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Aviation Générale

L’Alizé bientôt SDF !

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Frédéric Lert

L’association Alizé Marine est en passe de perdre son hangar sur l’aéroport de Nîmes Garons. Elle est à la recherche d’un nouvel hébergement pour son Breguet Alizé, le dernier exemplaire de l’avion de lutte anti-sous-marine français en état de vol dans le monde. Ce n’est pas gagné…

Depuis une dizaine d’années, Alizé Marine bénéficie d’une AOT (Autorisation d’Occupation Temporaire) pour un coin de hangar (200m2) à l’ouest de la piste de Nîmes-Garons. L’association a longtemps bénéficié de conditions avantageuses pour son loyer, mais c’est maintenant de l’histoire ancienne : depuis deux ans, Alizé Marine paie un peu plus de 7000€ de loyer et de frais divers à la Métropole de Nimes qui a repris la gestion de l’aéroport.

« C’était lourd pour nous, mais on payait » résume Jean Ivars, l’un des deux pilotes de l’Alizé, avec Jean-Luc Dedieu. Puis est arrivée en 2022 la non-reconduction de l’AOT pour l’année 2023. « Nous devions donc quitter le hangar H2 le 31 décembre 2022, poursuit Jean Ivars. Nous avons réussi à repousser l’échéance de trois mois. Grâce à l’intervention d’Alavia, le 519ème régiment du train de Toulon nous a donné deux conteneurs pour ranger notre matériel, mais il a fallu les remettre en état. On a perdu du temps et la métropole nous a accordé un délai supplémentaire d’un mois. Et on nous a bien fait comprendre que l’on n’aurait pas plus… »

L’Alizé ne sera pas à la Ferté Alais, sans doute pas au Bourget. Et rien n’est joué pour le Paris Villaroche Air Légende… © Frédéric Lert/aerobuzz

A l’issue de ce sursis, l’Alizé et tous les équipements ne pouvant prendre place dans les deux conteneurs, se retrouveront à l’air libre sur un parking de l’aéroport. Pour un avion ancien, qui n’est plus étanche ni à l’air ni à l’eau, c’est un arrêt de mort.

Ces derniers mois, l’association s’est pourtant démenée pour trouver une solution de repli. Les pistes explorées ont été nombreuses, les désillusions aussi. Depuis longtemps Alizé Marine lorgne par exemple sur le 503ème RT, ses hangars et ses marguerites. Mais l’intérêt de l’Armée de terre pour une association de marins est limité… Pour un bout de hangar c’est niet.

Le régiment serait d’accord pour libérer une marguerite sur laquelle pourrait être installée un toit provisoire. Mais pour 6 mois seulement. Investir dans la mise en place d’une structure pour protéger l’avion pour une période aussi courte ? Trop cher, trop compliqué.

L’Alizé est régulièrement mis en route pour tester le bon fonctionnement de son moteur et de son circuit hydraulique. © Frédéric Lert/Aerobuzz

Autre solution évoquée, l’hébergement provisoire par une société de travail aérien installée de l’autre côté de la piste. Mais au fil des semaines, le volontarisme de cette société laisse place graduellement à une réticence grandissante, pour finalement se transformer au début de ce mois-ci en une fin de non-recevoir polie. Autre piste, celle de la métropole qui propose en 2022 à l’association de trouver un terrain sur lequel elle pourrait installer un hangar. Le 7 avril 2023, à l’occasion d’une rencontre avec l’association, cette proposition s’est transformée en « nous allons lancer un appel d’offre pour construire un hangar et nous voulons bien que vous y participiez ».

Tentons un peu d’humour noir : Alizé Marine a le sentiment très net de se faire mener en bateau par les uns et par les autres. Face aux intérêts économiques ou électoralistes, que pèse une association d’une cinquantaine d’adhérents tenant à bout de bras un avion de collection, militaire de surcroit ? Alizé Marine dispose essentiellement d’huile de coude et de bonne volonté pour payer sa place dans le monde d’aujourd’hui. Pas de chance, ce sont des devises qui ne valent plus grand chose de nos jours…

Les membres actifs d’Alizé Marine se retrouvaient régulièrement dans le hangar de Nimes Garons pour l’entretien de l’avion. © Frédéric Lert/Aerobuzz

« Nous avons rendez-vous avec la commission du patrimoine le 29 avril 2023 poursuit Jean Ivars. Mais j’avoue que la lassitude nous gagne, nous ne sommes plus très optimistes… Les portes se ferment les unes après les autres et le chronomètre tourne ». Alizé Marine envisage aujourd’hui trois scénarios : le sauvetage de l’association et de l’avion en trouvant un hébergement à proximité de Nîmes. Les derniers mécaniciens ayant un agrément et les compétences pour entretenir l’avion sont regroupés autour de la métropole gardoise. Deuxième possibilité, sauver l’avion en l’installant hors des frontières du Gard, avec une poignée de mécaniciens qui feraient les aller-retours nécessaires pour le garder en état de vol. Troisième scénario, confier l’avion à un musée ou une autre association, en France ou à l’étranger.

A très court terme, le salut va venir de l’Armée de l’air et de l’espace qui va héberger pendant quelques semaines l’avion dans le hangar de Salon de Provence qui abrite déjà le Nord 2501 de l’association Le Noratlas de Provence.  « L’idée est d’amener l’avion en vol à la fin du mois d’avril, de le laisser sur place jusqu’au meeting des 70 ans de la PAF au cours duquel il sera présenté en statique, puis de le ramener à Nimes en le laissant cette fois en extérieur sur un parking. On aura gagné un sursis supplémentaire d’un mois » résume jean Ivars.

Allez donc à Salon les 20 et 21 mai prochain : vous y verrez, au sol, le dernier Breguet Alizé en état de vol au monde. Mais pour combien de temps encore ?

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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  • Bonjour,
    étant donné le superbe état de cet avion et pour éviter qu'il ne finisse dans une collection à l'étranger, ne peut-on lancer via tous les acteurs (AECF, FFA, GIFAS, etc.) une souscription pour trouver un hébergement dans le sud de la France? Ca le mérite

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