Lors de la saison estivale 2022, la flotte de la Sécurité Civile a été… sous les feux de l’actualité à son corps défendant. Il était alors trop tard pour faire de la pédagogie vers la presse ou le grand public. Tirant les leçons de ces évènements, la base de Garons a ouvert ses portes aux médias nationaux et locaux afin de faire passer messages et informations indispensables à une meilleure compréhension des opérations aériennes à venir.
Les annonces récentes du ministre n’ont pas pu être plus détaillées car les contrats et les accords sont, pour la plupart, encore en phase de finalisation. Il en est de même pour la commande des DHC-515. Ces questions-là évacuées, c’était l’occasion aussi d’approfondir d’autres sujets.
Si les feux de 2022 ont été records (12 000 départs de feux dont seulement 9 ont représenté 90% des plus de 72 000 ha brûlés) tous les acteurs se félicitent du peu d’impact qu’ils ont eu sur les habitations et surtout, ils n’ont fait que quelques blessés. Aucune victime à déplorer. Mais ce n’est pas pour autant que les polémiques ont été absentes.
La Disponibilité en question
Mme Adeline Savy, cheffe des moyens aériens de la Sécurité Civile, a tenu apporter une réponse ferme à la question de la disponibilité des aéronefs, notamment des Canadair, dont il a été fortement débattu cet été : « La disponibilité de la flotte a été de 90%. Il y a eu des journées difficiles et à un moment on a eu une concentration de soucis. Mais une heure, trois heures ou six heures plus tard, la situation était différente car la maintenance ne s’arrête jamais ! »
Il était effectivement nécessaire de rappeler que les opérations des avions amphibies sont exigeantes et que les appareils doivent encaisser des contraintes effarantes, notamment lors des opérations d’écopage. Il n’est pas rare que les équipages ramènent à la base un avion « cassé » ! « Le terme cassé est de l’ordre du vocabulaire courant des équipages, il ne signifie pas que l’avion est détruit, ça signifie juste qu’il y a quelque chose à réparer afin que l’avion demeure en ordre de vol (et les impératifs à ce niveau-là sont d’une exigence extrême comme tout ce qui touche la sécurité aéronautique), et que l’avion ne pourra pas repartir en mission avant que le problème ne soit résolu » a précisé Mme Savy. Les immobilisations peuvent alors durer quelques minutes mais si une pièce importante doit être changée, l’opération peut-être plus longue ce qu’elle a résumé en une phrase laconique « approvisionner en pièces, exercice difficile ! »
Les effectifs sont, aujourd’hui, d’un peu plus de 80 pilotes et copilotes : « Nous faisons des demandes d’ouverture de poste. A termes, nous aimerions retrouver un effectif total d’une centaine de pilotes » explique un des cadres du personnel navigant. En filigrane, on comprend qu’au cours de l’été dernier, avec les repos obligatoires et les faiblesses de certains effectifs, des avions n’ont pu décoller faute d’équipages suffisants. Les accords signés avec le Ministre de l’Intérieur ont pour objectif de mettre aux oubliettes ce problème. La flotte de la Sécurité Civile a totalisé 3800 heures de vol sur feux et 8600 largages avec 19 avions, auxquels s’ajoute les 5700 largages des 10 hélicoptères loués pour la saison au titre des moyens nationaux.
Le déploiement de la flotte
Les interrogations sur le déploiement de la flotte ont été également nombreuses : « On ne peut pas, on ne veut pas, disséminer la flotte de Canadair car son mode opératoire c’est la Noria ! » Une « Noria » c’est quatre CL-415, ou plus, dont l’action se complète avec efficacité. La doctrine française donne la priorité à l’attaque des feux naissants, les interventions massives des norias ont aussi largement démontré leur intérêt.
Comme tous les étés, deux CL-415 seront néanmoins basés à Ajaccio. En ce qui concerne Bordeaux, les avions pourront être prépositionnés pour 48 ou 72 heures en cas de fort risque sur la forêt des Landes, en plus des aéronefs supplémentaires annoncés par le ministre précédemment et loués au titre des moyens nationaux.
Pour déclencher ces prépositionnements, plusieurs cellules de prévisionnistes supplémentaires de Météo France auront pour tâche de fournir des indicateurs précis et fins tandis que l’Office National des Forêts fournira des indicateurs précis de la sensibilité immédiate des végétations à l’embrasement. Le matériel terrestre va aussi bénéficier d’un plan de renouvellement car, si la maintenance des Canadair a pu faire parler, il semblerait que le matériel roulant des pompiers a aussi beaucoup souffert et des interrogations existent sur leur capacité à assurer une nouvelle saison infernale.
Le possible retour des hélicoptères bombardiers d’eau
Parmi les annonces faites par le Président et confirmées depuis par le Ministre de l’Intérieur, figure l’acquisition de deux hélicoptères lourds destinés à intégrer la flotte de la Sécurité Civile. « Un appel d’offres doit être rédigé, le type d’appareil n’est donc pas encore défini ». Le dossier avance d’autant plus qu’un vecteur lourd trouvera une place facilement dans les différents dispositifs et les missions habituellement dévolues aux Dragon.
Un des nouveaux Dragon H145D3 était également exposé. Si l’appareil pourrait prétendre à la succession des EC-145 en service depuis une vingtaine d’année pour les plus anciens, rien n’est écrit. Le marché de renouvellement de la flotte est aussi à l’étude mais le type d’appareil n’a pas encore été tranché, la décision sera prise, là aussi, après un appel d’offres. Par contre, et c’est là une nouveauté importante, la Sécurité Civile envisage de retrouver une capacité qui n’a plus été exploitée depuis le retrait des Dauphin, celle de pouvoir aussi opérer des missions HBE avec un système sous élingue type Bambi Bucket. Néanmoins, comme a tenu à le préciser Mme Savy, la possibilité de les gréer en HBE (hélicoptère bombardier d’eau) avec un « Bambi » doit être étudiée avec une contrainte essentielle : « la mission de secours à personne doit rester absolument prioritaire. » Ainsi, les futurs Dragon auront la possibilité d’attaquer des feux mais uniquement comme mission secondaire.
Les caméras des Beech
Du côté du secteur Beech, on raconte la montée en puissance de l’outil optronique. Pour la saison à venir, deux des trois King Air 200 seront dotés de la boule-camera, un seul l’était lors de la saison précédente. Pour les équipages, c’est une révolution comme nous l’indique l’opérateur caméra présent dans l’avion : « l’an dernier, non seulement nous avons pu travailler sur les feux mais nous avons multiplié les missions ! Contrairement aux drones, le Beech est un outil rapide, qui peut être déployé d’un bout à l’autre du pays en quelques heures, ainsi nous avons travaillé sur les contours des feux de Landiras et de la Teste mais d’un coup d’aile, nous avons pu être déployés en Corse après la tempête pour faire de la recherche thermique de personnes en difficultés puis dans les Alpes après une sévère avalanche. » L’outil de visualisation ouvre des perspectives pour le secteur, pilotes et opérateurs le confirment : « on aimerait bien avoir un avion de plus ! »
Le secteur Dash bientôt au complet
Le secteur Dash avait le plaisir d’annoncer que le 8e avion allait bientôt arriver, un équipage français est présent en ce moment à Abbotsford en Colombie Britannique pour réceptionner l’appareil chez l’industriel Conair. Le convoyage est pour bientôt. Quoi qu’il en soit, il sera opérationnel pour la saison à venir ce qui pourrait peser lourd pour les missions à venir. La benjamine de la base, Camille, qui vient juste d’abandonner son siège de droite sur les Boeing 737 de Ryanair, ne volera pas sur feux cet été, elle va passer sa qualification de type à Toronto puis s’aguerrir sur la machine en effectuant les vols de transport mais on sent, à l’écouter, sa hâte de découvrir les missions feux… et l’île de la Réunion aussi !
En conséquence de l’utilisation plus qu’intensive de la flotte l’an dernier, rien n’a pu être organisé pour célébrer les 60 ans de l’arrivée des deux premiers Catalina bombardiers d’eau français en juin 1963 et les Canadair et autres Dash ne devraient participer à aucun meeting aérien cette saison.
L’opportunité de pouvoir approcher ces avions a donc été offerte aux presses nationales et locales et devrait permettre de sensibiliser les médias aux spécificités des missions de ces aviateurs hors du commun. Cette expérience indispensable gagnera à être effectivement reconduite et pérennisée.
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