A l’issue d’une réunion des acteurs impliqués dans les difficiles combats contre les feux de forêt de cet été, où plus de 72.000 ha sont partis en fumée, le Président Macron a annoncé un renforcement notable des moyens aériens pour les années à venir : une augmentation du nombre d’hélicoptères et d’avions, le choix probable du DHC-515 notamment, mais aussi la participation des compagnies aériennes à un gigantesque programme de reboisement.
Au cours de son discours le Président de la République a déclaré :
« Nous devons renforcer les moyens de lutte contre les incendies. (…) Dans l’imaginaire collectif, c’est évidemment le « Canadair » qui est cet instrument de lutte contre les feux. C’est l’avion le plus éprouvé, le plus performant. J’entends dire que nous en manquons mais la question n’est pas tant d’en acheter que d’en produire. (…) Nous allons investir massivement pour que d’ici la fin du quinquennat ces 12 soient remplacés et que leur nombre soit porté jusqu’à 16.«
Emmanuel Macron, président de la République
Succession et augmentation de la flotte de Canadair
En effet, la chaîne de production du CL-415 s’est arrêté chez bombardier au 95e exemplaire en 2015 et les droits ont ensuite été transférés à Viking Air et au groupe Longview.
Le DHC-515 disposait jusqu’à présent de 22 intentions de commandes dont 12 pour l’Europe via le dispositif RescEU. Sur ces 12 appareils, deux seraient ensuite exploités par la Sécurité Civile française. Les 10 autres pourraient être destinés à d’autres clients non dévoilés mais dont la Grèce pourrait faire partie.
Pour que la Sécurité Civile puisse obtenir les 14 autres avions dont elle a besoin dans les délais impartis, il faudrait que la France signe sans tarder les premières commandes fermes. Au passage, elle deviendrait le client de lancement du DHC-515 comme ce fut le cas pour les CL-215 et 415. Néanmoins, même si le programme choisi – beaucoup d’éléments laissent penser que ça pourrait être le DHC-515 – se déroule sans accroc, il est illusoire de penser que les 14 ou 16 avions pourront être livrés et opérationnels d’ici mai 2027 !
« Réouvrir une chaîne d’excellence dont le nom est familier de tous et qui était tombé, en raison des faibles commandes, ces dernières années.«
Emmanuel Macron, président de la République
A moins que le volume de commandes signé n’oblige DHC à lancer une production massive, alors même que son ambitieux projet de De Havilland Field ne serait pas encore achevé ?
« Nous allons aussi procéder à une revue européenne pour essayer de mobiliser le maximum de commandes européennes et donner du volume de production pour que nous puissions avoir une stratégie industrielle derrière et donner ainsi de la certitude (…)«
Emmanuel Macron, président de la République
Le DHC-515 devant être certifié comme une variante du CL-415, on pourrait penser qu’il s’agit d’un choix à risque minimal. Mais relancer cette histoire industrielle est aussi un grand défi. Le choix de l’appareil à construire est stratégique et à ce titre, les appareils, comme le Seagle, qui mettent l’industrie européenne au cœur de leur projet ne manquent clairement pas d’atouts non plus.
En attendant la livraison de ces avions, ce qui risque de comporter son lot de rebondissements, d’autres axes ont été présentés pour améliorer la lutte contre les feux de forêt qui ne manqueront pas de s’intensifier.
Vers une diversification des moyens.
Au cours des deux saisons précédentes, initialement pour compenser le retrait prématuré des Tracker en attendant la livraison de tous les nouveaux Dash 8, les moyens aériens ont été renforcés par plusieurs hélicoptères bombardiers d’eau lourd, type H225, auprès de compagnies privées comme Airtelis (filiale de RTE). Ce dispositif va être maintenu et singulièrement renforcé :
« D’abord sur les hélicoptères lourds, dès l’année prochaine nous loueront 10 hélicoptères au lieu de deux.«
Emmanuel Macron, président de la République
En cours de saison 2022, le dispositif avait été porté à 6 appareils en location. Mais il va s’agir aussi de renforcer la flotte nationale du Groupement d’Hélicoptères de la Sécurité Civile avec l’achat de deux hélicoptères lourds qui trouveront aussi leur utilité en dehors de la saison feu. Le Président a aussi évoqué la possibilité de recourir à des avions de grande taille et de forte contenance et de citer l’A400M, qui a procédé à un premier essais de largage en Espagne au début de l’été.
Néanmoins d’autres options peuvent aussi être retenues. On pense notamment au projet Kepplair puisque le gouvernement confirme qu’il faut désormais tester toutes les solutions : « Nous devons garder des marges de manœuvre d’expérimentation de matériels innovants, » affirme le Président, citant l’imagerie satellites et l’utilisation de l’IA pour la détection des départs de feu en temps réel. Afin d’amorcer ces différentes commandes un budget de 250 millions d’euros sera affecté dès cette année.
D’autres point ont été évoqués comme l’élargissement à de nouvelles régions du dispositif Héphaïstos qui implique les militaires dans la lutte contre les feux ce qui va entraîner un renforcement des moyens humains et matériels mis à disposition chaque été.
Une réactivité plus grande pour les déploiements préventifs
Alors que la création d’une nouvelle base pour les avions semblait être une bonne idée pour certains élus, le Président Macron, sans vouloir mettre un terme au débat, a sans doute sonné la fin des discussions en rappelant que la centralisation de la maintenance à Nîmes a des résultats notables sur la disponibilité. Il faudra sans doute, par contre, être plus souple en cours de saison pour déclencher des pré-positionnements des moyens aériens depuis Nîmes en fonction des analyses des risques dans les différentes régions.
La contribution des compagnies aérienne au reboisement
Outre l’annonce de la création d’une quatrième unité au sein des Unité d’Intervention et d’Instruction de la Sécurité Civile, le Président a longuement évoqué le plan de reboisement des zones sinistrées. La presse régionale Bordelaise s’est largement faite écho des éventuelles tractations pour que les forêts brûlées, trop onéreuses à reboiser pour leurs propriétaires après les feux de Landiras, se transforment en fermes photovoltaïques !
Pour éviter cela et pour atteindre l’objectif fixé de replanter 1 milliard d’arbres en 10 ans, il faudra donc faire appel à des plans de financement nationaux mais activer d’autres leviers. C’est un petit pavé dans la marre qui vient d’être lancé puisque le Président a clairement évoqué la contribution des compagnies aériennes exploitants des vols intérieurs :
« Chaque vol domestique devant compenser ses émissions on va demander à nos compagnies aérienne de s’en saisir et de nous aider à financer cet effort. Nous allons faire en sorte que le carbone émis dans nos airs soit pleinement capté par nos pins, nos chênes, nos forêts financés par ceux qui produisent ce carbone et avoir une capacité à financer ces efforts.«
Emmanuel Macron, président de la République
Ce sont donc des annonces fondamentales et majeures qui ont donc été faites ce 28 octobre. De nombreuses inconnues, notamment sur les délais de livraison des « Canadair« , restent en suspens et on peut s’attendre à des annonces concrètes sous peu. D’autres pans du dossier restent néanmoins sans réponse comme celui, crucial, d’une éventuelle réorganisation des moyens aériens de la Sécurité Civile, objet des attentions récentes de la Cour des Comptes mais il était indispensable que des annonces fortes soient faites par le gouvernement. Place aux actes désormais.
Frédéric Marsaly
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Utopie à court terme, et verbiage, sans concret, le montage de l'usine, les certifications, les essais, les prix qui vont encore évoluer, ce n'est pas avant 2030 ou 2032 que les nouveaux canadairs seront au mieux disponibles, mais nos avions ne tiendront pas aussi longtemps.
Les hélicos, c'est possible, mais à quel cout "très important" et efficacité?
Le plus concret, le plus économique, serait dès à présent d'acheter les nouveaux Air tractors, sur roues ou amphibies (comme les suédois qui sont intervenus en Bretagne) pouvant embarquer de 3000 l pour ceux actuels à 6000 l pour les nouveaux, à un prix de revient bien inférieur à ceux des nouveaux canadairs, en 2 ou 3 ans nous pourrions en avoir 6 ou 8 minimum pour le prix d'un canadair...
Et les stationner près des massifs boisés, une intervention dans la demie heure est alors possible, contre un minimum de 2 h pour un feux en gironde, avec des canadairs venant de Nimes..
Une bonne solution intermédiaire peu onéreuse .