La perte de contrôle est l’une des causes principales d’accidents d’avions légers selon le BEA

En 2022, le Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’Aviation civile (BEA) a publié 73 rapports d’enquêtes relatives à des accidents d’avions légers. Près de la moitié (35) sont basés essentiellement voire uniquement sur le témoignage du pilote. Le BEA regroupe ces accidents selon leur cause…

Sur les 73 rapports, 62 concernent des avions de masse maximale au décollage (MTOW) de moins de 2,25 tonnes. Cinq thèmes ressortent plus particulièrement des enseignements sécurité dont la perte de contrôle de l’appareil dans différentes situations de vol : de la voltige aux phases de décollage ou d’atterrissage où les conséquences sont souvent graves…

Montée initiale, approche et remise de gaz

Le rapport de l’accident du Robin HR-100 F-HRDM survenu le 12 juin 2021 à Wambrechies illustre bien la situation où le pilote doit réagir immédiatement face à un imprévu, ici lors de la montée initiale. Le pilote et l’instructeur ont perdu le contrôle de l’avion alors qu’ils effectuaient un demi-tour pour revenir vers la piste à la suite d’un problème en cabine lors du décollage.  Ouverture de porte ou fumée à bord, l’enquête du BEA n’a pas pu identifier le problème annoncé à la fréquence. « En revanche, une réaction inadéquate face à l’endommagement soudain d’un équipement ou accessoire électronique ne peut être exclue. »

Le rapport sur l’accident du Cirrus SR-22 N918SE survenu le 28 septembre 2020 à Chevillotte traite d’une remise de gaz après une approche non stabilisée en régime de vol IFR. « L’analyse des paramètres extraits des données radar lors de l’approche finale montre des écarts de trajectoire de part et d’autre du plan de descente nominal probablement liés à des actions importantes au manche de la part du pilote. La dernière manœuvre débutée par le pilote, toujours en l’absence de références visuelles extérieures, semble correspondre à une interruption de l’approche, pendant laquelle il a perdu le contrôle de l’avion. »

Le 18 avril 2021 à Saint Pathus, à bord d’un Robin DR-400 F-GNNE, trois élèves pilotes, accompagnés de leur instructeur, réalisaient chacun à tour de rôle des exercices navigations en vue de l’obtention d’une licence PPL. Lors de la dernière approche, l’un d’eux a perdu le contrôle de l’avion suite à une collision aviaire… Le rapport précise que l’avion était probablement très difficile à contrôler après la collision avec un grand cormoran.

Phases de décollage et d’atterrissage

Ce sont des phases critiques où l’avion évolue à faible hauteur et faible vitesse, mais où le plus souvent on déplore principalement des dommages matériels. Au décollage, ce fut le cas par exemple du Beech 18S F-AZEJ survenu le 11 septembre 2021 à Melun Villaroche. Le pilote a perdu le contrôle par conditions de vent arrière et sort de la piste au cours d’un vol en formation lors du meeting Air Legend. De même pour le Robin DR-400 F-GLDE (25 janvier 2022 à Saint Junien) lors d’une séance d’instruction sol qui se termine en sortie de piste latérale…

A l’atterrissage, on peut aussi noter l’accident du Issoire Aviation APM-20 F-HAYO survenu le 29 avril 2022 à Lannion. L’avion a effectué une sortie latérale de piste par vent de travers, suite à rupture du train avant (rapport basé uniquement sur les témoignages).

A travers les thèmes vus plus haut, le BEA cite aussi des situations de vols solo dans le cadre d’instruction. Il y a par exemple l’incident grave du Diamond DA20 F-GNQD (14 avril 2022 à Pontoise) avec ce jour-là des rebonds lors d’un posé-décollé, heurt de l’hélice avec la piste, et remise de gaz…

En outre, le BEA cite aussi deux accidents lors d’évolutions et pertes de contrôle en voltige, dont le Stampe SV-4 F-PTTL survenu le 4 juillet 2020 à Angers-Marcé et celui du Cap-10 F-GPVI survenu le 28 mars 2021 à Villeneuve sur Lot, tous deux aux conséquences fatales…

Inexpérience du vol montagne

Certains rapports font état d’une expérience insuffisante pour le vol montagne, dans un environnement où l’horizon naturel n’existe plus, dans un espace restreint avec une aérologie complexe.

C’est le cas par exemple d’un accident impliquant un Cessna 172S F-OKDV (16 octobre 2019) à la plaine des sables avec perte de contrôle en vol et collision avec le relief.

Enfin, parmi les autres enseignements qui ressortent des différents rapports d’enquêtes du BEA, on note aussi parfois la forte détermination du pilote à vouloir rejoindre une destination malgré des condition non favorables.  C’est le cas du Cirrus SR-22 N565CK, accident survenu le 21 décembre 2021 à Auxerre qui s’est terminé par une collision avec le sol en vol de nuit et incendie.

D’autres événements (six) suite à des ennuis mécaniques font partie des analyses rendues publiques. Retrouvez l’intégralité des enquêtes du BEA sur l’aviation légère.