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Aviation Générale

La start-up Airhart veut révolutionner l’aviation légère avec son Sling modifié

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Fabrice Morlon

Plus de palonniers, mais un mini-manche, quelques écrans tactiles et des ordinateurs pour gérer le vol et les systèmes de l’avion à la place du pilote. C’est l’ambition d’Airhart Airplanes qui veut mettre sur le marché en 2026 un Sling quadriplace largement modifié et quasi automatique.

Le but affiché de la start-up californienne Airhart Airplanes est de démocratiser l’aviation légère en mettant sur le marché un avion quadriplace  que « tout le monde peut piloter. » L’ équipe de la start-up, formée d’anciens employés de SpaceX, Apple et même un étudiant en robotique passé par l’institut d’ingénierie de Grenoble, et dont la moyenne d’âge ne doit pas dépasser 35 ans, ambitionne de « construire l’avion le plus avancé de l’industrie » tout en mettant en priorités « la sécurité, la fiabilité, la facilité d’utilisation et la technologie de pointe. »

L’intérieur du Sling modifié, épuré mais luxueux, qui ressemble davantage aux cockpits des taxis aériens qu’à un avion conventionnel. © Airhart Airplanes

Comme Sonaca Aircraft en son temps, Airhart a choisi le Sling, d’origine sud-africaine, comme plateforme de son avion. A la différence du Sonaca 200 biplace, basé sur le Sling LSA, la start-up a choisi le quadriplace Sling TSi motorisé par un Rotax 915 iS de 141 HP. Airhart estime la vitesse de croisière à 148 kts, une distance d’atterrissage et de décollage au niveau de la mer à 458 mètres, une distance franchissable de 880 nm (1.630 km) et une charge utile maximale de 992 lbs (450 kg).

La start-up a annoncé avoir débuté les essais en vol de son premier prototype en juin 2024 et procéder actuellement à l’affinement technique de son avion.

Airhart a redessiné l’intérieur de l’avion, avec du cuir pour les sièges et des « matériaux nouveaux » pour apporter une « impression de luxe et de modernité » à son Sling modifié. L’aspect le plus spectaculaire de ces modifications réside dans le poste de pilotage et les choix technologiques.

Les écrans LCD tactiles remplacent les instruments sur la planche de bord. Airhart a développé une interface utilisateur qui permet d’accéder directement aux informations de vol et aux systèmes de l’avion. L’ambition de la start-up est de débarrasser la planche de bord de ses boutons et cadrans habituels en se concentrant sur ce qui est « essentiel » selon Airhart.

En plus d’une monomanette pour gérer la puissance, Airhart a choisi un mini-manche latéral pour les commandes de vol, à la manière des Cirrus. Les commandes de vols seront électriques. Airhart promet que ce mini-manche, lié à des ordinateurs de vol redondants, les capteurs et servo-commandes, « s’occupera de tout. » Le pilote n’aura plus qu’à s’occuper que de la conduite du vol sans se préoccuper du lacet, les ordinateurs gérant le trim et jusqu’aux palonniers qui ont d’ailleurs disparu.

Pour se diriger au sol, le pilote utilisera le mini-manche et les freins sont commandés par la monomanette, via une « liaison hydraulique directe. »

« Plus besoin de se préoccuper du palonnier, des trims, de la coordination des virages ou de s’inquiéter de savoir si votre avion va décrocher lors du dernier virage en finale » promet encore Airhart Airplanes. « Plus besoin de surveiller les paramètres du moteur, d’ajuster les rapports de mélange ou d’essayer de se rappeler comment démarrer à chaud. Les constructeurs automobiles ont trouvé le moyen d’ajouter des ordinateurs qui surveillent et contrôlent le moteur. Quand avez-vous regardé pour la dernière fois la pression du collecteur ou la température des gaz d’échappement du moteur de votre voiture ? »  Le plaisir de piloter laisse ici la place à une pratique plus routinière et, en effet, plus proche de l’usage que l’on peut faire d’une voiture au quotidien.

Airhart a choisi la base d’un Sling TSi pour son avion, qui sera dans un premier temps vendu en kit. © Airhart Sling

Pour Airhart, le point faible de l’aviation générale et ce qui la rend dangereuse est qu’il n’y ait qu’un pilote à bord et qu’il doive être attentif en permanence et gérer des quantités de paramètres. Avec son système de gestion de l’avion, la start-up veut ainsi maximiser l’automatisation du pilotage, de la navigation et de la communication, de manière à libérer l’esprit et les capacités du pilote vers l’essentiel selon Airhart : la prise de décision et la gestion des risques.

Côté sécurité, Airhart dit travailler sur un système innovant baptisé Airhart Assist qui assure à la fois un guidage du vol et maintient l’avion dans son enveloppe de vol, avec un système de « prédiction d’assiette », une sorte de pilote automatique qui maintiendrait l’avion en ligne de vol sans intervention du pilote. L’Airhart Sling sera également équipé d’un parachute de cellule.

Airhart Aircraft a mis en place un système de pré-commandes en versant un acompte de 1.000 dollars américains, remboursables L’Airhart Sling devrait  coûter 500 000 dollars et les livraisons devraient commencer en janvier 2026 d’après la start-up. Les premiers avions vendus seront sous forme de kits. La start-up prévoit par la suite d’assembler elle-même les Airhart Sling.

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Fabrice Morlon

Pilote professionnel, Fabrice Morlon a rejoint la rédaction d’Aerobuzz, début 2013. Passionné d'aviation sous toutes ses formes, il a collaboré à plusieurs médias aéronautiques et publié une dizaine d'ouvrages, notamment sur l'aviation militaire.

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  • en voila une belle idée ! , et comme , tout le monde le sait , un monomoteur ne tombant jamais en panne , les vrais faux pilotes n'ont pas besoin d’apprendre le pilotage en vol plané , l ordinateur va tout gérer ...lol

    • Je soupçonne Fabrice Morlon, en choisissant de traiter cette info, de faire (un peu) dans la provocation ! Cela ne m'étonne pas de quelqu'un qui aide voler en Piper J3 !

  • "Pilotable par tout le monde". On est très loin du Pou du ciel des années 1930 dont le papa revendiquait cet objectif et qui a surtout provoqué un certain nombre de morts.
    En tant que vieux-pilote-privé-de-l'usage-de-ses-jambes je devrais me réjouir de cette promesse de voler sans avoir à affronter la barrière de plus en plus solide de la certification d'un malonnier.
    Ben non ! Un avion qu'on ne pilote plus, ça ne m’enthousiasme pas. Déjà la prolifération des écrans et des trucs qui vous empêchent de vous perdre, ça me frustrait un peu, mais là, l'étape inévitable est franchie : on est sorti de la belle époque, il est temps que je rentre au musée moi aussi. Ce sera dans les réserves, car je n'ai pas la vanité de m'y voir dans les collections permanentes.

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Fabrice Morlon

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