Rêves de Gosse vient de boucler son dixième tour de France aérien. En dix ans, l’association a donné l’occasion à près de 10.000 gosses défavorisés de vivre une journée de rêve.
Chaque année, au printemps, une vingtaine d’avions légers se lance sur un tour de France aérien. Cette année, il a conduit les participants de Lyon à Lézignan, en 9 étapes. Le nom du vainqueur 2006 ne restera pas plus dans les annales que ceux des concurrents qui ont remporté les neuf précédentes éditions. Ce qui demeurera gravé dans les mémoires de tous les participants ce sont les visages émerveillés des centaines de gosses qui cette année encore auront découvert le bonheur de voler grâce à la générosité d’une poignée de pilotes privés.
L’idée de ce tour de France est née dans la tête de Jean-Yves Glémée au fil de ses participations à divers rallyes aériens, notamment le Toulouse-Saint Louis. Petit à petit, « Rêves de Gosse » a pris forme dans son esprit pour aboutir, en juin 1997, à un premier tour de France aérien qui d’emblée a affiché son caractère humanitaire, social, caritatif et orienté vers les enfants handicapés ou défavorisés. « A chaque ville étape, un village est dressé pour que cette journée soit une fête pour les enfants. Sculpteur de ballons, clowns, magiciens, maquilleuses et pilotes assurent l’animation. Ce village permet aux enfants de patienter en attendant leur envol dans une ambiance ludique et détendue », explique celui qui est à l’origine de cet élan de générosité parce qu’à un moment donné, il s’est révolté contre le sort qui s’acharne sans pitié sur des victimes hautes comme trois pommes et dont la vie qui se compte encore en années n’est devenue que souffrance. Il a voulu lutter contre cette injustice et pour lui, la manière la plus évidente, a été de partager avec ces gosses « cabossés par la vie », comme il dit, cet instant magique qu’est le vol. Il a entraîné dans son sillage d’autres pilotes qui ne veulent pas tourner leur regard quand ils croisent celui d’un enfant qui souffre.
Une ronde merveilleuse
Une vingtaine d’équipages prennent ainsi part chaque année à cette ronde merveilleuse imaginée par Jean-Yves Glémée. Ils sont évidemment tous bénévoles et viennent pour la plupart d’aéro-clubs répartis à travers la France. « Ils financent entièrement leur participation à l’événement, l’hôtellerie comme les heures de vol, à l’exception des heures de vol consacrées aux baptêmes qui reste à la charge de notre association « les Chevaliers du ciel » », tient à souligner Jean-Yves Glémée. « La sécurité des vols est assurée par une équipe d’instructeurs et de contrôleurs ». Il ne cache pas qu’il s’est inspiré de la rigueur de l’organisation du rallye Toulouse – Saint-Louis-du-Sénégal.
Dans les villes étapes, la logistique repose en partie sur les associations comme les Jeunes Chambres Economiques, le Rotary, le Lions, le Kiwanis ou encore, depuis 2004, les aéro-clubs. Cette année, par exemple, l’aéro-club de Haute-Saône a pris en charge l’étape de Vesoul. Il ne s’est pas contenté de la partie logistique. Il s’est impliqué complètement dans le tour en montant avec les établissements spécialisés qui ont en charge les enfants un véritable projet pédagogique qui consistait à construire une maquette d’avion. Une manière d’amener le baptême de l’air. Devant le succès, l’aéro-club a commencé les baptêmes trois jours avant l’arrivée du tour. Il en a réalisé 120 à lui seul qui sont venus s’ajouter aux 140 offerts par Rêves de Gosse le jour de son passage.
Ce tour de France est une chaîne de gens de bonne volonté qui ne se contentent pas de réserver au meilleur prix des chambres d’hôtel et de mouiller les élus locaux. « Durant les six mois précédant le tour aérien, établissements spécialisés et écoles classiques s’associent dans la réalisation d’un projet pédagogique commun. Il peut revêtir la forme de dessins, des sculptures, de chants, de pièces de théâtre, de bande dessinée, etc. Ces réalisations sont présentées à chaque étape du Tour. Ainsi, les enfants malades, handicapés moteur ou mentaux, ces enfants extraordinaires s’épanouissent au contact des enfants dits « normaux », les enfants ordinaires ». Le baptême de l’air est l’aboutissement de ce projet pédagogique voulu par les Chevaliers du ciel et animé par les équipes éducatrices spécialisées.
« Les professionnels de la petite enfance sont enchantés de voir proposer à « leurs enfants » un tel projet d’ouverture au monde « ordinaire ». C’est pour eux une préoccupation constante de parvenir à modifier le regard des autres sur ces enfants « extraordinaires ». Et ils accueillent avec beaucoup d’enthousiasme le travail préparatoire demande, surtout quand il permet des échanges avec des enfants « ordinaires » », souligne le docteur Philippe Ciboulet, l’une des chevilles ouvrières de l’association. « C’est un espoir secret de notre association de semer ici et là les germes d’un rapprochement durable entre ces différentes populations d’enfants ». Et cet espoir peut se réaliser parce que l’association ne se contente pas bonnes actions. Le baptême de l’air n’est qu’un élément d’une démarche construite. Le souci d’offrir aussi aux frères et sœurs des petits cancéreux de la région lyonnaise un baptême de l’air s’inscrit dans cette volonté d’aller dans le sens des équipes médicales et socio-éducatives.
Ouvert à tous les pilotes
Le tour de France organisé par Rêves de Gosse est ouvert à tous les pilotes. Les équipages doivent être composés d’au moins deux pilotes qui doivent justifier d’une expérience aéronautique suffisante. Le comandant de bord doit totaliser au minimum 200 heures de vol dont 30 heures dans les 12 derniers mois, afin d’être autorisé à effectuer les baptêmes de l’air. Le copilote ne peut effectuer les baptêmes que sous les mêmes conditions. Ils doivent assurer la navigation le matin pour rallier les différentes villes étapes et les baptêmes de l’air l’après-midi. Ils participent à une compétition amicale organisée sous forme d’épreuves de précision de navigation, d’atterrissage, de roulage, de consommation d’essence et de questionnaires portant sur les connaissances aéronautiques et sur les régions survolées. Les organisateurs tiennent à préciser que l’objectif de cette compétition est double. Il tend à créer une animation, voire une émulation au sein des équipages, mais aussi il permet au directeur des vols d’échelonner les départs et de réguler les arrivées et d’assurer ainsi une meilleure sécurité des vols.
Hormis les séances de baptêmes de l’air qui sont financées par l’organisation, (certains pilotes les prennent également à leur charge) le tour aérien représente un total de 20 à 25 heures de vol. Les frais d’inscription s’établissaient cette année à 1525 euros par avion et 305 euros par personnes. Cette participation financière permet de couvrir la reconnaissance, la préparation et l’encadrement du tour, ainsi que les frais de restauration, d’hôtellerie et les différentes fournitures (combinaisons, cartes et autres documents aéronautiques). Rêves de Gosse joue la transparence.
« Suspendre son activité professionnelle, abandonner sa famille pour une dizaine de jours, consacrer un budget non négligeable à cette opération, se rendre disponible pour les enfants à chaque étape, autant de gestes qui ne peuvent qu’être sous tendus par la passion de l’aéronautique et la volonté généreuse de s’intéresser à des enfants défavorisés », explique Philippe Ciboulet. « Prendre la décision de s’engager dans une telle action ne peut pas se faire à la légère : il s’agit d’embarquer dans son avion des enfants pas ordinaires, parfois dérangeants et de leur donner un peu de sa richesse en leur offrant un baptême de l’air ».
Le retour sur investissement se mesure ici en sourire. Adrien Dana, l’un des habitués du tour aérien se souvient d’une étape à La Rochelle, au cours de laquelle, il avait embarqué un gamin d’une douzaine d’années. A la fin du vol, avant de regagner le terrain, le pilote propose à son passager d’aller survoler Fort Boyard. « Fort Boyard ? Ah oui alors ! » C’était ses premiers mots. Adrien descend à 500 pieds. Xavier fut le premier à voir le fort, au milieu de l’eau. Le pilote réalise un premier 360° par la droite, du côté où était assis le gamin. Puis un deuxième. « Un rire cristallin résonna dans les casques », se rappelle Adrien Dana. « Xavier était heureux ; Fort Boyard était à portée de son regard, presque dans ses mains. La blessure de cette enfant de la DDASS commençait à cicatriser, un peu, au moins pour un instant ».
Gil Roy
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