Les usagers de la petite plate-forme aéronautique située à quelques kilomètres seulement de l’aéroport Lyon-Saint Exupéry ont senti le vent du boulet. Leur résistance bien organisée a permis d’éviter le pire. L’aérodrome de Cessieu vole désormais de ses propres ailes.
La révélation de l’aérien à La Tour-du-Pin (Isère) remonte au 9 juillet 1911, lors de la Journée d’Aviation au cours de laquelle Hubert Latham a volé en vedette sur le champ de courses. S’en est suivie en 1924 de la création de l’aérodrome de Cessieu, qui a pris une dimension nationale en 1938 avec la mise en place d’une convention entre le ministère de l’Air, l’aéroclub et la Chambre de Commerce Nord-Isère. Cette dernière s’est alors engagée, avec l’Etat finançant 50% des dépenses, à reprendre l’aérodrome et à l’agrandir.
En 1984, l’association locale de vol à voile Les Ailes Dauphinoises est devenue gestionnaire de l’aérodrome par une nouvelle convention avec la CCI Nord-Isère et le ministère des Transports. La même année débutait ici l’activité associative ULM (association des Ultra-légers motorisés des deux vallées), bientôt suivie de celles des aéromodélistes (Comet club), puis en 2002 des constructeurs amateurs d’avions (Cessieu Fox Papa).
Parallèlement, l’horizon commençant à s’assombrir du fait de toute absence d’intérêt de la CCI pour ces activités, les usagers ont créé la « 3AC » (Association des Amis de l’Aérodrome de Cessieu-La Tour-du-Pin), qui a débuté ses actions par des publications de promotion du terrain et de ses activités. Sa pétition de soutien pour la sauvegarde du patrimoine aéronautique, historique et naturel du site de l’aérodrome a recueilli 6.000 signatures.
A partir de 2012, la 3AC multiple les évènements de promotion de l’aérodrome avec entre autres la Fête des aéronautes, la Journée portes ouvertes et le Rassemblement national des constructeurs amateurs du RSA. L’exposition-animation « 1913-2013 : un siècle d’aviation en Dauphiné » présente aussi son possible avenir en « Aéro-drame de Cessieu » détaillant les projets d’urbanisation liés à sa disparition. Les maires concernés, le président de la Communauté de communes et l’Aviation civile ne manquent pas de manifester leur intérêt pour l’aviation locale en visitant l’exposition en compagnie des responsables de la 3AC.
En juin 2013, « au regard des forts investissements à réaliser et des activités de l’aérodrome qui sont des activités uniquement de loisirs« , écrit-elle, la CCI Nord-Isère propriétaire du terrain décide de ne pas renouveler la convention avec Les Ailes Dauphinoise et demande au Ministère le déclassement du site, prélude à sa fermeture définitive à une échéance estimée à trois ans. Est parallèlement lancée auprès du tribunal administratif de Grenoble la procédure d’expulsion des occupants sans titre, car c’est ainsi que sont désormais désignés les utilisateurs de l’aérodrome…
Résolument hors-sol, la CCI recherche parallèlement un nouveau gestionnaire, qui serait soumis à un bail annuel de… 264.000 € (soit-disant « comparable aux baux des aéroports voisins« ). La 3AC se porte en candidat-gestionnaire en proposant un plan de rénovation des bâtiments sur 15 ans en échange d’un bail annuel de 2000 €. L’appel à candidature de la CCI ne tarde pas à être retiré…
En juillet 2014, les associations basées sont ainsi convoquées au tribunal administratif en référé pour expulsion, sur la demande de la CCI. Heureusement, le tribunal la déboute, en estimant qu’il n’y a aucune urgence engageant la sécurité. De plus, la CCI n’ayant prévu aucun projet de rénovation est condamnée à 1000 € de dédommagement.
En dépit de cette victoire des usagers, le schéma sectoriel de gestion des équipements pour la mandature 2016-2021 de la CCI marque toujours fermement ses intentions mortifères vis-à-vis de l’aérodrome qu’elle possède depuis près de 80 ans…
Après d’autres rebondissements judiciaires, et face au constat de l’impossibilité de relocaliser les activités, le marathon de six ans de tractations avec la CCI conduites sous la tutelle préfectorale avec le concours de la DSAC aboutit en 2019 à une solution de compromis. Celle-ci consiste à un rachat d’une partie de l’aérodrome avec ses installations par une structure associative interclubs de gestion mise en place à cet effet. L’acte notarial mettant un point final à ce parcours du combattant a été signé ce 12 septembre 2019.
Plus de 60 aéronefs sont basés à La Tour du Pin-Cessieu (LFKP), répartis entre quatre associations : les UL2V (ULM), les Ailes Dauphinoises (planeur), les Cessieu Fox Papa (RSA), l’AFANI (avion) sous la tutelle de l’association interclubs 3ACGestion désormais propriétaire de l’aérodrome. L’entreprise Cap ULM effectue des travaux aériens, des baptême de l’air, des formation au pilotage et de travaux aériens.
Ainsi l’union des usagers a fait la force. L’aérodrome de La Tour du Pin-Cessieu est sauvé !
Gabriel Gavard
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Bravo à vous tous qui avez réussi à sauver cette plate-forme ! Et si un jour elle pouvait être ouverte à la CAP, je viendrai bien volontiers y poser les roues de mon brave Jodel !
Ah... Le terrain de Cessieu à La Tour du Pin ! IL fut une grande époque où nous y organisions un meeting aérien et faisions venir de très belles machines ... y compris un DC8 du Cotam (à l'époque) dont nous connaissions l'équipage qui effectuait un entrainement à St Geoirs... Imaginez un DC8 en finale sur l'herbe de Cessieu et remise de gaz.. Les tentes qui s'envolent, le vacarme du quadiréacteur qui remet plein pot à 50 m du public.... Ça c'était du spectacle !
Allez faire çà aujourd'hui... le soir vous êtes en garde à vue !!!!
A une époque où, probablement quelques aficionados de La Ferté Alais officiaient à Air Inter, il arrivait que le jour de la Pentecôte un Mercure se prenait l'envie de se poser AUSSI sur la piste en herbe. Heureusement que la remise de gaz arrivait à temps. Et le Concorde ??????????? un peu plus haut quand même
Un jour, il faudra que Philippe prenne le temps de raconter ses souvenirs d'organisateur de plus de 200 meetings aériens, du plus petits aux plus grands. Au boulot Philippe !
Bravo a toute la plate forme , RSA Auvergne Rhone Alpes
Bravo à l’équipe qui a permis à l'activité de se continuer !
Ça fait du bien !
Mes amitiés aux modélistes du lieu !
Ravi que ce petit terrain en herbe ou j'ai fait mes premières armes en planeur puisse continuer.