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Aviation Générale

Formation Pélicandrome à Vannes

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Frédéric Marsaly

La Sécurité civile a organisé, en Bretagne, un stage de qualification au profit des pompiers de la moitié nord de la France destinés à opérer sur les Pélicandromes. Il s’agit de former ces professionnels et volontaires au remplissage des Dash 8. Le risque d’incendie de forêt a passé la Loire.

Dans un contexte où les zones sujettes à l’embrasement se développent vers le nord du pays, il fallait trouver une solution pour pouvoir exploiter les moyens aériens nationaux de façon optimale. Une trentaine de plans d’eau écopables ont été identifiés, mais leur répartition est moins dense que dans le sud du pays ce qui rend l’intervention des CL-415 possible, mais moins pertinente que celle des Dash 8 qui sont aujourd’hui les outils des interventions lointaines et rapides.

Reste que cet appareil est bien plus efficace lorsqu’il est chargé de son « arme » de prédilection, le retardant. Ce qui nécessite des infrastructures adaptées et un personnel spécifiquement formé.

Le besoin d’une installation mobile

En 2015, l’intervention d’un Dash 8 sur un feu, non loin du circuit automobile des 24 heures du Mans, depuis la base de Tours, avait été un acte fondateur. Il avait conduit en 2018 à l’expérimentation d’une station de remplissage mobile, plus souple d’emploi et moins coûteuse qu’une station fixe. Elle avait ainsi été testée en condition réelle à Tours. Elle connut sa première utilisation opérationnelle en 2020, depuis Angers.

Ce pélicandrome (PEL) mobile est constitué d’une citerne de 10 tonnes de pré-mélange de retardant, fournie et acheminée par l’Unité d’Instruction et d’Intervention de la Sécurité Civile n°1 de Nogent le Rotrou (28). Le concentré liquide doit être ensuite dilué, grâce à un poteau d’incendie, avant d’être chargé à bord des avions.
Une motopompe classique de la dotation des sapeurs-pompiers peut être alors utilisée pour réguler le débit et s’assurer qu’il ne dépasse pas les 2,3 bars de pression pour préserver les soutes des avions.

Cette station de remplissage mobile peut être activée du jour pour le lendemain, en fonction de l’évaluation des risques (chaleur, humidité, type de végétation) comme cela avait été fait de façon très pertinente lors du déploiement à Angers en septembre 2020. Grace à leur vitesse de croisière élevée (350 kt) les Dash 8 peuvent arriver à pied d’œuvre dans tout le centre de la France en environ 1 h 30 depuis Nîmes.

 » Nous avons été « leader » sur le pélicandrome mobile car entre la forêt de Paimpont et la lande Bretonne, nous sommes un des départements les plus à risque du nord du pays » expliquent les pompiers du SDIS 56.

Désormais, ils ont été rejoints, fort logiquement, par des pompiers du Maine et Loire et de l’Indre, où les plateformes de Marcé et Déols sont utilisables pour ces opérations. Le second pourrait même voir naître un pélicandrome fixe permanent. Le PEL mobile pourra être aussi utilisé depuis Albert-Picardie en cas de risque au nord de Paris ou même Épinal-Mirecourt pour protéger la forêt des Vosges.

Comme sur un pont de porte-avions

Il faut aussi du personnel pour assurer la tache de remplissage des avions, au minimum trois personnes qualifiées :  un équipier PEL 2, le seul à disposer d’une radio pour communiquer avec l’équipage de l’avion, qui a en charge de le placer sur le pélicandrome et qui commande la manœuvre. Il est secondé par deux équipiers PEL1, le premier en charge d’amener le tuyau vers l’avion et de verrouiller le raccord, le second, en retrait, qui ouvre la vanne. En cela, les opérations sur le pélicandrome mobile ne changent pas des procédures utilisées sur les installations fixes, dont les équipiers bénéficient également de sessions d’entrainement sur leurs installations au cours de la pré-saison.

« Il s’agit de faire un rappel des acquis : chaque équipier a déjà fait un stage de trois jours à Nîmes, autour des Dash, mais aussi des Canadair, certains ont même eu la possibilité de le faire avec les Tracker avant leur retrait de service. » expliquent les formateurs de l’École d’Application de la Sécurité Civile (ECASC) de Valabre (13).

Briefing matinal pour l'ensemble des personnels. © F. Marsaly
Pompiers venus de différents départements. © F. Marsaly
L'équipier PEL2 guide Milan 77 sous l'oeil de son formateur. © F. Marsaly
Les équipiers PEL1 en action. © F. Marsaly
le chariot pour le tuyau a été conçu et construit spécifiquement pour le pélicandrome mobile. © F. Marsaly
Un dernier passage en guise d'au revoir. © F. Marsaly

​A voir évoluer ces hommes autour des avions, on ne peut que remarquer la similitude de ces opérations avec celles des ponts des porte-avions.  Les conditions de travail sont proches : bruit, vent, chaleur, les gestuelles aussi. ​

Ils sont pompiers professionnels ou volontaires, les services départementaux pouvant avoir des politiques différentes sur ce point. Pour le Morbihan ils sont déjà 24 a être qualifiés ce qui permet d’avoir, à coup sûr, assez de personnels disponibles pour une mission ponctuelle même en dehors de leur secteur habituel d’opérations.

Les pompiers posent en compagnie de l’équipage venu de Nîmes avant de reprendre les exercices. © F. Marsaly / Aerobuzz.fr

Une présaison tendue

A Vannes, le pélicandrome dispose d’un emplacement préparé où le nouvel opérateur de la plateforme, Sealar (Société d’Exploitation et d’Action Locale pour les Aéroports Régionaux),​ a fait tracer les marques réglementaires permettant de placer l’avion avec précision.

Une réserve d’eau de 240 m³​ est installée à demeure, elle est alimentée par des rotations d’un camion-citerne d’environ 10.000 litres qui va aspirer l’eau dans un étang tout proche lorsqu’elle est utilisée, ceci pour ne pas avoir à mettre sous pression le réseau d’eau potable local.

Reste que, l’incertitude que fait peser le préavis de grève des équipages de la Sécurité Civile pourrait rendre ces entraînements sans objet cet été si la situation aboutissait à un blocage. Du côté de la Sécurité Civile, on se veut plus rassurant : « des discussions sont en cours dans l’objectif de trouver des solutions. »

Le temps presse. En mars, Canadair et Dash sont déjà intervenus sur de nombreux départs de feux dans le sud du pays.​

Frédéric Marsaly

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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

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