L’après-Ecalle s’écrit en argent

Olivier Masurel et Aude Lemordant sacrés vice-champions de monde derrière Mikhail Mamistov et Svetlana Kapanina. La France vice championne du monde par équipe derrière les russes. Un an après la disparition de Renaud Ecalle, l’équipe de France e voltige aérienne a prouvé qu’elle a su se reconstruire…

A l’exception d’un passage pluvieux, le soleil a brillé d’un bout à l’autre du 26ème championnat du monde de voltige aérienne qui s’achève ce week-end à Foligno, en Italie. Le titre revient à un habitué des podiums, le russe Mikhael Mamistov. Olivier Masurel, pour sa deuxième participation à un championnat du monde, se classe deuxième. La carrière de ce jeune pilote discret ne fait que commencer, contrairement à celle de Mamistov…

Chez les filles, le scénario est symétrique. Le titre revient à une russe très expérimentée. La sublime Svetlana Kapanina, nouvelle championne du monde, était déjà une redoutable adversaire pour Catherine Maunoury. Elle s’est révélée intouchable pour la jeune Aude Lemordant, sacrée vice-championne du monde. La championne de France qui réalise sa meilleure saison, se révèle.

A l’heure des bilans, il faut aussi retenir la cinquième place d’Alexandre Leboulanger qui ne cesse de progresser d’une compétition internationale à l’autre. Il y a également, le retour prometteur à la voltige de Nicolas Ivanoff. Comme à l’Euro 2010 et au Mondial 2009, Mikael Brageot se classe parmi les quinze premiers. Certes, pour lui qui visait un podium, ce n’est surement pas satisfaisant, mais il est encore très jeune et son Sbach 300 est tout neuf. François Le Vot a plus de raison d’être déçu de son classement. Il vaut mieux que cette neuvième place. Il l’a prouvé par le passé. Le haut niveau ne laisse pas le droit à l’erreur. Kathel Boulanger et Pierre Varloteaux peuvent eux aussi en témoigner…

Malgré les résultats en retrait accidentel de ces trois pilotes, globalement, l’équipe de France a montré un visage rassurant. Outre les trois titres de vice-champions du monde, les français remportent 4 autres médailles. Olivier Masurel s’adjuge l’or au programme libre devant trois russes. Nicolas Ivanoff et Olivier Masurel, remportent respectivement l’argent et le bronze au premier Inconnu. Olivier Masurel, toujours lui, remporte l’argent au second inconnu. Avant le début du mondial, il était difficile de savoir si la sélection française avait réussi à trouver ses marques.

La disparition accidentelle de Renaud Ecalle, en octobre dernier, a creusé un immense vide dans le petit monde de la voltige de haut niveau. Dès lors, on pouvait craindre qu’il faudrait plusieurs saisons à l’équipe de France pour se reconstruire et trouver de nouveaux repères avant de regagner son rang dans la hiérarchie mondiale, tant ce champion d’exception qu’était Renaud a dominé la discipline, très haut au-dessus de ses adversaires… et de ses coéquipiers. Ce premier championnat international sans Renaud a levé les doutes qui pouvaient encore exister. Il a aussi confirmé que la France est une grande nation de voltige aérienne. La jeunesse des pilotes médaillés et leur cursus en attestent.

Contrairement à la plupart des autres pays qui constituent leurs équipes nationales de manière opportuniste en s’appuyant sur des individualités qui ont les moyens financiers de s’offrir leur propre avion et leur entraineur personnel, la France de la voltige est structurée. L’exception française qu’est le statut de sportif de haut niveau permet de donner leurs chances à de jeunes pilotes qui ont du talent, mais pas forcément les moyens de se payer des heures de vol à 200 ou 300 euros. La mise a disposition de la Fédération française aéronautique de cadres techniques par le ministère des sports est également un plus qui garantit une certaine continuité de la politique sportive.

Cet environnement permet de suivre les compétiteurs dans leurs clubs d’origine et de détecter les potentiels. Il permet également aux compétiteurs de niveau international de bénéficier de stages d’entraînement encadrés par le meilleur des entraineurs. Le monde entier nous envie Coco Bessière.

Qui mieux qu’Olivier Masurel ou Aude Lemordant peuvent illustrer, cette année, l’efficacité de cette politique ? Ces deux jeunes pilotes de l’Amicale de voltige aérienne (AVA), club présidé par Régis Alajouanine et dont fait également partie Alexandre Leboulanger, ont rejoint la sélection nationale en 2009 et dès lors ils ont pu bénéficier d’un entrainement haut de gamme. Saison après saison, ils ont gravi les échelons. Et même si cette année, à Foligno, ils ont fait des podiums, ils ont encore une belle marge de progression. On notera au passage, qu’ils volaient sur le Cap 332SC préparé par Régis Alajouanine. Un avion de club gonflé comme une formule 1 qui a démontré que le « bois et toile » d’Auguste Mudry n’avait pas encore dit son dernier mot. Entre les mains de bons pilotes, le Cap n’a pas de complexe à avoir face aux Extra 330SC, ni même au Sbach 300. Depuis l’apparition de ces deux monoplaces modernes, Coco Bessière s’acharnait à décomplexer ses pilotes « obligés » de voler sur Cap232. Apparemment, il y est arrivé.

Le bilan français du championnat du monde devrait également calmer l’inquiétude de ceux qui pensent que la voltige française est tenue par les militaires et qui déplorent à tort que les civils n’ont plus leur place en équipe de France. L’équipe de France, cette année encore, ce n’était pas six civils et trois militaires (dont un ouvreur), mais neuf sportifs de haut niveau soudés. Et l’EVAA est aussi une exception française qui jusqu’à présent a bien réussi à la France. Elle a donné les moyens à des pilotes issus des aéro-clubs de faire de belles carrières sportives, elle a fourni à la voltige française son meilleur entraineur et en aucun cas, elle n’a tari le réservoir comme le démontre la vitalité de la voltige française qui s’est exprimée cet été, non seulement à Foligno à l’occasion du mondial, mais également au championnat d’Europe Advanced où les français ont fait main basse sur le stock de médailles d’or ! L’avenir de la voltige française s’annonce radieux.

Vive les voltigeurs français et bravo à l’encadrement technique des équipes de France !

Gil Roy

Retrouvez la chronique du Mondial 2011

CLASSEMENT GENERAL

| .|PILOTES|AVIONS|PAYS |Q|C|I1|I2|SCORE |%|
|1|Mikhail Mamistov|Sukhoi 26M3|RUS|1|3|1|1|11924,47|78,87|
|2|Olivier Masurel|Cap332|FRA|13|1|3|2|11805,83|78,08|
|3|Oleg Shpolyanskiy |Sukhoi 26M32|RUS|4|4|4|3|11703,88|77,41|
|4|Svetlana Kapanina|Sukhoi 26M32|RUS|7|2|10|4|11658,09|77,10|
|5|Alexandre Leboulanger|Cap 232|FRA|12|8|8|5|11512,77|76,14|
|6|Nicolas Ivanoff|Edge 540|FRA|3|9|2|11|11505,10|76,09|
|9|François Le Vot|Extra 330SC|FRA|10|10|5|19|11319,43|74,86|
|14|Michael Brageot|Sbach 300|FRA|16|12|18|16|11137,53|73,66|
|15|Aude Lemordant|Cap332|FRA|11|17|20|13|11011,12|72,82|
|23|Kathel Boulanger|Sbach 300|FRA|5|38|16|10|10505,90|69,48|
|24|Pierre Varloteaux|Extra 330SC|FRA|21|26|30|18|10479,16|69,31|

– Le classement général reprend les classements par programme : « Q » pour Qualificatif, « C » pour Connu, « I1 » pour Inconnu 1 et « I2 » pour Inconnu 2. [Le classement général->http://www.civa-results.com/2011/WAC11/multi_R003s01s02s03s04.htm
]