune âge et pilote sur ULM 3 axes. Il écrit pour Aerobuzz.fr depuis 2018, et co-anime la nouvelle émission JumpSeat sur Twitch, il travaille sur des nouveaux médias et enseigne le reportage vidéo en écoles de journalisme.

View Comments

  • Le titre de l'article laisse penser que l'alerte de l'armée mériterait la plus grande diffusion possible dans l'objectif de l'information des pilotes afin de minimiser les fausses alertes SAR.
    Dans ce contexte, c'est peut-être dommage que l'article soit réservé aux abonnés premium, non ?

    • Dans ce cas, ce n'est pas aux journalistes de diffuser cette information mais aux organismes officiels.
      Par exemple via le SIA dont l'information arrivera directement sur le bureau de tous les chefs pilotes d'aéroclub (et autres) qui diffuseront aux membres...
      C'est la voie et la voix officielle, la seule qui est fiable et référence.
      Tel que je le vois : l'armée demande à la DGAC de diffuser à "ses administrés" le message qu'ils font trop de fausses alertes. C'est donc à la DGAC de prendre des mesures de diffusion de cette communication.
      Cela peut être par le SIA officiellement, mais la DGAC peut également demander aux médias de diffuser un communiqué de presse sur le sujet, ou faire une campagne de pub dans les revues aéro, les sites web aéro, la radio, la télé...
      Si tel est le cas, je suis certain qu'Aérobuzz ne classerait pas de communiqué de la DGAC en classe premium...

      • C'est effectivement un sujet que nous avons choisi de traiter de notre propre initiative. Nous n'avons pas repris un communiqué de presse. Un des journalistes de notre équipe s'est déplacé, à enquêté, recoupé ses infos, et rédigé un article très détaillé. Autrement dit, c'est un plus que nous offrons à nous abonnés Premium qui nous permettent de faire vivre Aerobuzz.fr. Logique qu'ils aient la primeur de l'info !
        Le jour où Aerobuzz.fr sera élevé au rang de service public et qu'une subvention substantielle lui sera attribuée, tout sera alors libre d'accès (vous remarquerez que je n'ai pas écrit "gratuit", puisqu'une subvention n'est jamais gratuite). Mais dès lors qu'il s'agira d'un canal officiel, les lecteurs deviendront peut-être méfiants !
        La moralité de cette histoire : plus Aerobuzz.fr aura d'abonnés Premium, plus l'information sera diversifiée. En d'autres termes : Abonnez-vous !

  • 3474 alertes SAR, dont une majorité de fausses alertes...
    Cà coute pas cher tout ça : continuez, continuez donc, on a les moyens !
    C'est remboursé par sécurité socilae, donc tout va bien !
    Allez y messieurs, tapez, tapez, j'ai le dos large.

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