La France du drone professionnel fait preuve d’une créativité extraordinaire, non seulement dans sa capacité à inventer de nouveaux systèmes, mais également dans la manière de coopérer avec les autorités pour repousser les barrières du possible. La génération drone a décidément beaucoup de talent…« La filière est bâtie sur l’innovation, sur les usages. Le drones apporte une valeur ajoutée. Nous devons garder ce principe et cet avantage, et continuer dans le sens de l’innovation » déclare Stéphane Morelli, président de la Fédération professionnelle du drone civil. L’innovation est effectivement l’essence même du drone. Les start up sont de la matière grise en ébullition.
R&D continue
AJS est l’inventeur du drone à voilure fixe Boreal qui du fait de ses performances (5 kg d’emport et 1.000 km d’autonomie pour le modèle de base) n’a pas encore sa place sur le marché français. « Dès l’origine nous avons visé l’export », explique Michel Gavart, PDG et fondateur de la société toulousaine. Il vient de cartographier 30.000 hectares de palmiers à huile en trois jours, au Gabon, pour le compte d’une multinationale singapourienne. C’est son premier client privé. Jusque-là, AJS a travaillé sur des projets scientifiques pour lesquels, il a développé chaque fois du matériel spécifique.
Avec le CNRS, il prépare une campagne de mesures en Antarctique, qui aura lieu dans deux ans. Il participe, aux côtés du CNES et de Météo France, à une étude des cyclones en la Réunion. « Sur le drone Boreal, la R&D est continue. Ces campagnes entrent dans notre feuille de route d’amélioration du produit », souligne Michel Gavart qui travaille sur plusieurs déclinaisons de son drone (10 kg d’emport, 24 heures d’autonomie ou encore 15.000 mètres d’altitude). La R&D qui représente entre 25 et 40% du chiffre d’affaires de la société est financée sur fonds propres.
Convaincre par la démonstration
C’est le cas aussi de Skeyetech, créée il y a moins de deux ans par trois jeunes ingénieurs, et qui emploie déjà une dizaine de salariés dont la moyenne d’âge ne dépasse pas 25 ans. Au salon UAV Show (Bordeaux, 12 et 13 octobre 2016), elle présente une station autonome de surveillance. En cas de déclenchement d’une alarme sur un site industriel, le drone est en mesure de décoller automatiquement, de transmettre des informations en moins d’une minute et de revenir se poser sur sa station.
« Pour obtenir de la DGAC l’autorisation d’expérimenter notre dispositif, pendant six mois, sur un site industriel de 5 hectares, nous avons du lever deux freins majeurs », explique Antoine Lecestre, l’un des trois cofondateurs de la start up. « Le premier était technique. Il a fallu pouvoir assurer un atterrissage de précision. Le second est réglementaire, puisque nous nous inscrivons dans aucun scénario. Pour la DGAC, l’enjeux était sécuritaire, vis-à-vis des biens et surtout des personnes ».
Chaque projet est une négociation
Skeyetech a imaginé une barrière virtuelle qui garantit que le drone ne sortira pas de la zone. Elle a aussi du faire entrer l’engin volant dans le plan de prévention des risques, au même titre que les chariots élévateurs. Les trajectoires ont été planifiées pour éviter le survol des personnes. Des redondances ont été introduites dans le système pour optimiser sa fiabilité. Le drone a été équipé d’un parachute de secours. « Nous avons du démontrer toutes les stratégies pour prévenir les risques ».
« Aujourd’hui, nous sommes sur un pallier. Après une explosion du nombre des opérateurs, la courbe s’aplatit. Pour aller plus loin, il va être nécessaire d’apporter des preuves de conception, d’organisation et de développement », explique Jean-Eric Chevillot, ancien directeur du Centre d’essais en vol et aujourd’hui consultant, convaincu de la nécessité, pour les professionnels du drone, de passer par des centre d’essais. C’est avec AJS que le centre d’essais CESA Drone de Bordeaux a inauguré son centre dédié aux essais de grande élongation. Le constructeur avait besoin de faire évoluer son drone Boreal sur de longue distance.
Le CESA Drone qui est le plus ancien centre d’essais de drone en France propose des infrastructures adaptées. La dernière en date est un couloir aérien militaire, situé le long de la côte Atlantique, utilisé pour les essais de drones à grande élongation. « Il est nécessaire que se développent plusieurs centres d’essais sur l’ensemble du territoire pour permettre aux entreprises de tester leurs matériels en toute régularité, en toute sécurité et en toute confiance », explique François Baffou, président de CESA Drones.
Le centre d’essais passage obligé
« Sur le marché des drones, ce sont les donneurs d’ordres qui, par les garanties dont ils ont besoin, vont être demandeurs de démonstration et de preuves. L’apport du centre d’essais ne sera pas forcément au niveau des essais techniques, mais plus une réponse au besoin métier du donneur d’ordres. C’est aussi le moyen d’apporter des preuves, au cas par cas, à l’Autorité pour aller plus loin que les scénarios actuels », ajoute Jean-Eric Chevillot.
C’est par les essais, sur un terrain privé, à l’écart des regards, que Pixiel a obtenu le feu vert de la DGAC pour faire évoluer de nuit son escadrille de drones au Puy du fou devant plusieurs milliers de spectateurs. Aujourd’hui, la société travaille sur un projet de robot volant autonome. Un démonstrateur devrait voler avant la fin 2016. Une solution commercialisable est annoncée pour fin 2017, début 2018. « Nous travaillons avec des laboratoires pour la partie sûreté de fonctionnement afin d’obtenir une probabilité de fiabilité », explique Moïse Rogez, le PDG de Pixiel.
« Les constructeurs ont une approche étonnante de la sécurité », reconnaît Jean-Eric Chevillot, ancien patron du CEV. « Nous passons de l’aéromodélisme à l’aéronautique », résume de son côté Antoine Lecestre, président de Skeyetech.
Gil Roy
Dans le cadre du salon UAV Show qui a lieu les 12 et 13 octobre 2016 à Bordeaux-Mérignac, un débat intitulé « Technologie, Innovation, Recherche, Essais » réunira :
François Baffou – Directeur général/Président de Bordeaux Technowest/CESA Drones
Franck Cazaurang – Directeur de l’IMA (Université Bordeaux) Institut de Maintenance Aéronautique
Jean-Eric Chevillot – Associé exécutif, Consultant spécialiste des essais en vol – Ventura Associates France
Laurent Fangain – Co-fondateur d’InPixal
Michel Gavart – PDG d’AJS
Antoine Lecestre – Président de Skeyetech
Moise Rogez – CEO – Pixiel
Ce débat animé par Gil Roy, rédacteur en chef d’Aerobuzz.fr, aura lieu le jeudi 13 octobre 2016, de 14h à 16h, au Pin Galant à Bordeaux-Mérignac.
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