Feux de forêt – Les Thrush 710P d’Aria Firefighting dans l’Hérault cet été

Après une décennie où la cellule aérienne anti-incendies du département de l’Hérault a été armée par les Air Tractor AT-802F de la société Titan Firefighting (branche de la société espagnole Avialsa T35) ce sont désormais les Thrush 710P d’Aria Firefighting, une jeune société française, qui vont assurer les missions d’attaque initiale des feux au départ du pélicandrome de Béziers à partir de ce mois de juin et jusqu’à fin octobre.

C’est une particularité du département de l’Hérault depuis plus de 30 ans. Alors que les autres départements louent des hélicoptères bombardiers d’eau légers pour assurer les missions d’attaque initiale et soulager d’autant les moyens nationaux de la Sécurité Civile, ce département fait appel à des ABEL (Avions Bombardiers d’Eau Légers) depuis les années 80 et un grand nombre d’appareils relevant de différentes sociétés se sont succédé à Candillargues, à Béziers et parfois sur des pistes improvisées dans le département. Après une décennie passée sous le règne de l’Air Tractor AT-802F, voici donc celle des Thrush 710P. Selon la direction d’Aria : « C’est l’outil le plus rationnel en terme de rapport coût/efficacité ! Le coût du litre largué le moins cher ! » Ces appareils récents tirent leurs lointaines origines du SR-2 de Leland Snow qui fut aussi le fondateur d’Air Tractor, d’où un certain « air de famille » entre ces différentes machines d’origine agricole.

Le Thrush 710P, très récent, peut emporter 2800 litres d’eau ou 2550 de de retardant (dont la densité est plus élevée), soit un tout petit peu moins que le Air Tractor, mais il dispose d’une turbine PT-6-65AG de 1295 eshp (puissance incluant la poussée résiduelle de l’échappement de la turbine) et bénéficie d’une bonne marge opérationnelle. « Il est plus léger, plus récent et moins cher que l’Air Tractor » explique-t-on chez Aria. Son système de largage « constant flow » est reconnu comme ayant une excellente répartition de la charge au sol.

Pour cette saison, les trois appareils présents sur le Pélicandrome de Béziers sont loués à la société espagnole Plysa, une filiale de la compagnie Air Nostrum. « Notre mission est l’attaque initiale des feux avec décollage sur alerte, tous les jours à partir de 10h et jusqu’à 20h du 15 juillet au 15 septembre. » Les avions sont néanmoins présents et opérationnels en cas de besoin du 15 juin au 15 octobre. Il n’est pas prévu que les appareils opèrent des patrouilles de guet aérien armé mais leur coût à l’heure de vol peu élevé le permettrait tout à fait si les circonstances (et les pompiers de l’Hérault) l’exigeaient.

Pour les opérations, ils peuvent être ravitaillés en eau ou en retardant, en fonction des besoins et des produits disponibles, à Béziers, Candillargues et Bédarieux pour couvrir l’ensemble du département, Millau et Lézignan également si nécessaire. Car si ces avions sont financés par le le conseil général du département de l’Hérault et les opérations effectuées sous l’égide des pompiers de l’Hérault (SDIS 34), ils restent disponibles pour intervenir en cas de besoin dans les départements voisins comme c’est arrivé dans l’Aude au cours de la saison 2021.

C’est un marché de l’ordre de 2,5 millions d’Euros qui a été emporté par Aria. Il sera reconduit normalement chaque été pendant les quatre années à venir. L’entreprise prévoit, pour certaines périodes, de pouvoir disposer d’un quatrième appareil, pouvant servir de renfort ou pour remplacer un appareil éventuellement indisponible.

Pour armer cette cellule anti-incendie, six pilotes ont été embauchés. « Il s’agit tous de pilotes expérimentés ayant déjà des heures de vol sur feux, des anciens de l’aviation agricole et des anciens de la Sécurité Civile. Leur rôle sera aussi de faire l’interface avec les moyens nationaux. » En effet, il existe de longue date une certaine méfiance de la part des pilotes de la Sécurité Civile envers leurs confrères des moyens départementaux, sans doute née de mode opératoires et de formations différentes. Grâce à ces pilotes issus des moyens nationaux, Aria espère pouvoir, pour les saisons à venir, organiser des séances d’entraînement communes pour une meilleure collaboration de ces différentes entités.

L’évolution des saisons des feu fait que ce genre de moyens d’intervention est sans doute amené à se développer dans d’autres départements, c’est l’ambition d’Aria qui va débuter dans quelques jours sa saison inaugurale.

Frédéric Marsaly