L’aérodrome de Niort fait rimer écologie et économie

La ville de Niort, propriétaire et gestionnaire malgré elle de son aérodrome, est en train de donner raison à l’Etat, qui en 2005, a décidé que les collectivités locales étaient mieux placées que lui pour gérer les terrains d’aviation. Même s’il faut se garder de tirer des généralités, le cas de Niort est exemplaire.

Niort fait partie de ces collectivités locales qui sans l’avoir demandé se sont retrouvées du jour au lendemain propriétaires d’un aérodrome. C’était en ce qui la concerne, en 2007, après que l’Etat ait décidé de se désengager de la gestion de plus d’une centaine de plates-formes aéronautiques de tout importance, à travers le territoire. Plus de dix ans plus tard, pour beaucoup des bénéficiaires de ces largesses des pouvoirs publics, alors que les dotations de l’Etat sont en chute libre, le cadeau reste empoisonné.

La carte de l’aviation générale

Après une période de flottement et la légitime remise en question de l’utilité même d’un tel équipement, la ville de Niort a décidé de tirer parti de son aérodrome. Le service AFIS a été rouvert, une procédure GNSS a été mise en place, de nouveaux services sont proposés aux usagers, … En d’autres termes, après avoir été lâchée par la CCI locale, précédente gestionnaire, l’équipe municipale a finalement décidé de faire de son aérodrome « un outil au service du développement du territoire ».

Mais en bordure du marais poitevin, l’aérodrome de Niort, c’est aussi 162 hectares sur lesquels ont été récemment répertoriés plus de 60 espèces d’oiseaux, 7 espèces d’Orchidées, des papillons, de nombreux mammifères et batraciens et 12 habitats distincts. Certains sont protégés.

Préservation de la biodiversité

Pour préserver cette biodiversité qui fait la richesse de cette région mais sans nuire aux activités aéronautiques que la mairie soutient, un plan de gestion écologique a récemment été mis en place en collaboration avec les associations de protection de l’environnement. Ce document formalise la prise en compte de l’environnement dans le développement des activités aéronautiques du site.  « Unique en France pour un aérodrome d’aviation générale, il est un véritable outil de travail novateur et pratique rédigé en concertation. Il intègre les contraintes politiques, aéronautiques et environnementales », explique Olivier Dupont, le responsable de l’aérodrome, par ailleurs vice-président de l’aéro-club de Niort.

L’engagement écologique de la municipalité ne remet pas en question sa détermination à développer l’activité économique de la plate-forme en misant sur l’aviation générale. Elle laisse le transport aérien aux aéroports voisins. Elle a accueilli, en 2016, une société d’ULM, elle s’apprête à autoriser la construction de deux nouveaux hangars privés, les chaussées ont été refaites, elle va renforcer début 2017 la procédure GNSS en la complétant avec un guidage vertical (LPV), etc. « Cette procédure a permis le développement du trafic IFR. De plus en plus d’aéro-clubs et de privés viennent s’entrainer. », explique Olivier Dupont.

Pluralisme aéronautique

Toutes les formes d’aviations sont présentes sur la plate-forme, de l’aéromodélisme à la montgolfière, en passant par le vol à voile et le parachutisme. Au total, Niort enregistre 25.000 mouvements par an, dont un tiers avec des aéronefs non basés. Les pilotes de passage, qu’ils soient civils ou militaires, sont les bienvenus et systématiquement accueillis avec un café. Olivier Dupont et sa petite équipe se font un devoir de rendre service.

En juin 2017, Niort accueillera les championnats de France de voltige. Du 12 au 17 juin, oiseaux, papillons et batraciens partageront leur environnement avec les meilleurs pilotes de la discipline. Les plus bruyants aussi. Mais l’intermède ne durera qu’une petite semaine et 162 hectares c’est grand et ça laisse des possibilités de trouver temporairement refuge dans des zones plus calmes.

Gil Roy