Avant même le final du championnat 2016 Red Bull Air Race (16 octobre à Las Vegas), François Le Vot visait déjà le championnat 2017. 2016 a été pour lui la saison du renforcement de son équipe avec de nouveaux spécialistes. 2017 pourrait être celle des premières victoires. Il doit d’abord résoudre son casse-tête d’avion et décrocher un nouveau sponsor. L’intersaison sera tout sauf des vacances pour François Le Vot.
Le championnat Red Bull Air Race 2016 avait pourtant bien commencé… Première course à Abu Dhabi et belle troisième place gagnée par François « Zool » Le Vot. Et puis, après ça, plus rien. Tout juste un petit point récupéré à Chiba (Japon).
Le Vot a également joué de malchance : lors de la dernière manche du championnat, sur le Motor Speedway de Las Vegas, il avait réussi à sortir le Canadien Pete McLeod en première manche « Top 14 » mais, à cause d’une météo exécrable rendant les conditions de vol dangereuses, la compétition avait été proprement annulée. Néanmoins, la concurrence fut moins compliquée à gérer que son avion qui, même s’il est « moins mauvais » qu’en 2015, reste très inférieur aux autres machines du plateau.
L’avion dont il ne voulait pas…
En effet, pour qu’en 2015 François Le Vot accède à la Master Class (catégorie reine), il lui fallait un avion et le seul disponible sur le marché était celui de Michael Goulian, un Edge 540-V2 en mauvais état. Un rapide coup d’œil sur la machine suffisait à se rendre compte à quel point elle était fatiguée.
« J’ai quasiment acheté le seul avion que je ne voulais pas acheter ! Malheureusement, le contexte a fait que j’ai dû me rabattre sur cet appareil » regrette le Français, avant de poursuivre : « C’était le seul qui me permettait d’être prêt à temps car il était « Race Ready » et basé en Europe, mais il avait de nombreux défauts : il était très mal configuré. A l’intérieur, il était sale, il était modifié de partout et ces modifications étaient… enfin c’était vraiment pas du beau boulot ! »
Qui plus est, l’avion avait de gros problèmes moteur à cause de défauts majeurs au niveau des capotages : l’huile surchauffait très vite et, en deux ans, quatre cylindres ont été grillés. Difficile, dans ces conditions, de faire de bons chronos. Durant l’intersaison 2015-2016, l’équipe a donc travaillé sur une nouvelle verrière et un nouveau capot a été conçu afin de garder les températures moteur dans des valeurs acceptables. « On chauffe beaucoup moins maintenant et on a même gagné 4 à 5 nœuds » explique Le Vot.
Un Edge 540-V2 bricolé
Mais cet Edge 540-V2 a un autre gros défaut qui a handicapé le Français durant toute la saison 2016 : il dégrade énormément et surtout, dès qu’il prend un peu trop de G il devient imprévisible et dangereux : « On a récemment découvert que les ailes avaient été modifiées, notamment les ailerons qui ont été agrandis… et c’est encore du mauvais bricolage. Du coup, sous gros facteur de charge, l’avion décroche très violemment et systématiquement à gauche avec beaucoup de dissymétrie. Il ne tient pas les virages et, sur une course comme Las Vegas avec un grand virage à gauche, j’y vais avec prudence car si je décroche là, je suis mort. Bref, ça ne me met pas en confiance à bord, ni dans les meilleures dispositions pour faire de bonnes perfs » précise Zool.
Décrocher à 350 km/h et à 20 mètres du sol n’est pas vraiment une situation d’avenir. A l’heure qu’il est, Philipe Alberola, le mécanicien de l’équipe, est resté au Texas en tête-à-tête avec l’avion capricieux, bien décidé à le faire filer droit.
Une équipe en ordre de marche
A la lumière de ces informations, on ne peut que saluer la performance de Le Vot qui a terminé la saison 2016 à la 12e place, juste derrière l’Espagnol Juan Velarde qui, lui, pilotait pourtant la machine la plus performante du plateau, rachetée fin 2015 à l’Anglais Paul Bonhomme. Malgré un avion non-compétitif, Le Vot a progressé. Il se sent plus à l’aise entre les pylônes et son équipe technique s’est étoffée.
Alors qu’en 2015 le « Team Le Vot » se résumait à un manager et un mécanicien, deux « Track Analysts » ont rejoint l’écurie en 2016 : François Hanne, un pilote de chasse de la BA118 de Mont-de-Marsan, et Michael De Bellefon, un jeune polytechnicien qui travaille à la DGA à Istres.
Hanne apporte son expertise aérienne en décortiquant chaque vol (dont ceux de la concurrence) et guide le Français vers les meilleures trajectoires. De Bellefon, quant à lui, crée des outils télémétriques et traduit chaque « run » en chiffres, diagrammes et autres données de vol.
Un champion plus motivé que jamais
« Globalement, c’était une bonne saison, car avec des gens qui élaborent un plan d’action et débriefent le moindre détail, c’est beaucoup plus facile. Malgré les problèmes de l’avion, je me sens plus à l’aise et je me fais plaisir en vol. A Abu Dhabi, François (Hanne, NDLA) a bossé toute la nuit avant la course sur un montage-vidéo de mon avion et de ceux des autres concurrents pour définir le vol optimal. J’ai suivi ses recommandations et c’est clairement grâce à la lui qu’on a fait ce bon résultat ! » reconnaît modestement Le Vot.
La saison 2017 sera celle du changement pour Zool car le Français perd le sponsoring de Breitling. En effet, l’horloger suisse ne souhaitait garder qu’une seule équipe sur le plateau des Red Bull Air Race, et c’est celle de Nigel Lamb, 4e au championnat 2016, qui est logiquement favorisée. Néanmoins, la recherche de sponsors ne devrait pas s’éterniser pour François Le Vot car plusieurs pistes très sérieuses sont envisagées et certaines sont déjà en négociation.
Un autre grand changement sera peut-être aussi une nouvelle machine car Zool s’est positionné pour racheter l’avion de feu Hannes Arch, tragiquement décédé le mois dernier. L’appareil, un Edge 540-V3 affûté comme une lame de rasoir, est actuellement basé en Autriche et est un des plus performants du circuit Red Bull Air Race. Ce V3 pourrait bien être le Graal que recherche Le Vot mais pour l’heure, rien n’est encore signé.
Quoiqu’il en soit, et même si cette vente ne devait pas se faire, nous pouvons faire confiance à la légendaire détermination de Zool pour se rapprocher du haut du classement, et à l’abnégation d’une équipe qui continuera inlassablement d’améliorer les performances de son actuel Edge 540-V2 pour que les bons chronos soient au rendez-vous, en 2017.
Bastien Otelli
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