Le pôle national hydraviation de la Fédération Française d’ULM est désormais installé en Guyane qui compte déjà 52 hydrobases. Entre fleuves et rivières, ce département français d’Amérique du sud, situé à la lisière de la forêt amazonienne, est une invitation à voler en hydravion. Là-bas, l’ULM sur flotteur, n’est pas seulement un loisir. Evadez-vous !
« Pourquoi la Guyane ? Car c’est le paradis pour le vol Hydro, comme au Canada ! » explique avec enthousiasme Pierre-Henri Lopez (ex Président du Pôle National de la FFPLUM) à Aerobuzz.fr. Il faut dire qu’en métropole, l’activité est loin d’être aussi développée que la pratique classique de l’ULM, avec trois bases principales (Biscarrosse, Villefranche de Panat et la base de loisirs de Montrevel-en-Bresse). L’Association Française d’Hydraviation (AFH) nous rappelle toutefois « qu’il existe de nombreuses autres plateformes hydro-ULM permanentes à travers tout le territoire dont les hydrosurfaces (pour ULM et avion) ». C’est, selon le recensement de l’AFH, plus d’une trentaine d’hydro-ULM sur la quarantaine d’hydro-aéronefs exploités (hors Canadair) dont 21 % dans le nord-ouest, 5% dans le nord-est, 39 % dans le sud-est et 34 % dans le sud-ouest.
De son côté, la FFPLUM précise qu’environ « 80 certificats d’aptitude ont été délivrés par la FFPLUM ces cinq dernières années » précise Pierre-Henri Lopez. « ce n’est pas toujours simple d‘ouvrir une base en métropole, il y a parfois des oppositions de la part des écologistes, pêcheurs, chasseurs et touristes. »
Plus vaste région de France derrière la Nouvelle Aquitaine, la Guyane française est peuplée de près de 300.000 habitants et recouverte par 90% de forêts. « Et il y a aussi beaucoup d’eau, des rivières et des fleuves ! » nous explique Marc Dabrigeon, installé ici depuis 30 ans. Cet ancien guide d’expédition devenu pilote professionnel de vol Hydro ULM est le nouveau Président du Pôle Fédéral. « Avec 52 hydrobases, c’est le département français le plus développé pour la pratique. Et depuis deux ans, il pleut moins. Les niveaux d’eau ont baissé à certain endroits, l’ULM a pris l’avantage sur la pirogue pour accéder à certains villages éloignés… »
Le vol Hydro ULM n’est pas pour autant très développé en Guyane. Il y a seulement deux structures spécialisées, celle de Marc Dabrigeon (ULM Guyane) située aux portes de la Réserve Naturelle de l’Amana au Nord, et une autre à Cayenne (Hydro-base Montsinery). « Cela représente une cinquantaine de licenciés et moins de 30 élèves pilotes d’ULM par an » nous précise Marc, dont l’activité principale sont les travaux aériens, devant les vols de loisir et la formation. « Cela va du comptage des tortues lors des migrations et des oiseaux dans la réserve, à la traque aux pêcheurs clandestins, faire des relevés sur les déplacements de vase, de la photographie aérienne ou encore le suivi de chantiers… C’est très excitant niveau pilotage, car cela nécessite de réaliser des passages bas. Ici on est d’abord pilote de brousse ! »
Sur la cinquantaine de bases, une trentaine sont difficiles d’accès. Il ne faut pas beaucoup de profondeur d’eau, un mètre suffit, mais réaliser un décollage en toute sécurité nécessite une longueur de 500 mètres. « Je n’hésite pas à faire 4 passages avant de me poser » explique Marc. Plus on remonte dans les terres, plus les cours d’eau se rétrécissent. Les zones d’amerrissage et de décollage sont aussi truffées de pièges (tronc d’arbres, rochers)… « Elles sont aussi longées par des arbres hauts de 50 mètres. Et ensuite il faut accoster, parfois dans des courants puissants… «
Tout pilote breveté ULM multiaxe (la classe 3, qui se rapproche le plus de l’avion, mais qui reste un ULM par son poids limité à 525 kilos et deux personnes à bord) peut se mettre au vol Hydro. « Mais cela n’est pas recommandé sans suivre une formation spécifique bien que non obligatoire » souligne Marc Dabrigeon. « C’est comme pour le pilote de plaine qui du jour au lendemain souhaite faire du vol montagne ».
C’est d’ailleurs pour ces deux activités, qui impliquent des connaissances indispensables, que la FFPLUM a créé des pôles spécifiques de formation et mis en place dans le cadre d’un programme un cursus précis et adapté dispensé au sein de centres labellisés. « Cela représente en moyenne une dizaine d’heures de formation » précise Marc. « On apprend bien sûr à se poser sur l’eau mais Il y a aussi une grosse partie dédiée à la navigation car ici on vole principalement en suivant les cours d’eau (par cheminement) sans s’aventurer au dessus de la jungle… »
L’autre particularité est la météorologie. Le climat est humide et orageux. « Avec les flotteurs, nous sommes dans 95% des cas en sécurité en cas de panne puisque nous volons toujours au dessus de l’eau. Ici on craint plutôt les aléas météo. On apprend à savoir se « beacher » rapidement… Contrairement où en métropole on doit se dérouter… ici on se pose, on se met à l’abris des courants et on attend que l‘orage passe ! » rajoute Marc.
Voler en Guyane recèle en effet quelques singularités. A commencer par une réglementation plus contraignante. Un vol même de loisir doit obligatoirement faire objet d’un dépôt de plan de vol avec un report radio toutes les 30 minutes, même lors d’un vol de formation avec un élève. « Il faut aussi à bord un kit de survie et une balise de détresse » rajoute Marc Dabrigeon. « En tant qu’instructeur, jai une dérogation pour des tours de piste en formation, où j’active simplement la zone avec l’ATC. Mais dès que l’on part en ballade, c’est avec le plan de vol ! »
Certes, la Guyane n’est peut-être pas la première destination (située à plus de 7000 kilomètres de la métropole) qui vient à l’esprit d’un élève pilote pour débuter l’ULM et particulièrement l’Hydro. « Mais par ses particularités, cela nous a paru cohérent que le Pôle National s’installe là. Nous allons mettre en avant cette pratique partout, que ce soit à travers les DOM-TOM ou en métropole. Les pilotes qui viennent se former le font par plaisir de découvrir cette pratique unique. » Il est bien sûr toujours possible de se former en métropole et de suivre les ateliers proposés par la FFPLUM. Ces derniers devraient encore s’enrichir avec l’expérience de Marc Dabrigeon dans les années à venir…
Jérôme Bonnard
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Bonjour,
En nouvelle-calédonie on travail aussi sur hydravion chez air paradise, avec un Seamax et un Super Petrel LS. Nous avons plusieurs hydrosurfaces que nous utilisons quasi-quotidiennement.
Merci à France hydravion pour son travail. Il faut les rejoindre et les soutenir pour continuer le développement de l'hydraviation en France.
Nous avons en Nouvelle Calédonie une structure qui opèrent depuis 2 ans.
Nous volons 300 jours / an car les conditions sont incroyables au dessus du plus beau et plus grand Lagon du Monde.
Oui Nous sommes en Nouvelle Calédonie
Deux Hydrobases actuellement et 6 bientôt.
Adhérer à l AFH est un choix que nous avons fait pour nous représenter et nous aider dans notre développement.
Nous avons toutes les conditions réunis ici.
Si vous voulez en Savoir plus avec des videos et photos c' est sur notre page Facebook Air Paradise Poe
Bonjour,
Pour information la Martinique compte 13 hydrobases ULM référencées par la DGAC.….. mais nous sommes seulement 2 pilotes à ce jour , et on vole tous les 2 sur des pendulaires hydro . Pour plus d'info Rdv sur mon site : http://martiniqueulm.e-monsite.com
L'hydraviation légère française se développe depuis quelques années avec la fusion de France Hydravion et de l'Hydroclub de France pour devenir l'Association Française d'Hydraviation (www.association-francaise-hydraviation.fr) qui regroupe un grand nombre d'hydronautes pratiquant autant l'HydroULM que l'hydravion certifié.
A ce titre, il a été recensé de nombreuses plateformes hydro-ULM permanentes à travers tout le territoire (en plus de celles déjà listées dans l'article dont les seules hydrobases françaises que sont Biscarrosse et Berre) : Charente Maritime, Vendée, Morbihan, Aube, Ain, Alpes de Haute-Provence, Var, Lot et Garonne, Haute-Saône, Haute-Marne, ... et sans oublier les hydrosurfaces (pour ULM et avion) qui sont en Aveyron, Cantal, Charente, Savoie, ... et de nombreux autres projets en développement ou qui ont déjà été testés en Pyrénées Orientales, Garonne, ...
En France métropolitaine, l'AFH a pu recenser plus d'une trentaine d'hydro-ULM sur la quarantaine d'hydro-aéronefs exploités (hors Canadair) dont 21 % dans le nord-ouest, 5% dans le nord-est, 39 % dans le sud-est et 34 % dans le sud-ouest.
Tout cela sans compter une activité non négligeable aux Antilles, en Nouvelle Calédonie, à Tahiti et bien sur en Guyane.
Bonjour et merci pour votre message. Il est en effet important de le rappeler et une mise à jour est faite dans l'article afin de les rapprocher avec les données fournies par la FFPLUM. Merci à vous, et très bon WE. Cordialement, JB