En obtenant son Certificat de transport aérien (CTA), Tahiti Air Charter (Groupe Degage) devient l’unique compagnie aérienne française à effectuer du transport de passagers en hydravion. Même si elle s’apprête à exercer son activité loin de la métropole, elle peut faire évoluer les mentalités et desserrer l’étau qui freine encore le développement de l’hydravion en France.
« Tous les adultes de plus de 50 ans ici se souviennent que les hydravions étaient omniprésents et ont contribué de manière importante au désenclavement de nos îles. », rappelle Stéphane Rozain, responsable des opérations aériennes (ROA) de Tahiti Air Charter. Dans les années 50, la TEAL (Tasman Empire Airways Limited), l’ancêtre d’Air New Zealand, assurait en effet avec un Catalina la célèbre route du corail (« Coral Road ») entre Auckland et Papeete. Air Tahiti desservait les îles de Polynésie française avec un Grumann Mallard. « Entre les années 1930 et 1970, l’hydraviation a contribué au développement de la Polynésie », affirme la compagnie tahitienne qui vient d’obtenir, le 4 avril 2018, son Certificat de transport aérien (CTA FR.AOC.0123).
Le transport de passagers en hydravion n’a rien d’extraordinaire. Il se pratique quotidiennement et à grande échelle, dans de nombreux endroits touristiques du monde. Ailleurs mais pas en France, où jusque dans un passé récent, cette activité n’était même pas envisageable par l’administration de tutelle.
Sous l’impulsion de Patrick Gandil, le directeur de la DGAC, l’horizon s’est éclairci pour l’hydraviation de loisir. Aujourd’hui, une nouvelle étape a été franchie. Il aura fallu attendre près d’un demi siècle pour voir renaître l’activité sous pavillon français.
L’évolution récente de la réglementation européenne sur le transport public en monomoteur ne concerne pas l’activité de Tahiti Air Charter. Elle a néanmoins eu une effet collatéral positif estime Stéphane Rozain. « En fait, l’EASA autorise le transport public en monomoteur en IFR et de nuit depuis peu, mais en VFR c’est depuis toujours tant qu’il est possible de prouver qu’on a un terrain se prêtant à un atterrissage d’urgence, et en hydro, en zone maritime, nous sommes en permanence au bon endroit, en fonction de la hauteur de la houle. Ce qui a changé la donne, c’est l’EASA qui a introduit la notion de temps d’exposition au risque par rapport au taux de pannes pour les vols IFR ou de nuit. Dès lors, j’ai simplement transposé cela pour le VFR en survol maritime. Là où c’était quasiment au libre arbitre de votre interlocuteur, c’est devenu une procédure argumentée qui ne peut être balayée d’un revers de main ».
Tahiti Air Charter (Groupe Degage) fait partie du paysage polynésien depuis plusieurs années. La société est propriétaire d’un Cessna C208 Caravan amphibie depuis 2014, immatriculé aux USA et en cours de francisation. Elle en a acquis un deuxième en 2017. D’ici trois ans, elle vise une flotte de cinq avions.
Elle a obtenu un agrément Part 145 pour son atelier de maintenance, l’année dernière. Elle emploie 4 mécaniciens (pour la plupart issus d’Air Tahiti) et un responsable de maintenance, en l’occurrence, Jean Paul Moreau (RDMN-RE), 60 ans, formé sur hélicoptère dans l’armée de terre et qui a travaillé 20 ans chez Tahiti Hélicoptères.
La compagnie qui est basée à Raiatea dans les îles sous le vent (archipel de la Société) vise en premier lieu le marché touristique. L’idée est d’aller chercher et déposer ses clients directement aux pontons de leur hôtel, de relier les îles pour les touristes et les locaux sur les liaisons transversales sur lesquels Air Tahiti ne peut proposer une fréquence importante par manque de remplissage, de proposer quelques vols touristiques autour des îles.
Elle envisage également d’effectuer ponctuellement des évacuations sanitaires ou de la dépose d’équipes médicales en cas d’urgence ou de catastrophe naturelle. « Le développement va se faire très rapidement également vers l’archipel des Tuamotus (Rangiroa et Fakarava) où nous allons baser un avion. », précise Stéphane Rozain.
Actuellement l’équipe des navigants est constituée de trois pilotes. Stéphane Rozain (5.300 heures de vol), 53 ans, a été instructeur chez Airways College à Agen avant de passer dix ans dans le travail aérien en France (montagne) et en Afrique. Il est responsable des opérations en vol (RDOV). Philippe Rigot (5.000 heures de vol), 49 ans, est un ancien pilote de l’aéronavale sur Alizé. Il vient de passer cinq ans au Québec. Il fait fonction de responsable de la formation des équipages (RDFE). Ariitaia Meuel (800 heures de vol) est polynésien de souche. Agé de 35 ans, il a été précédemment steward chez Air Tahiti Nui et instructeur à l’aéroclub de Tahiti. Dans le cadre du CTA il exerce la fonction de responsable des opérations au sol (RDOS).
S’il est le sésame après lequel le groupe dirigé par Tuanua Degage a couru pendant plusieurs années, le certificat de transport aérien n’a évidemment d’intérêt que s’il existe des hydrosurfaces en nombre suffisant pour justifier une activité économique. Tahiti Air Chater a déjà réussi à obtenir l’homologation de 14 hydrosurfaces à Tahiti, Mooréa, Raiatea, Huahine, Tahaa ou encore Bora Bora. D’autres sont en cours d’instruction. « C’est un total d’une cinquantaine dont nous disposerons d’ici à fin août », affirme Stéphane Rozain
« Mais ce qui a fait la vraie différence, c’est que la Polynésie est souveraine sur son territoire, et l’obtention des autorisations des hydrosurfaces n’a pas été vraiment un problème comme ça peut l’être en métropole. », ajoute le chef-pilote. « Les ministres concernés sont tous proches du terrain et donc conscients qu’un hydravion dans un lagon ce n’est pas un souci. »
Gil Roy
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bjr nous sommes une societe marocaine qui desire utiliser les hydravions au maroc,on voulais bien avoir des rensignements con cernant l'installation de ce projet merci
Oui, l'hydraviation française a le vent en poupe et nous espérons bien monter dans le train en marche ; celui que beaucoup d'entre nous avons démarré il y a déjà quelques années grâce à la volonté et sous l'impulsion de Monsieur Patrick GANDIL, à force de timides, discrets mais non moins rassembleurs meetings d'hydro-ULM et de plus médiatiques et grandioses rassemblements d'hydravions, entre autre, à Biscarrosse.
Le 1er Raid Latécoère Hydravion de 2015 a été aussi un grand tournant pour montrer qu'il est possible d'ouvrir des hydrosurfaces et de traverser la France de part en part, de plans d'eau douces et aires maritimes.
Oui, à l'issue d'une belle année de travail intensif avec une équipe de "locaux de l'étape" qui s'occupaient chacun de leur zone tout en étant soutenu par l'Hydroclub de France et Aquitaine Hydravions, nous nous sommes envolés de Biscarrosse à Monaco, à grand renfort de presse écrite et télévisuelle.
Maintenant, la réunion des associations d'hydronautes dans l'Association Française d'Hydraviation (http://www.association-francaise-hydraviation.fr) permet d'offrir un seul interlocuteur aux administrations, fédérations et à tout passionné de ce domaine pour mieux les orienter et répondre à leurs demandes et volontés. Et ceci sans porter ombrage aux associations existantes de formation et d'exploitation d'hydro-aéronefs, d'histoire de l'hydro-nautisme, ...
Les belles heures historiques de l'hydraviation ont bien de l'avenir en France métropolitaine et dans les DOM-TOM-COM, ...
Rejoignez-nous pour un travail tous en commun.
Changer les habitudes , en effet pendant 40 ans j ai connu 3 hydrobases seulement en métropole , Lanveoc , Biscarrosse et Toulon ! L effet hydro ulm a décoince les choses , . J eu l idee decommence a fabriquer un mini cata a voiles alternativement basculantes en ailes , et il me reste que ces foils de sains ! ... Le cata avait flotte a la pagaie , il avait des longues poignées longitudinales ou auraient pu s articuler les foils , mais le temps manqua et le mélange colle et sel me fit réfléchir , si intéressé ...
vous le vendez, ou continuez la construction ?