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Aviation Générale

Le rapport du BEA sur l’amerrissage du DA40 au large de la Corse est paru

Published by
Gil Roy

Suite à une panne moteur, le 5 mars 2021, une instructrice de Cannes Aviation Academy avec deux pilotes en instruction à bord du DA40 NG est contrainte à l’amerrissage, à la tombée de la nuit, à 30 NM des côtes corses. Les trois pilotes seront hélitreuillés deux heures plus tard. Un surcroit de précautions, au-delà des prérequis réglementaires leur a sans doute sauvé la vie.

Dans les jours qui ont suivis l’accident du DA40 NG de Cannes Aviation Academy, l’instructrice (35 ans) a été unanimement félicitée pour sa gestion de la panne moteur de pour son amerrissage réussi. En revanche, les deux heures qu’il a fallu aux secours pour repêcher, de nuit, les trois occupants du monomoteur qui a coulé à pic, ont alimenté une polémique stérile sur les réseaux sociaux et en particulier sur Aerobuzz.fr.

Deux ans après cet évènement, le Bureau d’enquête et d’analyse de la sécurité aérienne, autrement dit le BEA, remet les pendules à l’heure avec le rapport rendu public. A noter que l’enquête n’a pas permis de déterminer l’origine de la défaillance du circuit carburant haute pression. Les enquêteurs suspectent « un dysfonctionnement soudain, probablement au niveau du circuit carburant, sans élément précurseur. » L’épave gît entre 2.500 à 3.000 m de profondeur, à environ 34 MN au nord-ouest de l’aérodrome de Calvi.

L’équipage avait fait le plein complet de carburant sur l’aéroport d’Ajaccio Napoléon Bonaparte. Avant de regagner Cannes-Mandelieu, il fait un toucher à l’aéroport de Calvi Saint-Catherine. À 18 h 02, alors que l’avion est stable en croisière au FL 060 (environ 2.000 m) à une distance d’environ 40 NM (environ 70 km) de la côte corse, la puissance du moteur diminue brutalement sans signe précurseur.

L’instructrice qui applique rigoureusement les check-lists relatives à une perte de puissance moteur en vol et à un redémarrage en vol du moteur avec l’hélice en moulinet ne parvient pas à redémarrer le moteur. Elle transmet un message de détresse au contrôleur d’approche de Nice avec lequel elle est en contact et fait demi-tour en direction de la Corse. Elle amerrit à environ 30 NM au nord-ouest de la côte à 18 h 11.

Les trois personnes à bord réussissent à s’extraire de l’avion et à s’installer dans un canot de sauvetage en attendant les secours. L’avion coule rapidement. Le pilote d’un monomoteur léger APM 30 parvient à les localiser à 18 h 17 et à communiquer leur position au contrôleur. Les secours les localisent à leur tour à 18 h 55. Vers 20 h 45, ils sont hélitreuillés par un équipage de l’armée de l’air auquel l’hélicoptère de la Sécurité Civile avait passé le relai.

Pour le BEA, le délai pour secourir les trois naufragés n’est pas anormal compte tenu de la nuit. L’alerte a été déclenchée immédiatement par le contrôleur de Nice. L’avion a été localisé rapidement par les contrôleurs militaires du Mont-Verdun (ARCC-Lyon). L’intervention du pilote de l’APM 30 a facilité la localisation. Vers 18 h 55, alors que la nuit aéronautique débutait, un Mirage 2000C de la permanence opérationnelle de la base aérienne d’Orange avait rejoint les lieux de l’accident.

Quant à ceux qui estimeraient encore que les secours ont tardé, le BEA rappelle que « La localisation de naufragés par une nuit sans lune est très délicate, même avec l’utilisation de JVN (ndlr : jumelles de vision nocturne). La présence d’un système de flash lumineux intégré au canot et un nombre suffisamment important de système de visualisation comme les feux de Bengale ou des led flash s’avèrent des éléments déterminants pour permettre de localiser rapidement les naufragés. »

Dans son rapport le BEA note que « Dans les conditions du vol de l’accident, la règlementation n’imposait pas l’emport d’un canot de sauvetage. Néanmoins, l’emport et l’utilisation de ce canot ont été vitaux pour les trois occupants. D’une manière générale, une personne plongée dans l’eau a très peu de chance d’être repérée par les secours et, même si elle arrive à être localisée, le risque d’hypothermie est élevé avant l’arrivée des secours. »

Ce rapport du BEA est une nouvelle fois riche d’enseignements. Nous en parlerons mardi 9 mai 2023, à 12 h, sur JumpSeat (Aerobuzz.fr sur Twitch).

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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