Transférer les commandes à un système de secours pour ramener sur une piste un avion, de manière entièrement automatique, et ainsi sauver ses occupants était la promesse de Garmin. Pour la tenir, les constructeurs ont repoussé les limites. Exemple avec Daher et son TBM 940.
Piper a été le premier à obtenir la certification d’un avion équipé du système de secours Autoland de Garmin. C’est tout frais. Le coup de tampon date du 18 mai 2020. Cirrus Aircraft et Daher devraient suivre sous peu maintenant que la FAA (Federal Aviation Administration) a été convaincue et qu’en toute logique, l’EASA (Agence Européenne de la Sécurité Aérienne) devrait l’être aussi. Pour seulement faire admettre aux deux principales administrations de l’aviation civile l’idée qu’un avion avec ses occupants puisse quitter son niveau de vol et rejoindre une piste de manière entièrement automatique, au milieu du trafic aérien, il fallait avoir des arguments techniques solides.
En cas d’urgence, Autoland associé à la suite avionique G3000 est capable de prendre entièrement le contrôle de l’avion et d’atterrir sur l’aéroport le plus proche et le plus approprié sans intervention humaine. Les paramètres pris en compte pour choisir cet aéroport portent sur les performances, l’exploitation et l’environnement. Pendant toute la durée du vol, le système donne des messages visuels et verbaux simples dans un langage clair afin que les passagers de l’avion sachent à quoi s’attendre. De plus, le système communique automatiquement avec le contrôle du trafic aérien (ATC), informant les contrôleurs et les pilotes opérant à proximité de l’avion au sujet de sa position et de ses intentions.
Lors de l’approche, le système amorce une descente contrôlée vers l’aéroport. Une fois en configuration d’atterrissage, l’avion commence sa descente vers la piste. Sur la piste, le freinage automatique est appliqué tout en suivant l’axe de la piste pour immobiliser l’avion. L’arrêt du moteur est également automatisé afin que les occupants puissent sortir de l’avion en toute sécurité.
Voilà pour le principe défini par Garmin. Restait aux avionneurs à l’intégrer à leurs avions respectifs. En d’autres termes, des fonctions qui, même sous pilote automatique, exigeaient l’intervention du pilote aux commandes, ont dû être automatisées. C’est le cas par exemple de la sortie du train d’atterrissage.
Sur le TBM 940, le système de secours est déclenché manuellement par le pilote s’il se sent dans l’incapacité de poursuivre le vol ou par les passagers si le pilote est inconscient. Un bouton a été installé sur le tableau de bord à cet effet. En même temps qu’une vidéo explique aux passagers ce qu’il va se passer et donne les consignes à suivre, le système passe en code transpondeur d’urgence. Le contrôle aérien sait dès lors qu’il est en présence d’un avion avec lequel il ne va plus pouvoir communiquer.
Le système détermine instantanément la piste sur laquelle il va poser l’avion située en principe dans un rayon de 200 NM. L’idée est de ramener les occupants le plus rapidement possible, au cas notamment où il y aurait une urgence médicale. Toutefois, il ne s’agit pas d’une descente d’urgence, mais d’une descente optimisée jusqu’au point du début de la séquence finale d’approche sur un plan de 4° : allumage des phares, sortie du train d’atterrissage, volets braqués à 20° en position atterrissage, vitesse stabilisée à 95 kts (sans vent).
En temps normal, le pilote déconnecte le pilote automatique en phase d’approche, au plus tard lorsqu’il passe 200 ft. Lorsque c’est l’Autoland de Garmin qui est aux commandes, tout doit être automatisé. Non seulement la sortie du train ou des volets, mais également le freinage complet et l’arrêt du moteur. Autant de fonctions que Daher a dû développer pour rendre entièrement autonome son TBM 940. C’est dans cette logique aussi que le contrôle de l’axe de lacet a été réalisé afin notamment de maintenir la trajectoire, au roulage, sur la piste. Le pilote automatique est capable de conserver cet axe. Toutefois en cas de cisaillement de vent, c’est au pilote de récupérer l’avion. Sans pilote aux commandes, l’avion se débrouille seul !
C’est un travail important qui a nécessité deux ans de développement et d’essais. L’Autoland (rebaptisé HomeSafe par Daher) est aussi la somme de toutes les innovations introduites dans la gamme TBM au cours de ces cinq dernières années afin d’intégrer l’automanette associée au Garmin G3000.
Dès que Daher aura obtenu la certification du TBM940 « Homesafe » équipé de l’Autoland, le système de secours sera proposé en série. Une manière d’affirmer que la sécurité n’est pas une option !
Une remise de 65.000 $ est consentie aux clients qui n’en voudraient pas. Apparemment, aucun des acheteurs de TBM 940 n’y a renoncé jusqu’à présent. Par ailleurs, tous les TBM 90 livrés en 2019 peuvent être équipés. La mise à niveau (retrofit) est facturée 85.000 $. Le TBM 940 tout équipé « « package Elite », intérieur luxe et 5 ans de maintenance incluse est proposé à 4,504 M$.
Gil Roy
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Ancien pilote militaire et pilote de ligne, avec de nombreuses heures en monomoteur, je dénonce le délire des ingénieurs qui veulent que leur programmation d'un ordinateur soit toujours supérieure aux réflexes et à l'expérience d'un pilote.
Si le pilote du 320 avait écouté les conseils des "ingénieurs" au lieu de se poser dans la baie d'Hudson ils seraient tous morts et ce serait encore la faute des pilotes !
Pour la sécurité, c'est un progrès indéniable.
Maintenant, vu le tarif, il risque de n'y avoir que peu de C150 ou de DR400 équipés...
Et à plus forte raison de vélos, même électriques !
Un progrès ? Déléguer sa sécurité à une machine (toujours faillible) ? Je ne crois pas. Le problème est l'absence d'attention du pilote qui se croit en sécurité et qui n'a pas vu que le système s'est mis en mode dégradé, ou qui, lorsqu'il s'en rend compte, est à la rue car il n'a pas suivi son propre vol de manière détaillée. Gaffe aux faux amis !
Ben oui! il suffit de presser le bouton juste après le décollage et de choisir la destination comme déroutement....
plus sérieusement il faut ajouter une détection d'homme mort pour sauver le pilote seul à bord (il y a eu des cas d'anorexie)
Je pense que vous voulez parler d'anoxie...Même seul à bord et sans hôtesse, le pilote doit (encore?...) avoir droit à un plateau repas!
Ca y est... on a autorisé à transformer un avion piloté en drone transportant des passagers... Il suffira ensuite de programmer la navigation et il n'y aura même plus besoin d'emmener un pilote !
C'est pas ce que veulent faire les divers multirotors taxi ?
Drôle de progrès ! Voitures autonomes, drones autonomes, avions autonomes... Et mon vélo, c'est pour quand ?
...Et c’est peut-être en expérimentant grandeur réelle un schmilblick du même genre qu’on a perdu un B777 quelque part entre le Vietnam et l’Antartique... (BHUAP, sur décision de Bush junior après le 11 sept.)
Mais si c’est ça, il n’y aura sûrement pas autant de pub que pour le TBM....