Flight Design en attente d’un sauvetage

Si Flight Design était présent cette année au salon Aero de Friedrichshafen (20-23 avril 2016) c’est parce qu’une partie de ses distributeurs nationaux ont mis la main à la poche pour payer le stand. Le constructeur allemand qui fait l’objet d’une procédure de sauvegarde depuis le 11 février 2016 a d’autres priorités. Le financier passe avant le commercial.

Si, contre toute attente, Flight Design est bien présent au salon Aero 2016, c’est parce que ses distributeurs allemands, roumains et français (Innov’Air) ont estimé qu’il fallait rassurer leurs clients. Flight Design traverse une passe difficile, mais rien n’est encore joué. Tel est le message qu’il faut faire passer.

Avec près de 1.700 biplaces vendus en une trentaine d’années à travers le monde, Flight Design, c’est d’abord une « business story » à l’allemande qui débute dans les années 1980 par la fabrication de parapentes. En 1993 l’entreprise décide de s’orienter vers les ULM/LSA et lance la production de son best-seller intégrant des matériaux composites, le CT, en 1997, décliné depuis en plusieurs versions. De manière à réduire les coûts de production, Flight Design signe un accord avec une usine en Ukraine qui fabrique les aéronefs dont l’assemblage final aura lieu en Allemagne. En avril 2015, Flight Design signe un nouvel accord, cette fois avec Aero Jones Aviation, un entrepreneur taïwanais qui, après la fabrication test de plusieurs CT, devrait ouvrir une unité de production en Chine. Cette unité devrait notamment fabriquer et assembler le C4, grand projet de Matthias Betsch, patron de Flight Design : un quadriplace monomoteur dont le premier vol a eu lieu en avril 2015, à l’avant-veille du salon Aero 2015.

Ces dernières années, Flight Design a commencé à rencontrer des difficultés. Hormis le fait que le programme C4 a accumulé les retards, les retours des clients (délais de livraison voire absence de réponses du service commercial de Flight Design sur ces délais) se sont faits de plus en plus nombreux. Et puis, en février 2016, le couperet est tombé : Flight Design a annoncé qu’il se plaçait en procédure de sauvegarde, n’ayant plus les liquidités nécessaires pour continuer son activité et payer les factures “totalisant un montant en euros à sept chiffres” d’après Tom Peghiny, président de Flight Design USA, entité indépendante de l’entreprise allemande.

Christophe Briand, dirigeant d’Innov’Air qui importe en France les appareils de Flight Design, reste confiant. “La situation n’est pas si dramatique que cela”, explique-t-il, “ce n’est pas un dépôt de bilan, c’est une étape pour essayer d’améliorer les choses.” Le PDG d’Innov’Aero précise également que seul Flight Design Allemagne est concerné par la procédure et que les usines d’Ukraine et de Taïwan, indépendantes, poursuivent leur production. 48 commandes resteraient à honorer au total, dont 8 pour l’importateur français, d’après Christophe Briand.

Il est utile de rappeler qu’en Allemagne, à la différence des pratiques françaises, avant que de procéder au dépôt de bilan, voire à la liquidation, l’administrateur judiciaire nommé pour gérer le dossier, cherche par tous les moyens à relancer l’entreprise et son activité. Le motoriste allemand Thielert en est un bon exemple. Après plusieurs années sous tutelle, il a finalement été racheté en 2013 par Continental Motors, et poursuit aujourd’hui ses activités. Mais, pour l’heure, affirmer que Flight Design va subir le même sort serait bien aventureux.

Pour autant, l’importateur US, tout comme Christophe Birand, se veulent rassurants et estiment que Flight Design devrait redécoller cet été, avec l’arrivée de nouveaux investisseurs. “C’est la priorité absolue” inisiste Tom Peghiny. Quant au C4, même si son développement est bien avancé, il faudra attendre des jours meilleurs pour que le projet soit remis en route.

Fabrice Morlon