L’avenir aérien sera électrique, est-il tendance d’affirmer. Pour pérenniser son leadership de motoriste, Rolls-Royce a noué des partenariats stratégiques en 2018, racheté l’activité leader du secteur en 2019, et veut s’imposer médiatiquement dans ce nouveau système de propulsion avec un avion emblématique.
Rolls-Royce a affiché sa nouvelle compétence avec éclat. La machine de record portant son fameux logo veut ranimer le mythe des fabuleux Supermarine annonciateurs avant-guerre d’une aviation salvatrice, et motorisés par d’également fabuleux Rolls-Royce.
Début janvier 2019, l’annonce de cet exaltant projet suivait de peu les alliances avec deux entreprises britanniques : Electroflight spécialiste des systèmes de batteries d’aviation et YASA des systèmes de motorisation et de contrôle. Six mois plus tôt, Rolls-Royce et son tout récent partenaire YASA avaient annoncé avoir obtenu des financements du gouvernement britannique « pour mener des recherches innovantes visant à accélérer l’adoption de la propulsion 100% électrique dans l’aviation« .
YASA (ne pas confondre avec Yuasa, leader des batteries au plomb) a été créé en 2009 sur la base d’un brevet de moteur électrique à flux axial de son fondateur Tim Woolmer. Ses moteurs et contrôleurs innovants sont aujourd’hui dédiés à l’hybridation et l’électrification automobile. Entre autres, Ferrari monte un moteur YASA dans sa supercar hybride SF90 Stradale.
Le rachat le 18 juin 2019 par Rolls-Royce de l’activité « systèmes de propulsion électriques » de Siemens a affirmé cette orientation. Siemens s’était placé en tête de l’aviation électrique en mars 2015 avec la présentation d’un ensemble motopropulseur de 250 kW, avec lequel le démonstrateur Extra 330LE avait enchainé les records du monde : montée à 3000 m en 4 mn 22 s en novembre 2016, vitesse sur 3 km à 343 km/h en mars 2017.
Parallèlement, la collaboration avec Airbus confirmait l’avance de Siemens en aviation générale tandis que le partenariat avec Pipistrel pour l’Alpha Electro, premier avion électrique construit en série, assurait sa suprématie en aviation légère.
Mais le développement de nouvelles techniques n’est jamais un fleuve tranquille, et les débuts de l’aviation électrique n’ont pas été sans drames, plusieurs fois provoqués par des incendies incontrôlables de batteries, en utilisation ou consécutivement à un crash. Outre le crash en mai 2018 du Magnus eFusion, autre démonstrateur de Siemens, on déplore trois accidents d’Alpha Electro entre octobre 2018 et août 2019.
Pratiquement un an après la révélation du projet d’avion de record, sa cellule d’essai, dite ionBird, a été présentée ce 19 décembre sur l’aéroport de Gloucester. L’association de Rolls-Royce avec YASA et Electroflight additionnées de l’acquisition des avancées et du savoir-faire de Siemens permettent certes de préparer une motorisation exceptionnelle. Mais comment créer sans délai un avion à sa mesure ? Faute d’un nouveau Reginald Mitchell, tout simplement en reprenant, parmi modèles adaptables existants, celui qui fait preuve du meilleur potentiel. Le Nemesis NXT de Jon Sharp, sorti en 2004, s’impose logiquement.
Dommage, il n’est pas britannique. Mais ses lignes compactes (longueur 7 m, envergure 7,3 m) sont irrésistibles. D’autant que la cellule du biplace américain est encore fluidifiée par la motorisation électrique affinant le capot et la bulle réduite par le passage en monoplace.
La puissance combinée des trois moteurs électriques axiaux est donnée pour 500 kW en continu et 750 kW (1006 ch) max. Franchir les 300 mph (483 km/h) est prévu avant l’été prochain. Seront ensuite visés les 547 km/h du Supermarine S6 durant les Schneider Trophy de 1931… Des chiffres a priori accessibles, car les Nemesis NXT « de série » dépasseraient déjà les 520 km/h avec les 350 ch d’un Lycoming.
L’annonce la plus étonnante est celle de la distance franchissable : 200 miles (soit Londres – Paris). Selon Rolls-Royce, le monoplace « disposera de la batterie la plus dense jamais conçue pour un avion« , dotée de systèmes de refroidissement avancés.
La moitié du financement du projet (son coût total s’élèverait 6,5 millions de £) est fournie par l’Aerospace Technology Institute (ATI), en partenariat avec le ministère des Affaires, de l’Énergie et des Stratégies industrielles (BEIS). « Le Royaume-Uni profite d’un héritage glorieux et d’une réputation mondiale de progrès dans l’aviation. L’électrification a le potentiel de la révolutionner pour les décennies à venir« , a soutenu le ministre britannique à l’occasion de la présentation du ionBird.
Gabriel Gavard
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@ mon cher Tonton Volant
Je ne vais pas vous contrarier. Croyez bien ce que vous voulez.
Cela n'enlèvera rien à la réalité.
20 ans, 1 siècle, 1 millénaire... C... de mouche à l'échelle de l'éternité. L'homme préhistorique imaginait-il qu'un jour ses petits-petits-petits-etc... fillots iraient sur la lune ? Joyeux Noël ! :-)
C'est notre système économique globale qui est dans une impasse, pas seulement l'aviation. La raison voudrait qu'on réduise nos activités, la déraison fait qu'on croit encore à la croissance. Faut pas aller chercher plus loin, c'est une équation insoluble.
Je ne voudrais pas faire le rabat-joie, mais les impasses technologiques, ça existe (le dirigeable de transport, par exemple).
Je vous rappelle que cela fait plus d'un siècle qu'on essaie d'alléger les batteries, avec un succès très très moyen. Bien sûr, cela ne signifie pas qu'on n'y arrivera jamais, mais ça devrait tout de même inciter à la prudence avant de décréter que c'est la voie de l'avenir, c'est certain, juré, craché, dans 20 ans, nous volerons tous avec des batteries en soute.
Comme vous l'avez compris, je suis très dubitatif.
Si je devais faire un pari, c'est que dans 20 ans, 99 % des vols seront encore aux hydrocarbures.
toujours de l'électrique NUCLEAIRE pas un mot sur l'électricité verte éolienne raisonnée et voltaîque ...
Quelques éléments de fond, ainsi que des ordres de grandeur objectivés : https://www.youtube.com/watch?v=t0Xp6CCte0U
Bien sûr, parce que les éoliennes et les panneaux photovoltaïques, c'est moche comme tout, c'est un véritable attentat contre les paysages (bravo, pour des gens qui se prétendent écologistes), c'est pas fiable, pas dense, intermittent, pas vraiment écologique (rien de plus polluant qu'une éolienne à construire et à détruire), bref c'est une grosse connerie pour épater les neuneus (en fait, je pense un mot encore plus grossier).
En face, le nucléaire, c'est dense, continu, fiable et propre (oui, propre, comptez le nombre de morts par le nucléaire civil depuis que ça existe et vous en trouverez moins qu'une seule année d'exploitation du charbon).
Donc les gens intelligents parlent du nucléaire. Les autres, ils font ce qu'ils peuvent.
"Donc les gens intelligents parlent du nucléaire. Les autres, ils font ce qu’ils peuvent. "
Ne pas être péremptoire c'est, là, la marque de l'intelligence. "Il y a des gens qui parlent un moment avant que d’avoir pensé. (La Bruyère)"
Toujours les même arguties : " propre, comptez le nombre de morts par le nucléaire civil depuis que ça existe"
https://www.liberation.fr/checknews/2019/06/22/l-accident-nucleaire-de-tchernobyl-n-a-t-il-fait-que-130-morts_1731784
https://www.liberation.fr/checknews/2019/04/20/est-il-vrai-que-l-accident-nucleaire-de-fukushima-n-a-cause-aucun-mort_1720075
http://www.leparisien.fr/international/nucleaire-les-accidents-les-plus-graves-depuis-30-ans-12-03-2011-1355343.php
Comme faisait dire Michel Audiard, à l'un des personnages de film : "C'est pas parce qu'on a rien à dire ..."
Avec la quantité de voitures, bus, avions et autres trottinettes sur batteries qu'on nous promet et qu'il va bien falloir recharger , vous devriez vous y habituer.
Non seulement nous ne sommes pas près de sortir du nucléaire, mais si toutes ces électrifications deviennent réalité il va nous falloir construire des centrales.
Parce que vos moulins à vent et vos chargeurs solaires ça ne va pas suffire, même en recouvrant tout le territoire (beurk) de ces engins au demeurant loins d'êtres "verts".
Raisonnez-y !
C’est mieux que du charbon ou gaz mon ami.
Franchement, vous y croyez à cette technologie qui consiste à embarquer plusieurs enclumes dans un avion es espérant qu'il ira loin ?
Oui, très clairement!!! La technologie évoluera et l'avion de demain sera électrique, électrique au li-ion ou pas, mais électrique. L'élément le plus facile à changer c'est la batterie, le plus difficile à maîtriser c'est le reste. Ignorer l'évolution des tendances, c'est aller droit dans le mur, comme l'a fait Kodak...
Bien sûr ? Attention toutefois car qui dit avion électrique dit retour à l'époque du Super Constellation et de sa vitesse moitié de celle des jets et en espérant que l'on ne reviendra pas aussi aux prix que devaient payer les voyageurs sur Super Constellation.
Bien sur. L'enclume deviendra une plume.
D'ailleurs , c'est déjà le cas quelque part en chine.
La question n’est pas d’y croire mais ce que ça peut rapporter en subventions...