L’association des constructeurs de l’aviation générale, GAMA, a créé en 2015 un comité pour la propulsion électrique et l’innovation. En 2018, avec la pléthore de projets autour de la mobilité urbaine électrique, GAMA précise en cinq points les leviers qu’elle veut opérer pour accompagner l’aviation générale dans cette mutation, en particulier en Europe.
La GAMA (General Aviation Manufacturers Association) représente plus d’une centaine de constructeurs de l’aviation générale à travers le monde : des avionneurs, hélicoptéristes, motoristes, fabricants d’avioniques, de composants et fournisseurs de services.
L’association veut s’inscrire dans la transformation progressive de l’aviation générale et en particulier dans les domaines de la propulsion électrique et de la mobilité urbaine. La GAMA relève que les avancées rapides dans les domaines de la microélectronique et des logiciels, la capacité des batteries qui va croissante et le développement de moteurs de plus en plus efficaces, qui vont de paire avec une évolution de la mentalité du grand public, ouvrent la voie vers une évolution de l’aviation générale.
Elle a ainsi créé en 2015 l’EPIC (Electric Propulsion and Innovation Committee), un groupe de réflexion qui doit permettre aux membres de l’association engagés dans l’innovation d’être en phase avec la réglementation actuelle. EPIC regroupe au sein de la GAMA des sociétés telles que Siemens, Lilium, Uber Elevate ou Terrafugia.
Le comité se concentre également sur l’amélioration de la sécurité et la simplification des opérations aériennes, avec l’ambition d’établir des normes mondiales pour l’industrie.
La feuille de route de la GAMA tient en cinq points, qu’elle veut établir comme la norme industrielle, mais elle veut également inciter les régulateurs à suivre ces points essentiels selon elle, en particulier en Europe.
Les designs innovants nécessitent un environnement réglementaire adéquat de manière à faire progresser l’innovation et non la ralentir. Avec l’avènement des propulsions électriques et hybrides et l’automatisation grandissante, la GAMA estime que les régulateurs tels que l’EASA ou la FAA doivent faire évoluer la réglementation et les processus de certification de manière à rester en phase avec les nouvelles technologies telles que les véhicules eVTOL (electric vertical take off and landind, appareil électrique à décollage et atterrissage verticaux).
Pour l’association, les méthodes traditionnelles de formation au pilotage ne fonctionneront plus avec les nouveaux appareils de mobilité urbaine notamment. Aujourd’hui, la formation consiste à apprendre à gérer un ou deux moteurs qui brûlent du carburant. Les appareils électriques ou hybrides alignent parfois dix à vingt petits moteurs, contrôlés par un système de gestion hautement automatisé. Le pilote d’un eVTOL aura à gérer un cockpit simplifié, qu’il soit embarqué ou à distance.
Les véhicules eVTOL promettent d’être énergétiquement efficaces, respectueux de l’environnement et de décongestionner les centre-ville saturés par les déplacements automobiles. Toutefois, relève la GAMA, ces eVTOL devront opérer dans des espaces aériens qui seront partagés par d’autres véhicules aériens de toutes sortes, depuis le drone cargo de quelques kilos jusqu’à l’hélicoptère lourd. Une planification précise des vols doit être entreprise de manière à ne pas désavantager l’un ou l’autre des moyens de transport aérien et afin de ne minimiser les risques de conflits de trajectoires qui pourraient être dramatiques.
La mobilité urbaine en Europe devra prendre en considération les solutions multi-modales de transport, de manière à limiter les émissions polluantes et à minimiser le temps passé dans les transports. Ainsi, en Amérique du Sud, à Sao Polo et Mexico, Airbus Helicopters a lancé respectivement en 2017 et début 2018 sa plateforme de location d’hélicoptères Voom. Le constructeur automobile allemand Audi vient de s’associer à l’hélicoptériste de manière à proposer un lien entre le transport en hélicoptère et en voiture de luxe.
Selon la GAMA, les villes qui prévoient d’ores et déjà d’intégrer les véhicules de mobilité urbaine en tireront rapidement les bénéfices, des taxis au transport médical. Encore une fois, on notera que les constructeurs européens sont très actifs dans le domaine de la mobilité urbaine et de la production de VTOL électrique ou non, mais que les expérimentations sont menées dans d’autres pays.
L’allemand Volocopter est en cours de test de son véhicule éponyme à Dubaï, qui devrait être opérationnel rapidement.
Alors que l’Union européenne se concentre sur le cadre réglementaire entourant les drones et donne la priorité à l’établissement de règles pour leur opération, la GAMA invite les autorités européennes et notamment la commission U-Space La commission en question préconise la création d’une nouvelle classe d’espace aérien, dénommé U-Space, de la surface à 150 m d’altitude à ne pas oublier que l’avenir de l’aérien implique certes les drones sans passager ni pilote à bord, mais aussi des appareils automatiques sans pilotes mais transportant des passagers.
Avec les différents projets en cours de développement à travers le monde, qui impliquent les grands groupes (Airbus, Boeing) comme les centres de recherche (NASA, ONERA, DLR…) et une pléthore de start-ups, la propulsion électrique et la mobilité urbaine, il y a peu encore du domaine de la science-fiction, est déjà une réalité économique Daimler a investi 25 millions d’euros dans Volocopter fin 2017. En 2030, le Volocopter, rebaptisé Autonomous Air Taxi (AAT) devrait être opérationnel dans le ciel de Dubaï.
Damant souvent le pion aux industriels, les start-ups telles que le chinois Ehang ou l’allemand Volocopter ont d’ores et déjà réussi le pari de faire voler des passagers. Reste toutefois à régler le problème, complexe, de l’évolution de trafics autonomes dans un environnement à forte densité de trafic.
Alors que d’autres pays accueillent les essais de ces nouveaux véhicules, la GAMA à juste titre avertit l’Europe qui doit être vigilante pour ne pas laisser passer le coche.
Fabrice Morlon
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