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Aviation Générale

La formation des télépilotes se spécialise

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Gil Roy

Le développement du drone passe par sa fiabilité. Elle dépend évidemment du matériel, mais aussi de sa mise en œuvre. D’où la nouvelle formation de télépilote entrée en vigueur le 1er juillet 2018, mais aussi les exigences accrues des donneurs d’ordres industriels. Bien que le pilote ne soit pas à bord, pour le drone aussi, la sécurité est étroitement liée au facteur humain. La formation en débat à UAV Show 2018.

Dans le contexte de la publication de la réglementation française dans le domaine et de l’arrivée prochaine de la réglementation européenne, faire le point sur les enjeux de la formation des télépilotes en matière de sécurité des opérations, des attentes et besoins des donneurs d’ordres industriels, des solutions proposées par les centres de formation et recevoir le témoignage et le retour d’expérience d’une fédération d’un pays voisin.

Pour devenir télépilote de drone il n’est plus nécessaire d’être un expert de l’ULM. Jusqu’à présent, en effet, le drone empruntait aux aéronefs pilotés leur brevet théorique, et comme celui de l’ULM avait la réputation d’être le moins complexe de tous, il a été massivement adopté par la filière drone. « Depuis le 1er juillet 2018, la réglementation instaure un brevet théorique de télépilote spécifique au drone et impose une formation pratique basique dans une école agréée. », résume Bertrand Huron de la Direction de la sécurité de l’aviation civile (DSAC).

Passage obligé par une école

La prochaine évolution réglementaire sera l’aménagement de la transition des textes nationaux vers l’Europe. Il faudra attendre fin 2018, début 2019, pour connaître les grandes lignes de la réglementation européenne propre au drone. Son entrée en vigueur devrait se faire au plus tard en 2021.

L’une des évolutions réglementaires majeures au niveau national est l’obligation faite désormais aux candidats de passer par un opérateur déclaré qui a mis en place une formation destinée à maitriser les compétences nécessaires. L’arrêté du 18 mai 2018 liste ces compétences. Le programme de formation qui ne fait pas l’objet d’une approbation de la part de la DGAC doit permettre de les acquérir. Un livret de progression est rendu obligatoire. La réglementation belge qui date du printemps 2016 impose trois jours de formation théorique et 10 à 15 heures de pratique. Cette formation est sanctionnée par un examen théorique d’état et un examen pratique avec un examinateur agréé.

A défaut d’agrément, un label

Patrice Rosier, qui dirige à Bordeaux Reflet du monde, une société spécialisée dans le drone (la formation représente plus de la moitié de son activité) ne cache pas sa satisfaction que la nouvelle réglementation soit désormais spécifique, et qu’elle se rapproche de l’aéronautique : «  Il est en effet question d’analyse de sécurité ».

Le formateur qu’il est, craint, en revanche, que beaucoup de petites écoles ne puissent plus être compétitives du fait des contraintes induites par la réglementation du 1er juillet 2018. Il évoque une concurrence sur les prix qui au final pourrait être préjudiciable à la qualité. A défaut d’un agrément de la DGAC, il appelle de ses vœux une labélisation des écoles par la Fédération professionnelle du drone civile.

Des cursus adaptés aux métiers

Un souhait partagé par les donneurs d’ordres qui sont de plus en plus à avoir intégré la fonction drone. C’est le cas d’Enedis. Le gestionnaire du réseau de distribution de l’électricité en France compte une cinquantaine de techniciens réseau qualifiés télépilotes. « Ils ont été formés dans le cadre de l’ancienne réglementation qui était légère en termes d’exigence. Le nouveau texte clarifié la formation de télépilote », estime Michel Cordonnier qui pilote le projet drone d’Enedis au niveau national.

Il travaille actuellement à la rédaction d’un cahier des charges qui complètera le cursus obligatoire avec des axes métiers. Il s’agira par exemples de former les futurs télépilotes à voler à proximité des lignes à haute tension et des postes électriques. La question qu’il se pose est celle du contrôle de la qualité de la formation dispensée. On en revient à l’idée d’un label.

Le drone appréhendé comme un outil

Les missions des techniciens réseaux d’Enedis qui mettent en œuvre des drones entrent le plus généralement dans le scénario S2 de la réglementation française. C’est-à-dire que le drone d’une masse maximale au décollage de 25 kg, évolue, hors agglomération, à une altitude maximale de 50 m et à une distance maximale de 1 km du télépilote. Les opérations peuvent donc se dérouler hors vue.

Dans les faits, les techniciens mettent en œuvre leur drone beaucoup plus léger pour aller vérifier un défaut ou une réparation sur une ligne, pour survoler un poste électrique. C’est la raison pour laquelle Michel Cordonnier suit avec intérêt les travaux de l’EASA qui pourraient déboucher pour la France sur la création d’un scénario S0 qui impliquerait une formation allégée.

Infuser une culture aéronautique

A l’opposé, l’Ecole nationale de l’aviation civile a ouvert en janvier 2018 une formation spécialisée dans l’exploitation du drone. Il s’agit d’un master spécialisé qui recrute au niveau Bac + 5 et qui d’une certaine façon vise à jeter des ponts entre le drone et l’aéronautique, notamment en ce qui concerne la sécurité et son corolaire l’analyse du risque.

Tous les professionnels s’accordent aujourd’hui pour reconnaître que, contrairement aux idées véhiculées depuis le début des années 2010, la réglementation n’entrave pas le développement de l’activité. Le drone prendra son envol lorsqu’il aura démontré sa capacité à se hisser au niveau de sécurité de l’aéronautique. Il ne s’agit évidemment pas de viser directement un taux d’accident de 10-9 mais de s’en rapprocher le plus rapidement possible. Cela passe par la fiabilité du matériel et la qualité de la formation.

Gil Roy

Table-ronde : Les enjeux de la formation

UAV Show 2018, Bordeaux-Mérignac Jeudi 11 octobre 2018 de 10h00 à 11h20

Dans le contexte de la publication de la réglementation française dans le domaine et de l’arrivée prochaine de la réglementation européenne, faire le point sur les enjeux de la formation des télépilotes en matière de sécurité des opérations, des attentes et besoins des donneurs d’ordres industriels, des solutions proposées par les centres de formation et recevoir le témoignage et le retour d’expérience d’une fédération d’un pays voisin.

Intervenants

  • Enedis – Michel Cordonnier, Chef du service appareillage
  • BeUAS – Patrick Mascart, Secrétaire de la Fédération professionnelle des drones de Belgique, Expert formation, instructeur/examinateur
  • FPDC – Erwin Geoge, Délégué Formation
  • Reflet du monde – Patrice Rosier, Co-fondateur et co-gérant
  • DGAC/DSAC – Bertrand Huron, Adjoint pôle personnel aviation civile – DSAC/ERS
  • ENAC – Dominique Vial, Coordonnateur des formations Drones

Table-ronde animée par Gil Roy, rédacteur en chef d’Aerobuzz.fr

 

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Et il y a plus d'un modéliste qui ragent du fait, entres autres, des + de 800g , de l'identification via une étiquette "visible" (imaginez une maquette volante avec une belle "étiquette" ...), le signalement électronique, l'enregistrement (tiens , une taxe à venir pour frais de fonctionnement de la DGAC ?). Allez sur les terrains et parlez leurs de drone ...

  • Je ne savais pas que les drones faisaient parti de l'aviation generale!!
    Et pourquoi pas les modèles réduits d'avions radiocommandes, les cerfs volants,... ?

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