Le Vot, de l’EVAA à Red Bull

A une semaine du coup d’envoi du championnat du monde 2015 Red Bull Air Race, le Edge 540 V2 de François Le Vot est loin d’être prêt. Tout est allé très vite pour le champion du monde de voltige depuis son départ de l’Equipe de voltige de l’armée de l’air, à la fin de la saison 2014.

François Le Vot s’envole, le 5 février pour Abu Dhabi où aura lieu, les 13 et 14 février, la première des huit manches du championnat du monde 2015 Red Bull Air Race. Pour l’actuel champion du monde de voltige qui fait ses grands débuts sur le circuit, ce sera chaud. « Je sais à quoi m’attendre en termes de sensations, mais pas de résultats. J’ai été dégrossi l’année dernière, mais faire la course et gérer une équipe, c’est nouveau ». Et puis, il y a le grand point d’interrogation qui pèse sur son avion, racheté à l’inter saison à Michael Goulian, pilote américain du circuit Red Bull, et qu’il a tout juste eu le temps de repeindre aux couleurs de son sponsor, mais pas de régler à son pilotage. Tout est allé très vite, depuis qu’il a quitté l’Equipe de voltige de l’armée de l’air, au début de l’automne dernier.

« En quittant l’armée de l’air, je n’étais sûr de rien. Red Bull nous avait prévenu que les résultats que nous pourrions obtenir en catégorie Challenger ne laissaient présager de rien. Beaucoup d’autres critères entraient en ligne de compte. Le fait qu’il n’y ait pas de courses en France, ne me laissait peu d’espoir ». Les trois victoires que François Le Vot a remporté lors des trois courses Red Bull auxquelles il a participé, ont sans doute pesé dans la balance. Quoi qu’il en soit, à peine rendu à la vie civile, il a embrayé sur un autre engagement. « Le lendemain matin de mon départ de l’armée, Red Bull m’a contacté pour me proposer de faire le championnat 2015. Je suis resté moins de douze heures sans travail ! »

La première chose à faire a été de trouver un avion. Le Vot a donc racheté celui de Goulian, un Edge 540 V2, le même que celui de Nicolas Ivanoff. C’était la seule opportunité d’avoir un avion à temps : « j’ai tout repris, y compris les boîtes à outils. Nous avons eu deux mois pour le préparer ». L’avion a été repeint aux couleurs de Breitling, le sponsor de Le Vot, par Aerostyle, à Lézignan-Corbières, et aussitôt démonté pour être expédié, via Liège, par avion-cargo, à Abu-Dhabi. « J’ai très peu volé avec ».

Le pilote a pris en main son Edge 540 à l’occasion d’un stage organisé, en Espagne, pour les deux nouveaux venus dans le championnat 2015, lui et l’espagnol Juan Velarde. Pendant une semaine, ils ont pu s’entraîner autour des pylônes. « J’ai galéré pour régler l’avion à ma main. A la fin du stage d’entrainement, j’étais très satisfait. Mais mi-janvier, nous avons du redémonter l’avion pour le peindre. Le premier vol après remontage a été catastrophique du point de vue des réglages des ailerons. J’ai fait un vol le samedi et neuf le dimanche, avant de mettre l’avion, à nouveau démonté, dans un contener. Je n’ai pas retrouvé l’avion que j’avais en Espagne ».

François Le Vot va récupérer son avion, à son arrivée à Abu Dhabi, le 6 février. « Nous aurons 6 jours pour s’entrainer. Il faut absolument que je règle les ailerons avant de partir en course, sinon je serai très frustré ». Il compte sur Philippe Alberola, le mécanicien qu’il a recruté et qui va l’accompagner tout au long de la saison. Le Vot a également engagé un coordinateur, Anthony Pecchi, qui a en charge l’intendance de l’équipe et les relations avec les médias. « Je connais maintenant ce que vivent tous les gens qui montent une société et qui veulent faire voler un avion « experimental » en France. C’est compliqué ».

Depuis qu’il a quitté l’armée de l’air, François Le Vot n’a pas vu passer le temps, et à partir du vendredi 13 février, il arrête de compter en jour pour passer aux centièmes de seconde. Ca va aller encore plus vite !

Gil Roy