Les constructeurs de planeurs allemands ont régné pendant des décennies sans partage sur le vol à voile mondial. Les temps changent. Des concurrents venus de Pologne, de Tchéquie ou même d’Afrique du Sud rebattent les cartes. Ils ne manquent pas d’atouts dans leur jeu comme le montre, cette année, le salon AERO (Friedrichshafen, 17-20 avril 2024).
Malgré les efforts des associations, le vol à voile apparaît de plus en plus élitiste. Aujourd’hui, la plupart des achats de planeurs sont le fait de propriétaires privés à la recherche de la machine de leurs rêves. Bien des clubs ont désormais du mal à remplacer leurs appareils ou à monter en gamme quand le moindre biplace moderne affiche un tarif de base de 300 000 € hors options.
Dans le Hall 1 du parc des expositions de Friedrichshafen, dédié au vol à voile, les planeurs de série déploient leurs ailes. Ils sortent des ateliers des plus grands noms de l’industrie allemande, Schempp-Hirth Flugzeugbau, Alexander Schleicher, DG Aviation… Mais c’est un marché de seulement quelques dizaines de machines neuves chaque années.
A trop vouloir façonner le vol à voile à leur convenance, les allemands ont ouvert la portes à la concurrence. Ce n’est pas la première fois. On se souvient évidemment du français Centrair avec son monoplace Pégase et son biplace Marianne, que l’on retrouve dans la flotte des centres de vol à voile français. Mais on se souvient de la révolution ouverte avec les premiers Stemme motorisés et leur ingénieuse hélice nasale repliable preuve que l’innovation permet aussi de demeurer en tête des ventes.
Même si la production allemande garde sa force, notamment parce qu’elle propose les gammes les plus larges, couvrant toutes ou partie des catégories de planeurs, des biplaces écoles au monoplaces de compétition, la concurrence a les crocs acérés. Les Tchèques de HPH Sailplanes, produisant monoplaces comme biplaces ou les Sud Africains de Jonker Sailplanes avec leurs monoplaces JS sont désormais des acteurs de premier plan.
Désormais, la plupart des planeurs mis en service sont motorisés. On parle d’une tendance lourde et omniprésente. Il peut s’agir d’un moteur thermique classique, d’une puissance suffisante pour dire adieu aux avions et ULM remorqueurs, adieu au treuil, même électrique, et de s’envoler en toute autonomie pour rejoindre la zone de pente ou les secteurs favorables aux thermiques. Autant dire qu’une telle solution est aussi idéale pour dire adieu aux posés en campagne faute d’ascendance, les fameuses « vaches ». L’électricité est également à la mode, une histoire de FES en somme, pour Front Electric Sustainer, mais les groupes de puissance proposé ne permettent pas systématiquement l’envol autonome. Ils offrent simplicité, souplesse d’emploi des aéronefs et surtout sécurité des vols. Corollaire, ils constituent un investissement notable à prendre en compte même quand ces solutions sont aussi proposées en rétrofit.
Un bon exemple nous est donné par le tchèque HPH avec son monoplace de compétition 304 disponible en trois versions : avec un moteur à pistons de 52 ch, avec un moteur électrique de 23 kW mais aussi avec un petit réacteur léger lui permettant d’atteindre une vitesse de 150 km/h en croisière en consommant quelques 17 litres aux 100 km. Il y en a pour tous les goûts.
Mais à force d’évolutions technologiques de plus en plus coûteuses – même si certaines vont clairement dans le sens de la sécurité et de la souplesse d’emploi des aéronefs – le vol à voile n’est-il pas en train de se couper de ses fondamentaux historiques, ceux mettant en valeur le groupe, la solidarité et surtout l’accessibilité d’un loisir aérien qui se doit toujours d’être, de plus en plus, dans l’air du temps ?
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