Publicité
Aviation Générale

La Team France se reconstitue autour de Turbotech

Published by
Fabrice Morlon

Avec la turbine TP-R90, la start-up française Turbotech est en passe de révolutionner le monde de l’aviation légère. Son moteur et son générateur sont des solutions uniques au monde pour les ULM, les avions légers, les drones et eVTOL. Autour de cette pépite industrielle, la DGAC et la FFA forment une véritable équipe pour accompagner l’entreprise vers la certification et pour déployer ses solutions dans les aéro-clubs.

La start-up Turbotech est devenue en quelques années une pépite de l’industrie française capable de générer un chiffre d’affaires de près de 3 millions d’euros. La raison de ce succès tient en un nom, TP-R90.

Damien Fauvet et Jean-Michel Guimard travaillent depuis 2018 sur un turbopropulseur à cycle régénératif unique au monde, destiné à l’aviation légère, le TP-R90. En parallèle, un turbogénérateur, une version de la turbine sans réducteur pour la production d’électricité est, elle aussi, plébiscitée par les développeurs d’eVTOL notamment.

Pour l’aviation légère, la turbine TP-R90 coche de nombreuses cases : capable de brûler des carburants différents, maintenance réduite, facilité de mise en œuvre, impact sonore réduit… Tout pour séduire les pilotes et les aéro-clubs.

Pour toutes ces raisons, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) et la Fédération française aéronautique (FFA) ont décidé d’apporter leur soutien à Turbotech, en reconstituant la « Team France ».

Et si la turbine TP-R90 était l’avenir du DR400? A bord du XL8, Jean-Marie Urlacher en place droite, accompagne Damien Cazé, directeur de la DGAC, dans la mise en route de la turbine. © Fabrice Morlon / Aerobuzz.fr

La Team France a vu le jour en 2014 quand Pipistrel a lancé le Velis Electro. La FFA a vu là une opportunité d’accélérer la transition énergétique des aéro-clubs. L’avion électrique était aussi perçu comme un moyen de réduire les nuisances sonores autour des aérodromes d’aviation générale. 

Le plus gros challenge n’a pas été de faire voler un avion électrique, mais de le faire entrer dans un cadre réglementaire. D’abord définir un référentiel de certification. Ensuite trouver la solution pour autoriser un pilote privé à voler aux commandes d’un avion électrique avec sa licence. Enfin, construire le cadre réglementaire.

La turbine implique le même cheminement pour mettre en place le cadre réglementaire et l’environnement opérationnel. D’où l’idée de réactiver l’équipe qui a réussi à relever le défi de l’électricité, et plus encore de travailler dans cet état d’esprit. 

Le 18 février 2025, une délégation de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), menée par son directeur Damien Cazé, est venue réaffirmer son engagement sur le site de Turbotech, sur l’aérodrome Paris-Saclay-Versailles de Toussus-le-Noble. Sandra Combet, secrétaire générale de l’Observatoire de l’aviation durable (OAD), organisme placé sous la tutelle de la DGAC, était également présente.

« La DGAC a œuvré pour faire progresser la réglementation ULM, passant de 525 kg à 600 kg et créant une nouvelle catégorie « ULM Spécial », permettant ainsi d’intégrer la turbine sur les voilures fixes et tournantes » rappelle Damien Fauvet, directeur et cofondateur de Turbotech.

Pour la DGAC et l’OAD, la turbine représente de formidables opportunités. «  C’est une réponse attendue aux besoins de l’aviation légère » souligne Damien Cazé. Le directeur de la DGAC précise que « la turbine Turbotech anticipe la disparition programmée de l’Avgas 100LL, répond au problème de disponibilité des pièces moteur et permet un cercle vertueux en continuant à faire voler des cellules anciennes d’avion. »

La DGAC accompagne également Turbotech dans le processus de certification de sa turbine, en faisant le lien avec les services de l’agence européenne pour la sécurité aérienne (EASA).

Polycarburant, la turbine peut brûler de l’Avgas, du diesel, du Jet-A1, des SAF mais aussi, moyennant quelques aménagements, de l’hydrogène. Là encore, la DGAC intervient en soutenant financièrement les expérimentations de Turbotech autour de l’hydrogène, dans le cadre du Plan de Relance. Avec l’avionneur rochelais Elixir Aircraft, avec Safran, Air Liquide et Daher, Turbotech a testé en septembre 2024 une turbine à gaz dans le cadre de la première phase du programme BeautHyFuel.

La « team France » : (de gauche à droite) Damien Fauvet, Jean-Marie Urlacher, Damien Cazé et Kevin Dupuch. © Fabrice Morlon / Aerobuzz.fr

Le 18 février 2025, aux côtés de la DGAC, le président de la Fédération française aéronautique (FFA), Kevin Dupuch, et Myuji Carbonnel, responsable du FabLab de la FFA étaient également présents.

En octobre 2024, la FFA et Turbotech ont signé un accord d’accompagnement pour l’obtention d’un STC (certificat de type supplémentaire) qui permet d’envisager le retrofit du DR400 sous la forme d’un kit avec la turbine TP-R90. La FFA reconnaît dans la turbine de Turbotech le potentiel de répondre aux mêmes problématiques identifiées par la DGAC. Pour la fédération, la turbine permettrait aussi de réduire l’impact sonore de l’activité aérienne autour des terrains et apaiser ainsi les relations avec les riverains.

Sur le XL8 de Bristell, Jean-Marie Urlacher et l’équipe de pilotes testeurs de Gap ont accumulé 300 heures de vol. L’objectif est de pousser les tests au-delà de la TBO de 3.000 heures de manière à avoir un moteur éprouvé. © Fabrice Morlon / Aerobuzz.fr

Avec la société Icarius Aerotechnics, la FFA et son FabLab vont adapter une turbine sur un DR400. La cellule est prête, les travaux d’installation vont bientôt débuter. Des tests poussés seront entrepris à l’été 2025 à Gap puis à Toussus-le-Noble, où le FabLab est installé. « L’objectif est de vérifier le comportement en vol du DR400 et les conditions de la faisabilité d’une exploitation d’un DR400 turbinisé en aéroclub » explique le président de la FFA qui ajoute : « le premier DR400 turbinisé pourrait arriver en aéro-club en 2027. Dans les 600 clubs affiliés FFA, c’est une flotte de 1.800 à 2.200 avions qui pourraient bénéficier d’un retrofit. »

En suivant un principe similaire à la proposition du Velis Electro, faite aux aéro-clubs pour tester l’avion électrique de manière opérationnelle, la FFA envisage d’ici deux ans à peine, de faire passer les aéro-clubs à l’ère de la turbine Turbotech.

Publicité
Fabrice Morlon

Pilote professionnel, Fabrice Morlon a rejoint la rédaction d’Aerobuzz, début 2013. Passionné d'aviation sous toutes ses formes, il a collaboré à plusieurs médias aéronautiques et publié une dizaine d'ouvrages, notamment sur l'aviation militaire.

Share
Published by
Fabrice Morlon

Recent Posts

Bridger Aerospace s’engage sur le FF72 de Positive Aviation

Annoncé lors d'une conférence ce 25 mars 2025 en marge de l'Aerial Firefighting Europe 2025… Read More

26 mars 2025

Le Pilatus PC-7 passe à son tour au Garmin G3000 Prime

Après le PC-12 Pro, c'est au tour du PC-7 MKX de Pilatus de passer sur… Read More

26 mars 2025

Safran mise sur le polonais PGZ pour poursuivre sa montée en puissance

Polska Grupa Zbrojeniowa (PGZ) et Safran ont signé un protocole d’accord visant à poursuivre de… Read More

26 mars 2025

Malaysia Aviation Group commande 60 Boeing 737 MAX

Boeing et Malaysia Aviation Group ont annoncé une commande de monocouloirs portant sur 18 737-8… Read More

26 mars 2025

Flight Design GmbH passe sous capitaux chinois

Placée en procédure de sauvegarde en décembre 2024, Flight Design GmbH a trouvé un nouvel… Read More

26 mars 2025

Global Airlines annonce ses premiers vols en Airbus A380

La toute nouvelle compagnie britannique, qui compte exploiter exclusivement des Airbus A380, a annoncé ses… Read More

26 mars 2025
Publicité