Nouveau coup de tonnerre pour les clients de Sonaca Aircraft. Après l’annonce de l’arrêt de la production du biplace Sonaca 200, le groupe Sonaca demande désormais aux propriétaires de payer 5.000 euros par an et par avion pour leur assurer la fourniture de documents mais aussi de pièces détachées. Une situation inacceptable pour les écoles professionnelles mais aussi, et surtout, pour les petits aéro-clubs.
Quelques jours après la clôture du salon Aero de Friedrichshafen, où deux Sonaca 200 étaient présentés, le groupe Sonaca décide l’arrêt de la production, jugée « largement déficitaire » après une soixantaine d’avions assemblés. C’est un coup de tonnerre pour les clients de Sonaca Aircraft et pour les propriétaires du biplace. D’autant que la production, dans l’usine flambant neuve achevée en 2019, devait monter en cadence et se diversifier.
Sonaca a aussitôt cherché à rassurer ses clients. Sonaca Aircraft conserverait un financement de manière à « remplir toutes ses obligations et de faciliter la continuité des activités essentielles aux clients, à savoir les services et l’après-vente. »
Fin novembre 2022, quelques jours après la fermeture de l’usine de Sonaca Aircraft basée à Temploux, près de Namur, les propriétaires de Sonaca 200 ont été invités à une réunion en ligne par le groupe Sonaca.
« C’était un simulacre de réunion » tempête Alexandrine Martin, en charge de la navigabilité dans l’école Aéropyrénées. « Notre micro était coupé, sans aucune possibilité d’échanger avec Sonaca qui nous a fait une annonce pour le moins inattendue. »
« Sonaca a simplement fait savoir aux propriétaires de Sonaca 200 que, à partir du 1er janvier 2023, s’ils désiraient un support de quelque nature que ce soit, ils devaient s’acquitter d’un forfait de 5.000 euros HT par avion, avec la possibilité que ce tarif soit réévalué à la hausse pour les années suivantes. Cela concerne la documentation, mais aussi les pièces détachées. »
Aéropyrénées exploite deux Sonaca 200. Le premier a été livré à l’école française en avril 2022, le second en août de la même année, après l’annonce de l’arrêt de la production. « Nous devrions donc nous acquitter de 10.000 euros par an pour accéder au service après-vente » poursuit Alexandrine Martin. En Turquie, l’école Ayjet exploite actuellement 12 Sonaca 200.
D’après Alexandrine Martin, Sonaca aurait justifié cette somme du fait de pertes financières importantes et des coûts de fonctionnement de plusieurs milliers d’euros. Cette justification provoque un peu plus l’incompréhension des propriétaires, pour une usine à l’arrêt et un personnel désormais réduit.
Pour l’heure, Aéropyrénées a décidé d’économiser ses deux Sonaca 200, qui ont effectué 100 heures de vol chacun depuis leur réception. « Sur une flotte de près de 40 avions, ce n’est pas trop problématique pour l’instant » précise encore Alexandrine Martin.
Chez Mermoz Academy, les deux biplace livrés en juillet et septembre 2022, fonctionnent à plein régime et effectuent 5 heures de vol par jour. « Le Sonaca 200 est au cœur de nos opérations » explique Stéphane Larrieux, directeur général de l’école de pilotage. L’école avait commandé 6 avions en misant sur ses qualités d’avion école et sur sa consommation réduite en carburant.
« Aujourd’hui nous devons louer des avions chez Finesse Max en attendant une solution à plus long terme » explique encore Stéphane Larrieux. « Dans l’immédiat, notre atelier nous permet d’intervenir directement sur les Sonaca 200. Tant que nous n’avons pas de gros problèmes, nous n’avons pas besoin de Sonaca » confie le directeur de Mermoz Academy.
« Sonaca Aircraft était un fabuleux outil de production industrielle » poursuit Stéphane Larrieux, « mais nous avons déjà été victimes de l’arrêt de la production, il ne faudrait pas que nous soyons une deuxième fois victimes de choix financiers qui nous échappent. J’imagine d’ailleurs mal la Wallonie soutenir Sonaca dans sa décision. »
A l’aéro-club de Camargues, qui exploite quatre avions dont un Sonaca 200, c’est la même incompréhension. « A la visite de l’usine avant d’acheter l’avion, l’un des arguments de vente était de ne pas s’inquiéter, que Sonaca Aircraft était adossé à un groupe aux reins solides » se rappelle un de membres directeurs de l’aéro-club. « Depuis novembre 2021, nous avons effectué 400 heures sur le Sonaca 200 que nous envisageons désormais de vendre. »
Chez Aéropyrénées en revanche, les deux avions sont estimés invendables du fait de l’arrêt de la production et des nouveaux rebondissements.
Face à cette situation, 21 propriétaires d’un total de 54 Sonaca 200, dont des ATO et aéro-clubs, se sont regroupés pour signer une lettre commune de refus d’assumer les frais imposés et demandent à Sonaca de clarifier sa position et d’assurer que le biplace ne devienne pas orphelin.
Interrogé sur le différend qui oppose l’avionneur et les propriétaires du Sonaca 200, Dominique Zeoli, nouveau directeur de Sonaca Aircraft, nous a transmis une réponse que nous reprenons dans son intégralité :
« Comme annoncé lors de de l’arrêt des activités de production, les actionnaires de Sonaca Aircraft ont investi plusieurs millions d’euros dans la réorganisation de la société afin qu’elle puisse continuer à proposer des activités de services non-déficitaires. Leur volonté était ainsi de pouvoir continuer à assurer le service après-vente et la navigabilité des avions livrés.
Les frais de maintenance qui sont demandés par Sonaca Aircraft aux utilisateurs du Sonaca 200 ont pour seul but de couvrir les coûts réels de cette maintenance. Ces rentrées financières constituent le minimum nécessaire pour maintenir une activité de support chez Sonaca Aircraft (engineering, approvisionnement, qualité, gestion des stocks, logistique, etc). Il est évident qu’opérer la maintenance d’une flotte orpheline d’une soixantaine d’avions est moins rentable que d’opérer la maintenance d’une flotte de plusieurs centaines, voire milliers d’avions, comme peuvent le faire les autres avionneurs. Il n’est donc pas anormal que Sonaca Aircraft ne puisse pas offrir de conditions aussi attractives que les autres avionneurs.
Cependant, les prix pratiqués par Sonaca Aircraft n’ont, en aucun cas, pour objectif de générer un profit. L’ambition de Sonaca Aircraft est de continuer à supporter ses clients historiques, au travers d’une continuité de service après-vente non-déficitaire.
Il va de soi que Sonaca Aircraft espère qu’un accord pourra être trouvé afin de permettre aux S200 de voler encore de nombreuses années avec un service de support irréprochable.
Ce dossier est évidemment suivi au plus près par le Conseil d’Administration de Sonaca Aircraft. »
A la lecture de la réponse du nouveau directeur de Sonaca Aircraft qui a été faite à Aerobuzz.fr, il est aisé de partager l’exaspération et l’inquiétude des opérateurs de Sonaca 200. Il est compréhensible que les clients de Sonaca ne se contentent pas de tels arguments pour justifier la facturation du support client. Le groupe Sonaca a une responsabilité morale dans cette affaire.
Fabrice Morlon
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