Le drone français prend le large

 

La réglementation qui a boosté le drone civil au début des années 2010, est aujourd’hui un frein au développement du marché. Les fleurons de la filière française doivent aller chercher des débouchés très loin de leurs bases, là notamment où l’absence de réglementation ouvre toutes les possibilités. Pas toujours facile pour des start up…

« La France est un laboratoire où l’on développe une solution, mais la commercialisation se fait à l’export », constate Marion Baroux, responsable des ventes de Delair-Tech, l’un des pionniers français et mondiaux du drone civil. Même son de cloche du côté de Philippe Barthomeuf, le fondateur de Xamen Technologies, une autre pépite de la filière drone française : « l’international est une nécessité absolue pour les entreprises françaises ».

Pas facile de financer le développement

Xamen est la seule société au monde à proposer un drone Atex, capable d’évoluer dans une atmosphère explosive. Cet atout lui a ouvert les portes de l’Oil & Gas, un marché impacté par la chute du cours du pétrole. Actuellement, la société paloise cherche à réaliser une levée de fonds pour renforcer sa présence à l’international. « Il faut être présent à Houston, à Aberdeen et à Abu Dhabi avec un bureau pour être crédible sur ce marché », affirme Philippe Barthomeuf qui déplore le manque d’aide aux PME.

Delair-Tech vient de réussir, en 2016, sa deuxième levée de fonds de 13 M€. « Elle nous permet de passer du statut de start up à celui de PME », déclare Marion Baroux. L’entreprise toulousaine a ainsi pu ouvrir des bureaux aux USA et à Sydney, et d’ici deux mois à Singapour.

Débouchés extra-européens

Pour les entreprises françaises, tant que l’Europe ne se sera pas dotée d’une réglementation commune, il faudra aller chercher les débouchés loin de leurs bases. Pelgrim Technology, spécialiste des inspections industrielles, a créé une filiale en Côte d’Ivoire, et prochainement au Togo. « En Afrique, il n’y a pas de législation drone. Nous fonctionnons en dérogation. Il faut former nous même nos personnels et nous préférons les garder une fois qu’ils sont opérationnels, d’où la nécessité de se doter d’une structures sur place », explique Anne-Marie Haute, pour justifier ses choix stratégiques.

Pour toutes ces jeunes entreprises créées pas des ingénieurs talentueux, le passage obligé de l’export, est évidemment un challenge. « Nous nous appuyons sur la CCI de Nantes. Via des clubs, sont pouvons être parrainés par des entreprises qui nous aident. Nous faisons également appel à Business France » explique Anne-Marie Haute.

Missions Export

Business France est une agence d’état dont la vocation est d’accompagner les entreprises à l’export, soit individuellement, soit de manière collective à travers des délégations. « Depuis sept ans, nous organisons des missions drone aux USA et nous animons le pavillon France au salon Xponential, anciennement AUVSI, qui réunit chaque année 600 exposants de la filière drone », précise Nicolas Sestier, chargé de projet à Business France.

« La filière française possède des atouts pour l’export. Les entreprises ont développé des services autour du drone qui leur confèrent une avance. Les missions que nous organisons, leur permettent précisément de se comparer aux autres et de multiplier les contacts ». Business France a ainsi accompagné Fly and Sense, Xamen, Delair-Tech… qui sont autant de fleurons de l’industrie française du drone.

En 2017, l’agence française a d’ores et déjà programmé deux actions spécifiques drone. Business France reconduit le pavillon français au salon Xponentiel qui aura lieu du 8 au 11 mai 2017 à Dallas. L’objectif, cette année, est de réunir une dizaine d’entreprises. Le second objectif est une mission au Danemark et en Norvège qui aura lieu au deuxième trimestre 2017.

Exportez couvert !

Du côté du ministère de l’économie et des Finances, on encourage les entreprises à prendre contact le plus en amont possible avec les services de l’état. Ce que confirme Gérôme Cresp, chargé de mission au contrôle des exportations : « si l’entreprise a des projets importants, elle a intérêt à contacter nos services le plus tôt possible. Nous pouvons échanger sur sa stratégie. Nous pouvons aussi attirer son attention sur un composant classé ». Gérôme Cresp encourage les entreprises à se regrouper pour faire face à une problématique commune, afin de rechercher des synergies pour tout ce qui est administratif ou relatif au contrôle export, « quitte à passer par des agents assermentés capables de préserver la confidentialité ».

Aviva vient de mettre au point une assurance couvrant les missions à l’étranger. Pour l’heure, elle ne s’applique qu’en Europe et dans les pays qui ont une réglementation drone. Que ce soit à l’export ou en France, les assureurs tâtonnent. Aviva est l’un des premiers à avoir pris pied sur le marché. « Nous avons choisi de soutenir la filière. C’est un pari sur le futur. Nous pensons que le drone va devenir incontournable », résume Umit Allard, expert en risque entreprise chez Aviva Assurances.

Gil Roy

 

UAV Show 2016

Dans le cadre du salon UAV Show qui a lieu les 12 et 13 octobre 2016 à Bordeaux-Mérignac, un débat intitulé « Support et services au développement, Business International, Export » réunira :

Umit Allard – Expert en Risque Entreprises – AVIVA Assurances

Julie Populus – Responsable des ventes Asie – Delair-Tech

Philippe Barthomeuf – Fondateur et PDG – Xamen Technologies

Gérôme Cresp – Chargé de mission au contrôle des exportations – Ministère de l’Economie et des Finances

Anne-Marie Haute – CEO – Pilgrim Technology

Alicia Mazouz – Consultante – Membre du Conseil pour les Drones Civils

Stephane Morelli – Président de la Fédération Professionnelle du Drone Civil

Nicolas Sestier – Chef de projet Protection et Sécurité – Business France

Ce débat animé par Gil Roy, rédacteur en chef d’Aerobuzz.fr, aura lieu le jeudi 13 octobre 2016, de 10h à 12h, au Pin Galant à Bordeaux-Mérignac.

UAV Show 2016