Depuis trois ans, les acteurs civils et militaires des meetings aériens ont pris l’habitude de se retrouver entre eux, en fin de saison, à l’initiative de France Spectacle Aérien. Un week-end de débriefing en famille et de mise à plat des questions d’actualité par et pour un casting de rêve.
La convention annuelle de France Spectacle Aérien offre des moments exceptionnels. En 2015, ce fut par exemple Hugues van der Stichel, pilote d’essais Airbus, qui expliquait, vidéo de travail à l’appui, comment il avait mis au point la présentation de l’A350 au salon du Bourget 2015. C’était un professionnel qui s’adressait d’égal à égal avec les pilotes de présentation, les directeurs des vol et les organisateurs de meeting. Cette année (3 décembre), entre deux séjours aux USA, Jacques Bothelin est venu dresser le bilan sécurité de 35 années de démonstrations en vol au sein d’Apache Aviation, la société qui met en œuvre depuis 14 ans maintenant la patrouille Breitling et ses sept L-39.
La sécurité d’abord
Le fondateur et leader charismatique de la Breitling Jet Team a décortiqué méthodiquement les causes des accidents (dont un mortel sur L-39) qui ont émaillé les 30.000 heures de vol que totalise son entreprise de spectacles aériens depuis la fin des années 80. Quelque soit le type d’avion, Pitts S2, PC-7, L-39 ou Hawker Hunter, il en ressort, que dans la majorité des cas, « des pilotes expérimentés ont fait de la surconfiance » résume-t-il, avant d’ajouter : « La seule chose que je sais c’est que j’ai fait 2.900 démonstrations et que ces 2.900 démonstrations ne m’ont pas tué. La prochaine ? Je n’en sais rien… » Une franchise glaçante destinée à provoquer un électrochoc chez les acteurs des meetings aériens, quelque soit leur rôle, qu’ils soient sur la scène ou dans les coulisses.
La sécurité est la raison d’être de France Spectacle Aérien, parce que d’elle découle l’avenir du spectacle aérien. Cette association a été créée en 2014, face à la volonté européenne de réglementer l’activité. L’onde de choc de l’accident de Shoreham (août 2015) qui a fait 11 morts dont 10 au sol, a accéléré le mouvement et démontre la nécessité pour les acteurs du spectacle aérien de s’organiser en force de proposition face à une administration, qu’elle soit nationale ou européenne, qui a décidé de reprendre les commandes.
Un cadre réglementaire concerté
Depuis sa création, FSA travaille en étroite collaboration avec la DGAC pour élaborer le cadre réglementaire des meetings aériens en anticipation de la future réglementation européenne. Alain Vella, de la Mission Aviation Générale (MALGH) de la DGAC, est venu à Lyon, le 3 décembre 2016, présenter les futures exigences auxquelles devront répondre notamment les pilotes de présentation et les directeurs des vols, dès la saison prochaine. Philippe Chetail les détaillera pour Aerobuzz.fr dans les semaines à venir.
Ce projet qui introduit la nécessité pour les pilotes de présentation et les directeurs des vols d’être agréés ne fait évidemment pas l’unanimité. Compte tenu de l’évolution de la société, était-il évitable ? Les promoteurs de FSA demeurent convaincus que les acteurs du spectacle aérien avaient tout intérêt à être associés à l’élaboration du cadre, plutôt que de le découvrir une fois qu’il aurait été verrouillé. D’autres ne sont pas loin de penser que FSA a ouvert la boîte de Pandore. L’autruche n’est pas réputée pour ses qualités de vol…
Un équilibre économique fragile
Et si la sécurité et les aspects réglementaires occupent actuellement beaucoup les animateurs de l’association, de nombreuses autres questions sont débattues, comme l’ont démontré la richesse des interventions, et en particulier la table ronde qui a réuni des présentateurs venus expliquer ce que coûtait réellement une présentation. La capacité à réunir dans un même tour de table les pilotes et les organisateurs, autrement dit les fournisseurs et les clients, est aussi un moyen de faire progresser l’économie du secteur.
Au moment où les préfets sont engagés dans une surenchère sur la sûreté, l’avenir des meetings aériens est plus que jamais économique. En 2016, douze manifestations ont été annulées parce que le surcoût était jugé insurmontable. Plusieurs autres n’ont pas réussi à équilibrer leurs comptes. Le retour d’expérience se situe aussi à ce niveau. Les 135 membres actifs de FSA en sont persuadés.
Gil Roy
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Cher Gil,
Une petite précision pour être complet: Sur la demande du Directeur Général de l'Aviation Civile, FSA participe aux travaux pilotés par la DGAC, le GTMA, Groupe de Travail Manifestations Aériennes, au même titre que les Fédérations dont la FFA qui a deux représentants, le CNFAS, le GIFAS et la Défense représentée par l'Armée de l'Air. Le cadre règlementaire est élaboré par l'ensemble du Groupe de Travail, FSA apportant sa pierre à l'édifice et y défendant son point de vue de par son expertise.
Jean-Noël Bouillaguet
Président FSA