Le Seabee F-HYSB en vol. Il sera bientôt visible au musée. © Aquitaine Hydravions
Il était unique en France et rare en Europe, il s’en va au Musée. Le Republic RC-3 Seabee d’Aquitaine Hydravions prend sa retraite mais ne déménagera pas très loin puisque c’est au musée de Biscarrosse qu’il sera bientôt exposé. Son successeur, un Cessna 185, plus classique, est déjà arrivé.
Le musée municipal de l’hydraviation de Biscarrosse, qui ne cesse d’enrichir ses collections, va donc accueillir un avion quelque peu insolite qui fut le seul jamais exploité en France. Un autre existe en Europe. Sans surprise, il vole depuis le lac de Côme en Italie.
« Nous souhaitions qu’il reste en France » précise Derry Grégoire, vice président et co-fondateur d’Aquitaine Hydravions, structure qui va d’atteindre sa première décennie d’existence, seul aéroclub orienté hydravions de France.
Le SeaBee, quadriplace de voyage produit a partir des années 40 n’est pas le plus célèbre des hydravions. Pourtant avec son millier d’exemplaires produits de 1944 à 1947, il connut un certain succès avant que son constructeur, Republic, voyant les ventes stagner, ne préfère se recentrer sur des produits plus rentables comme le chasseur-bombardier F-84.
Chez Republic en 1947, la chaîne de production des Seabee à Farmingdale, sur Long Island, côtoie celle des F-84. © Republic Aviation
le F-HYSB est arrivé en novembre 2015 en France. Outre sa silhouette à nulle autre pareille (encore que le Nardi Riviera Italien lui ressemble un peu) son exploitation était aussi particulière.
« C’est un avion qui faisait 150 heures de vol par an, mais qui était assez compliqué à entretenir. » Son comportement en vol et sur l’eau n’appelait pas de commentaires particuliers mais au sol avec du vent, le vocabulaire, chez certains, devient plus fleuri. Mais qui dit avion rare dit pièces de rechanges onéreuses. « Surtout, il a 74 ans ! »
Il n’avait pas que des inconvénients. Avec son moteur de 170 ch, l’association le proposait à 250 €/heure, ce qui, pour un hydravion de cette catégorie, est un prix très compétitif. « Nous sommes une structure associative constituée de bénévoles ; même l’entretien est fait par des bénévoles, ce qui nous permet d’avoir des coûts faibles ».
Aquitaine Hydravion l’exploitait donc ainsi aux côtés des trois PA-18 Super Cub à flotteurs et d’un PA-28 classique utilisé pour les formations initiales et le PPL.
Un des trois Piper Super Cub de Biscarrosse sur l’étang. © F. Marsaly
Le Seabee fait donc encore partie des effectifs mais ne devrait plus voler pour autant. « un accord a été trouvé avec la Mairie de Biscarrosse qui nous le rachète pour l’exposer au musée de l’hydraviation, musée municipal. Du coup, nous l’arrêtons de vol. Nous avions pensé pouvoir le laisser en état de vol et le faire voler au profit de la mairie et du musée, mais c’est extrêmement complexe à organiser donc la décision a été prise de le préserver en statique seulement. »
Seul soucis, le musée n’est pas très grand et pour le moment il n’y a pas la place pour l’exposer. Un espace doit donc être aménagé et en attendant l’avion reste donc dans les hangars de l’aérodrome.
En attendant le transfert, le vénérable hydravion à coque patiente dans son hangar © F. Mée
La préoccupation d’Aquitaine Hydravions était désormais de lui trouver un successeur. « L’idéal aurait été un Beaver ! » Mais le problème du bon vieux DHC, c’est qu’il est très onéreux.
Le Cessna 185 en configuration amphibie, avec son moteur de 300 ch a été trouvé au Canada et transféré par conteneur. Assemblé à Biscarrosse au début du deuxième confinement il a pu bénéficier d’une dérogation pour les vols de réception. Pour plus de simplicité, il a été ré-imatriculé aux USA.
Le nouveau Cessna 185 basé à Biscarrosse. © D. Grégoire/Aquitaine Hydravions.
« D’un pilotage simple, un entretien qui ne devrait pas comporter de surprises, ses six places vont nous permettre d’emporter des familles complètes à la découverte de l’hydraviation ou de le louer aux pilots qualifiés préalablement sur les Piper. Nous pourrons aussi l’utiliser sans doute pour la formation en fonction de la demande. » Son prix à l’heure de vol devrait être légèrement plus élevé que celui du Seabee néanmoins.
« En 2019, nos avions ont fait 1.600 heures ; nous sommes parvenus quand même à en faire 1.100 en 2020. » Un chiffre honorable si on n’oublie pas que le grand rassemblement prévu au moins de juin a été annulé quelques semaines avant. » Nous ne voulons prendre aucun risque et pour le moment nous travaillons sur une potentielle édition pour juin 2022. » Précise Derry Grégoire.
Aquitaine Hydravions, structure unique, forte de 40 instructeurs et de plus d’un millier de pilotes formés à l’utilisation du plan d’eau de Biscarrosse, perpétuant ainsi une tradition clairement historique à cet endroit, fait donc sa mue. La fin de l’ère du Seabee, sa future entrée au musée et l’avènement du Skywaggon en sont les signes. Et concernant l’attractivité du nouvel avion, Derry conclut : « Nous avons déjà beaucoup de demandes ».
Frédéric Marsaly
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Un grand bravo à Aquitaine-Hydravions qui a su faire redémarrer avec succès l'hydraviation en France grace à son professionnalisme et son engagement.
AquitaineHydravions n'a pas deux décennies, elle attaque la deuxième et fêtera donc ses 10 ans en mars prochain!
C'est corrigé, merci.
Un autre Seebee serait toujours en France, à Rennes, le F-BTAM ( a confirmer ).
Je viens de regarder rapidement, le F-BTAM est un Riviera. Très proche en silhouette, je le cite dans l'article, mais pas le même avion. Ceci dit, si d'autres SeaBee ont été exploités en France je n'ai pas l'infos mais ça m'intéresse quand même !