Le CHU d’Amiens-Picardie expérimente le transport d’échantillons biologiques par drones

Depuis le début du mois d’octobre 2024, l’hôpital d’Amiens utilise des drones de la société suisse Rigitech pour le transport d’échantillons sanguins et de biberons pour les nouveau-nés prématurés. 30 vols d’essais entre les hôpitaux sont programmés jusqu’à la mi-janvier 2025, dans le cadre de ce projet baptisé Air GHT.

Raccourcir les distances et diviser par deux les temps d’analyses sont les objectifs principaux fixés, dans le cadre de cette expérimentation. Pour cela, l’hôpital d’Amiens, qui s’occupe de l’analyse de certains échantillons d’hôpitaux tels que ceux de Montreuil-sur-Mer et Abbeville, a souhaité expérimenté l’utilisation des drones pour les relier entre eux plus facilement que par la voie routière.

« Il y a aujourd’hui deux navettes routières » a expliqué Martial Roucout, le directeur adjoint du CHU, dans le journal des amiénois. « C’est un coursier qui vient à heure fixe. C’est assez lourd et peu flexible, notamment par rapport à des analyses à faire en urgence. » Le besoin d’une solution « à la carte » était donc née de ce constat.

Depuis septembre 2022, avec le soutien financier du Conseil départemental, les biologistes amiénois se sont tournés vers la startup rouennaise Delivrone pour mettre au point une alternative aérienne. Delivrone est une société opératrice de drones d’une dizaine de personnes, dont le drone Eiger, conçu par la société suisse Rigitech.

D’une envergure de 2,70m, cet appareil autonome fonctionnant « sous supervision humaine » vole à 120m au-dessus du sol à une vitesse évoluant entre 100 et 110 Km/h. L’autonomie, quant à elle, est de 80 Km pour une charge utile de 3Kg/15l. « Nous avons formé des opérateurs au sein du CHU pour le changement des batteries et le chargement du drone. Il ne faut donc que quelques minutes entre deux rotations » explique Gauthier Dhaussy, le Co-fondateur de Delivrone.

« De notre côté, nos personnels à distance depuis Rouen surveillent les évolutions aériennes des appareils, la météo, les paramètres techniques, notamment l’altitude et le respect du couloir aérien de la ZRT dédiée ». Ces opérateurs n’ont donc pas de visuel sur le drone.

Cette zone dite réglementée de 100 Km pour sensiblement 1 Km de large, ouverte par la DGAC, est activable de jour du lundi au jeudi (hors jours fériés) par NOTAM. Le contrôle aérien de Lille Info et la Tour de l’aéroport du Touquet sont, à chaque départ, informés des évolutions. Cette ZRT relie les trois hôpitaux. Afin de réaliser un protocole d’expérimentation complet, 30 vols tests seront réalisés sous autorisation exceptionnelle suivant ce cheminement. « La zone est active en permanence et nous contactons par téléphone les services du contrôle aérien avant chaque opération aérienne. Pour un départ à 9h45, nous les appelons vers 9h30 par exemple. » nous a confié un télépilote de la cellule des opérations de Delivrone.

Le projet Air GHT, porté par la Fédération Médicale Inter Hospitalière de Biologie du GHT Somme Littoral Sud, est aussi un projet de recherche afin de vérifier l’absence d’impacts (notamment en matière de respect des températures) de ce mode d’acheminement sur les résultats des examens de biologie médicale. Affaire à suivre…