La fée Velis Electro

Le Velis Electro incarne la transition énergétique de l’aviation légère. Pipistrel a amorcé le changement en relevant le défi de la certification du premier avion électrique au monde. La Fédération française aéronautique en a écrit le mode d’emploi. Green Aerolease rend la chose possible.

Regardons la réalité en face. Pour les industriels en place, l’aviation électrique est un vecteur de communication qui peut aider à se sortir du bourbier environnementaliste dans lequel les ont entrainés les ONG écologistes. Ils se débattent avec plus ou moins de succès pour essayer d’en sortir. Ils ont tenté de renverser la situation à leur avantage en proclamant l’hydrogène comme la nouvelle frontière. Il faut calmer le jeu par tous les moyens et gagner du temps.

La révolution énergétique n’est pas pour demain. Et d’ici là, il faut continuer à voler.

Parce que, contrairement à ce que certains activistes pensent, si Airbus, Boeing, Embraer ou encore ATR construisent des avions, c’est d’abord parce qu’il y a une demande de voyages aériens à laquelle il faut répondre.

Trop occupés à ferrailler avec les écologistes, les états-majors des groupes industriels oublient de regarder autour d’eux. A moins qu’ils soient victimes du manque de culture aéronautique de leurs conseillers. Parce que quand l’industrie aéronautique promet un monde meilleur à l’aube de 2035, voire 2050, la « petite aviation » offre du concret, ici et maintenant. Tout est en place pour débuter la formation des futurs pilotes de ligne sur avion électrique. C’est une réalité !

Il suffirait de faire savoir que les futurs pilotes d’Airbus sont en train d’être formés sur avion électrique pour montrer que le transport aéronautique est à la hauteur des enjeux environnementaux.

Le regard du grand public sur l’avion pourrait changer. Quoi qu’il en soit, l’aviation légère a pris de l’avance et la transition énergétique est passée à la vitesse supérieure ces derniers mois. Tant pis pour les « grands » s’ils ne regardent pas du bon côté.

Il y a tout juste un an, l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) certifiait le Velis Electro de Pipistrel. Le Velis Electro demeure à ce jour le premier et le seul avion électrique certifié au monde.

En 2020, Pipistrel a livré 13 avions électriques. Au premier trimestre 2021, il en a livré 14 de plus. Actuellement, le constructeur slovène en produit 5 par mois. La Fédération française aéronautique (FFA), client de lancement, en a commandé 6. AlpinAirPlanes en possède 13 qui sont exploités dans une dizaine d’écoles de pilotage en Suisse. Cette flotte réalise en moyenne 150 heures de vol par mois. Au total, les Velis Electro en service dans neuf pays européens totalisent plus de 1.500 heures de vol.

Plus de 200 pilotes ont déjà été lâchés sur le Velis Electro de Pipistrel et 29 pilotes instructeurs qualifiés.

L’électrification de l’aviation légère est en marche. Elle connaît une accélération depuis le début 2021. En janvier 2021, Pipistrel a enregistré la commande du français Green Aerolease portant sur 50 unités, assortie de 150 options. Un potentiel total de 200 Velis Electro proposés en location longue durée de 3 ans. Green Aerolease propose une formule encadrée qui permet aux opérateurs intéressés de franchir le pas en limitant les risques, l’assurance et l’entretien étant inclus dans le forfait. Le concept Zoe adapté à l’aviation légère !

Depuis qu’il a lancé cette offre de location longue durée sur le marché, Green Aerolease a enregistré plus de 300 demandes. Si le processus de décision est long au sein des aéro-clubs, en revanche les entreprises privées, en particulier les écoles, sont beaucoup plus réactives. Le loueur a débuté ses livraisons en juin 2021 à l’école Fly Provence d’Aix-les-Mille qui en a commandé deux. L’école EPAG-NG de Merville sera également parmi les premiers servis, ainsi que l’armée de l’air danoise (2 avions).

Green Aerolease ne veut pas se contenter de louer ses avions. Il réfléchit actuellement au service qu’il peut proposer à ses clients, et plus particulièrement aux aéro-clubs, pour les aider à intégrer l’avion électrique dans le fonctionnement de la structure afin qu’il trouve sa place dans le cursus de formation mais aussi dans la mise à disposition des pilotes brevetés. Des réflexions sont également menées pour aider les clubs à développer leur activité électrique. Le rapprochement avec Wingly, la plate-forme de vol en partage de frais élargi va dans ce sens.

La Fédération française aéronautique a permis de mettre au point un cadre d’utilisation du Velis Electro. Ce travail de fond qui lui a demandé un investissement de plusieurs années et une détermination inébranlable paie aujourd’hui. D’une certaine manière Green Aerolease prend, désormais, le relai, tout en sachant que la FFA continue à œuvrer pour la promotion de l’aviation électrique. A travers la France, elle organise des essais de longue durée afin que les clubs puissent tester en vraie grandeur le passage à l’électrique. Les efforts des uns et des autres convergent dans l’intérêt de l’aviation de loisir. Libre à l’aviation commerciale de profiter de cette dynamique !

Gil Roy