Avec son nouveau Beechcraft 55 Baron, Mika Brageot propose un numéro de voltige en bimoteur de voyage, un spectacle inédit… en France. Le jeune pilote a passé ces deux dernières années à mettre au point, en toute discrétion, son exigeant projet.
L’idée de proposer cette nouveauté est venue à Mika Brageot alors qu’il courrait la saison 2019 des Red Bull Air Races. Il lui fallait trouver quelque chose de nouveau, d’inédit. Or si la discipline est pratiquée outre-Atlantique, l’acrobatie en bimoteur n’existait pas en France.
La première étape fut d’étudier la faisabilité du projet et la faire accepter a-priori par l’EASA et la DGAC. Le feu vert obtenu, il se mit à la recherche de l’avion idéal et finit par faire l’acquisition, fin 2019, d’un Beechcraft B55 Baron de 1974 utilisé alors en Suisse entre vols d’affaires et école de pilotage.
Il fallait l’adapter à de nouvelles fonctions. A Istres, l’avion passa entre les fourches caudines de DGA-EV. 14 heures de vol ont été nécessaires pour passer en revue les modifications apportées au bimoteur, comme la planche de bord réorganisée pour améliorer sa lisibilité en voltige et l’ajout de deux accéléromètres. « Il fallut aussi vérifier que la cellule, les bâtis moteurs, les circuits supportaient bien les évolutions et valider l’installation des fumigènes. »
Ainsi le domaine de vol du Baron 55 a pu être élargi avec un facteur de charge légèrement plus élevé ; pratiquement 5 G. « Néanmoins, pour m’assurer une marge de manœuvre et de sécurité plus importante, nous travaillons un programme de démonstration, établi en fonction des vitesses offrant la meilleure restitution de l’énergie, avec des accélérations maximum de 3,5 à 4 G. »
Rien n’a donc été laissé au hasard dans ce long travail de validation technique et réglementaire impliquant jusqu’aux parachutistes d’essais de Cazaux pour définir la procédure d’évacuation en vol d’urgence, la voltige devant se faire obligatoirement avec un parachute. Ce travail réalisé en liaison avec la DGAC et l’OSAC a permis au Baron de se voir attribuer un Certificat de Navigabilité Spécial (CDN-S)
L’avion a été repeint en collaboration avec le designer Adrien Paviot qui avait déjà travaillé sur un de ses précédents racers. Le décapage des précédentes livrées de l’avion a permis de l’alléger sensiblement. Le Baron arbore un gros 11 sur son nez comme ses avions de course. Un numéro désormais un peu fétiche pour Mika Brageot.
Depuis la révélation publique de l’aéronef, le secret ayant été particulièrement bien gardé en dépit de l’implication de nombreuses personnes, le téléphone de Mika ne cesse de sonner. « On me demande en Belgique, en Pologne, en France ». Il faut que les calendriers s’accordent aussi car lui qui se définit comme « pilote de sport » professionnel doit aussi participer aux compétitions de voltige cet été.
Dans une certaine mesure, la saison 2020 pratiquement blanche lui a permis de se concentrer sur son projet et de le faire avancer en s’y consacrant à temps plein. « Mais il ne faut pas oublier l’équipe d’Air Projet, A. Bezard et B. David, en charge de la difficile mission des dossiers techniques et des modifications. » Le pilote insiste pour remercier publiquement son partenaire A. Grunberg d’AGC Assurances – et on sait à quel point c’est un poste vital – et Pierre Pelletier d’ATA qui l’a accompagné lors de l’acquisition de son avion.
Pour le moment, la date et le lieu de la première démonstration publique n’est pas déterminé mais pourrait survenir dès le mois prochain dans un pays d’Europe.
Quant à savoir si l’avion est capable d’effectuer une ressource suivie d’une demie-boucle moteurs coupés avant de revenir se poser, manœuvre emblématique de Bob Hoover sur son Commander, la réponse est bien évidement oui mais le programme précis de la démonstration en vol n’est pas encore achevé, les entraînements se poursuivent notamment au-dessus de l’aérodrome de Villeneuve sur Lot : » Et il faut laisser la place à la surprise, non ? »
Mika Brageot marchera-t-il donc directement dans les pas du mythique Bob Hoover où nous trouvera-t-il d’autres motifs d’émerveillements ; la réponse dans quelques semaines !
Frédéric Marsaly
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:) Le voile a été levé le vendredi 18 juin à Chamblay lors des Championnats de France de voltige aérienne monoplaces. Magnifique ! Bravo Mika !
J'ai eu la chance de voir Bob Hoover et son commander à Reno en 88, Extraordinaire !!
Hâte de voir cette démo !! croisons les doigts !!
Formidable de voir qu'on peut encore faire bouger les lignes de nos jours, entre administrations tatillonnes, normes compliquées, sponsors en berne, intégrisme environnemental et meetings sur la sellette..... Bravo Mika, j'ai hâte de vous applaudir bientôt !
De mémoire, pour le film Belle-Maman avec Deneuve en 1998 un Baron a été utilisé pour effectuer quelques figures de voltige, certaines ont été conservées au montage final.
A ma connaissance les scènes ont été tournées sans préparation particulière de l'avion et sans trucage visuel.
Super idée Mika! Hâte de voir ça!...quand on pourra assister à un meeting...
Je ne pensais pas que cette cellule pouvait encaisser 5g. Quand je volais sur CAP10 a l'Aerobatic du Castelet nous etions limites a 6g, il y avait meme un accelerometre non resetable qui nous "espionnait". Mais meme 5g ca vous tasse bien dans le siege. En tous cas bonne chance a cette initiative.
Ça existe aux US, avec BE55, BE A36 et BE 18 !