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Le Japon entrainera ses pilotes de chasse en Italie

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Frédéric Lert

Une rupture dans la continuité… Le Japon snobe les Etats-Unis et se tourne vers l’Italie pour l’entrainement de ses futurs pilotes de chasse. Et l’Italie marque des points sur un marché porteur négligé par la France.

La nouvelle a été annoncée par un communiqué de presse conjoint de Leonardo et de l’Aeronautica Militare, l’armée de l’air italienne : le Japon enverra désormais ses élèves pilotes au sein de l’International Flight Training School (IFTS) pour y suivre sur Aermachhi T-346A la phase IV de la formation de pilote de chasse (entrainement avancé). « Le Japon est le troisième pays, après le Qatar et l’Allemagne, à choisir l’IFTS pour l’entrainement de ses pilotes » rappelle le communiqué de presse.

Avion discret, le T-4 de Kawasaki sera donc remplacé par le M-346 de Leonardo. © Frédéric Lert/Aerobuzz

Cet accord semble sceller l’avenir des Kawasaki T-4 utilisés jusqu’à maintenant par le Japon. Ces avions ne sont pourtant pas excessivement âgés, le premier vol remontant par exemple à 1985, douze ans après celui de l’Alpha Jet. L’idée d’une modernisation des T-4, dans l’air depuis une dizaine d’années, semble donc passer à la trappe.

Tokyo fait dans le même temps un choix traditionnel en optant pour un avion à réaction dans la dernière phase de formation des pilotes de chasse.

Depuis quelques années, la Suisse a défriché une voie alternative avec une formation 100% sur avion à hélice avec le PC-21. Poussée par la nécessité financière, la France a également fait ce choix de repenser de fond en comble sa formation et en donnant au PC-21 une place essentielle. Une heure de PC-21 est réputée coûter quatre fois moins cher qu’une heure d’Alpha Jet…

Pour faciliter quelque peu le passage direct du PC-21 au Rafale et autre Mirage 2000, il est toutefois prévu de donner aux jeunes pilotes quelques heures de vol supplémentaires d’accoutumance sur les avions d’armes à leur arrivée dans les forces.

Le Japon n’a peut-être pas la corde au cou aussi serrée que la France au niveau de ses finances publiques.

On ne sait pas d’ailleurs si Tokyo a envisagé l’idée d’une formation 100% sur avion à hélice. Toujours est-il qu’avec la formation sur T-346 (désignation du M-346 au sein de l’Aeronautica Militare), les Japonais font un choix de pays riche ne souhaitant pas révolutionner ses processus.

La rupture vient en revanche avec le choix de l’Italie comme partenaire, au détriment de l’allié américain traditionnel. Le communiqué de presse de Leonardo a beau rappeler le vol historique d’Arturo Ferrarin entre Rome et Tokyo en 1920, on aura du mal à trouver de réels liens historiques et profonds entre les deux pays. La vérité est que Leonardo et l’Italie recueillent aujourd’hui les fruits d’un fort investissement sur le marché de l’entrainement militaire avec d’une part la commercialisation du M-346 et d’autre part la création de l’IFTS, fruit d’une coopération étroite entre Leonardo et l’Aeronautica Militare.

Il faudra un jour expliquer pourquoi la France n’a pas su en faire autant et trouver cette cohérence politico-industrielle…

Avec ces deux atouts en main, l’Italie poursuit donc une politique commerciale très agressive (et on ne saurait la blâmer) en marchant sur deux jambes : la vente de l’avion qui vise le remplacement des Alpha Jet et autres Hawk, et la mise en place d’un pôle de formation « clef en main » avec ces mêmes avions auxquels s’ajoutent les infrastructures, l’encadrement et l’espace aérien nécessaires.

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • L'Italie s'appuie sur l'avion école M-346, de son champion national Leonardo, afin de créer une entreprise international dans le secteur de la formation au pilotage de chasse.

    La France devrait s'adosser à son propre champion national, Dassault, en tirant partie du parc de Mirage d'occasion qui arrivent sur le marché, afin de créer une ESSD (entreprise de services de sécurité et de défense) d'envergure international, dans le domaine du Red Air (rôle d'agresseur à l'entrainement).

    Plutôt que de vendre les F-1 réformés de l'Armée de l'Air à ATAC, il eu fallu les céder à un opérateur privé français, au quel se serait associé Dassault.
    Cette entreprise se serait alliée à un partenaire US, afin de répondre au florissant marché du "aggressor" nord américain.
    Dans cette perspective il aurait été pertinent de racheter les F-1 d'occasion espagnoles, qui ont été cédés à Drakken, qui opère également sur le marché outre atlantique. (Dassault doit avoir un droit de regard sur les reventes de ses appareils).

    C'est dans le but de répondre à l'émergeant mais prometteur marché européen, que deux opérateurs français ont acquis des Mirages 2000 de seconde main :
    PROCOR a racheté neuf 2000 C, cédés par le Brésil, et ont vient d'apprendre qu'ARES s'est procuré douze Mirage 2000-5 au près du Qatar.
    (A ce titre, la vente de Rafale aux EAU étant annoncée comme imminente, il serait intéressant de savoir où va atterrir la soixantaine de 2000-9, que les émirats comptent céder)

    Une politique nationale volontariste et concertée, avec une antithée dans laquelle seraient impliqués Dassault et l'Armée de l'Air , aurait été plus efficace que des initiatives en ordre dispersé.

    Et pourquoi pas étendre le domaine d'intervention d'une telle ESSD française, du Red Air à l'école de pilote de chasse, en s'appuyant sur l'expertise reconnue de l'Armée de l'Air , puisque celle-ci prend en charge l'ensemble du cursus de formation de ses pilotes, de l'enseignement initiale aux phases avancées, et que les aviateurs français forment depuis des décennies les premiers pilotes des clients Dassault, et ont longtemps accueilli à Cazaux un escadron Singapourien de formation avancée sur . . . M-346

  • Et dans le même temps, les chantiers Fincantieri placent leurs frégates dans le monde entier, au détriment du français Naval Group avec qui ils sont pourtant en partenariat (en fait une fusion symbolique pour faire plaisir aux européistes)
    Bref, les Italiens font très fort, avec des produits de qualité et une politique commerciale agressive (lisez "normale" à la place d'agressive)
    Rien d'inattendu pour ce grand pays de Beretta, Ferrari, Fiat, Agusta (qui racheta Westland Helicopters) et autres firmes industrielles de tout premier plan, pays que l'on réduit hélas trop aux pâtes et à la pizza, et que l'on néglige souvent au profit d'une Allemagne fort différente, mais qui hélas captive nos dirigeants depuis trop longtemps. Bref, un biais de perception fort regrettable.
    Pour ce qui est du M-346, on oublie un peu trop qu'il s'agit du russe Yak 130 "récupéré" et que ce dernier continue à mener sa vie propre, à l'export en particulier.

    Et si quelqu'un sait pour quelle raison le M346-001 est tombé en mer en 2011 en quittant le Salon de Dubaï, je suis preneur.....

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