Pour feter les 50 ans du prototype du Dassault Mystère 20, l’équipe de l’association IT Mercure a lutté contre les difficultés et le temps durant 3 années afin de lui redonner une deuxième jeunesse. Il a été présenté dans sa nouvelle livrée lors du dernier Carrefour de l’Air au Bourget.
Il aura fallu un peu plus de 3 années de travail aux bénévoles de l’Association IT Mercure pour redonner une nouvelle jeunesse au Dassault Mystère 20 – 01 (F-WLKB) que les visiteurs du Musée de l’Air et de l’Espace pourront désormais admirer lors de leur passage dans ce lieu de la préservation du patrimoine et de la mémoire aéronautique.
Reprenant une étude antérieure d’un avion de liaison biréacteur (le Méditerranée) à voilure en flèche qui n’a jamais vu le jour, les équipes d’ingénieurs de l’usine de Bordeaux Mérignac dirigées par Paul Delplante vont dessiner, dès le début de l’année 1961, un avion adoptant le montage des réacteurs, comme pour la Caravelle, dans des nacelles latérales accolées à l’arrière du fuselage (2 x Pratt & Whitney JT12). Cet appareil, aussi beau que performant, développé sur les fonds propres de Dassault va reprendre nombre de solutions techniques utilisées sur les avions militaires de la firme. Le prototype du Mystère 20, piloté par René Bigand, effectuera son premier vol le 4 mai 1963.
Produit en coopération avec Sud-Aviation, il intéressera les Etats Unis à la suite d’une présentation remarquée devant une délégation de la compagnie Pan American, conduite par Charles Lindbergh lui-même. 40 exemplaires seront commandés deux mois plus tard, équipés de réacteurs double flux General Electric CF 700, assortis d’une promesse de 120 commandes supplémentaires. Baptisé « Fan Jet Falcon » par le département aviation d’affaires de la Pan Am, le “Falcon” 20 sera livré aux Etats-Unis à partir de l’été 1965, où il se forgera très rapidement une grande réputation de confort et de sécurité. L’avion, prévu pour voler à mach 0,8 en croisière avec 10 passagers à son bord, préfigure ainsi une longue lignée d’avions d’affaires du constructeur Français. Des versions extrapolées du Falcon 20 seront étudiées, notamment les Falcon 30 et Falcon 40 (30 et 40 passagers), destinés à la desserte de lignes intérieures secondaires.
Au total, à la suite de ce prototype, 477 Falcon 20 et 38 Falcon 200 (version évoluée et remotorisée du Falcon 20) seront produits, dont 512 destinés à l‘exportation : un beau succès pour la maison Dassault qui ne s’arrêtera pas là : 2250 avions seront livrés depuis 1965 à ce jour (plus de 2000 appareils sont encore en service en 2013), représentant plus de 95% de cette production à l’export, le marché des Business Jets se concentrant essentiellement hors de France.
« Kilo Bravo », le prototype du Mystère 20, après deux à trois années d’une utilisation principale réservée aux essais, ayant subi plusieurs motorisations et nombre de modifications aérodynamiques, de voilure, du train d’atterrissage, des fuseaux moteurs, se vit, comme nombre de ses pairs, peu à peu abandonné sur un parking de l’usine, se dégradant lentement sous les assauts du temps… Il patienta ainsi de nombreuses années, avant d’être donné au Musée de l’Air, juste aboutissement pour un avion historique, issu des ateliers du constructeur national.
Emus de voir ce bel avion lentement rongé par la corrosion, quelques membres de l’association IT Mercure
Association IT Mercure
L’association IT Mercure a été créée le 3 Mai 1995 sous l’impulsion de salariés de la compagnie Air Inter (d’où l’abréviation IT) et de Dassault Aviation, à l’occasion du dernier vol (Orly-Le Bourget) du Mercure F-BTTD cédé par Air Inter au Musée de l’Air. Cet avion, parvenu en fin d’exploitation après vingt années de service (42397 vols et 35712 heures de vol), menaçait de se dégrader au fil des années et il devenait urgent et indispensable de constituer une équipe qui veillerait à sa préservation et perpétuerait le souvenir de l’épopée MERCURE en s’attachant à faire vivre le dernier représentant présentable de ce merveilleux avion. Très vite pris « en mains » par une petite équipe de « fanas », acteurs de l’exaltante aventure de cette machine adulée des équipages, il a été bichonné jusqu’à sa remise en peinture en mai 1998, qui a constitué l’essentiel des gros travaux entrepris sur l’appareil.
L’association compte encore près de 300 adhérents. Elle s’est entre temps un peu diversifiée avec l’arrivée de personnes de diverses origines du milieu aéronautique. La petite dizaine de personnes qui œuvre régulièrement depuis 3 ans à la restauration du Mystère 20 Proto, continue de maintenir en état, dans le même temps, le Mercure F-BTTD et organise les visites de l’appareil stationné sur le parking du Musée. IT Mercure a aussi restauré le Super Mirage 4000, unique exemplaire du premier biréacteur de combat construit par Dassault vers 1990 à titre de démonstrateur.
Le financement des travaux est uniquement assuré par les ressources propres de l’association, dont les cotisations des adhérents (25 € par an) auxquelles s’ajoute une subvention annuelle de Dassault Aviation.
, autour de Serge Adnet son président et de Christian Fauchet, les hommes orchestre de l’opération, se lancèrent le défi de sauver la machine de sa lente destruction, comme ils venaient de le réaliser pour le Mercure F-BTTD, cédé par Air Inter et exposé depuis 1995 au Musée.
Ce « noyau dur » actif d’IT Mercure, fort d’une dizaine de courageux bien décidés à retrousser les manches, avaient pourtant quelque peu sous estimé l’ampleur de la tâche : « Nous sommes allés de surprise en surprise tout au long du démontage des éléments qui a mis à jour de gros dégâts dus à la corrosion et rapidement nous nous sommes aperçus que le travail allait être plus important et plus long que prévu » précise Christian Fauchet. Nous sommes en 2009 et le cinquantenaire de la naissance du Mystère 20 approchant, le challenge serait de terminer sa restauration pour 2013. Ce lent pourrissement qui allait rendre difficile la restauration affectait le fuselage mais l’intérieur de la cabine aussi, la pointe avant, le cône et la soute arrière, les mâts des réacteurs, les fuseaux moteurs et les aérofreins. Il n’était bien sûr pas question de laisser tout cela en l’état.
La réfection des hublots, à la structure complexe (deux feuilles de plexiglas prises en sandwich dans une autre structure en plexiglas) fut à elle seule, un vrai moment de bravoure. Tous n’étaient pas identiques nécessitant de nombreuses heures « d’huile de coude » et de patience pour retrouver leur transparence et leur ajustage, avant de rejoindre leur emplacement initial. Ainsi, on peut estimer aux environs de 3500 heures le temps de travail consacré par les bénévoles de l’association dans un hangar du Musée, avant de livrer l’avion à la société STTS, à Dugny, qui appliquera la peinture finale, aux couleurs de l’avion à l’époque du record du monde féminin de vitesse (remporté le 10 juin 1965 par Jacqueline Auriol à ses commandes, avec une vitesse moyenne de 859 km/h sur 1000 km).
Tout au long de cette aventure, l’association, qui ne dispose que de modestes ressources, a pu bénéficier de l’aide de quelques solides partenaires sans qui une telle entreprise n’aurait pas été possible. Dassault Aviation, intéressé au premier chef par la restauration de la machine a largement soutenu ce projet en fournissant les matières premières, les produits de décapage, de protection et d’étanchéité et le groupe PPG, leader sur le marché européen dans la fabrication de peintures spéciales, fut aussi un sponsor précieux pour la fourniture du revêtement final.
@Christian Fauchet
«La collaboration avec l’équipe ayant entrepris la restauration, avec les responsables du Musée de l’Air et nos autres partenaires a été remarquable tout au long de ce projet. Sans cette interaction de tout instant, le résultat n’aurait sans doute pas été aussi remarquable… l’avion est superbe !» se félicite Vadim Feldzer, responsable de la communication Falcon chez Dassault Aviation, très engagé dans le projet.
Même si le Mystère 20 est de nouveau livré au regard du public visitant le Musée, la restauration de la machine n’est pas terminée pour autant et, même si la proche échéance du SIAE (Salon International de l’Air et de l’Espace de Paris le Bourget) où l’avion sera exposé en zone publique, met un frein provisoire à la poursuite des travaux, l’équipe envisage un nouveau chantier concernant l’aménagement intérieur. Déjà, les sièges de l’équipage sont en cours de restauration, le cockpit et le tableau de bord voient leur équipement se compléter. Peu à peu, le bel oiseau, tel le légendaire Phoenix, renait lui aussi….
Philippe Chetail
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Lifting du Dassault Mystère 20-01 pour ses 50 printemps !
Bravo !
Une opération similaire devarit intervenir à Lyon-Bron quand les budgets le permettront. L'aéroport a récupéré un Mystère 20 de la marine grace à la précieuse collaboration de l'association EALC de Corbas. Objectif : placer l'avion à l'entrée du site pour symboliser son coeur de métier, l'aviation d'affaires.
Site web d'IT Mercure
L'association IT Mercure a également un site web ou vous pourrez retrouver plus de photographies que ce soit sur la restauration du Mystère 20 mais également sur le Mercure qu'elle bichonne.
http://it.mercure.free.fr/
Lifting du Dassault Mystère 20-01 pour ses 50 printemps !
Félicitations à toute votre équipe IT MERCURE, le travail est exemplaire. Restauration réussie, notre Mystère 20 proto après ses 50 ans de vie est très beau. Pour le comprendre il faut s'imaginer que d'une part sa conception d'avant-garde par Marcel Dassault est robuste; et que vous y avez mis beaucoup d'énergie. En plus d'être beau, je crois savoir que cet avion a été repeint avec une gamme de peinture anti-corrosion et décorative respectueuse de nos réglementations environnementales en vigueur : quel exemple ! Bravo.
Lifting du Dassault Mystère 20-01 pour ses 50 printemps !
Un GRAND MERCI à vous messieurs !!!
j'espère voir votre œuvre prochainement ....
mnbee from lflx
Lifting du Dassault Mystère 20-01 pour ses 50 printemps !
Retrouver toutes les photos de la restauration sur la page:
http://www.facebook.com/itmercure.dassault
Lifting du Dassault Mystère 20-01 pour ses 50 printemps !
Bravo a toute l equipe.
Grand dommage que le constructeur n aie pas pris la decision plus tot de le livrer au Musee, ni qu aucune aide financiere ne soit apportee par Dassault.
Ah si Marcel etait la !!!
Lifting du Dassault Mystère 20-01 pour ses 50 printemps !
je me permets à toute l'équipe de restauration mes plus sincères compliments pour
le Mystère 20-01 de chez DASSAULT cela démontre encore une fois que la passion
existe chez les fans d'aviation, surtout leurs savoir faire.
Lifting du Dassault Mystère 20-01 pour ses 50 printemps !
Bonjour
Moi je dis BRAVO a tout ceux qui donne de leur temps pour restaurer un bel avion
Les avions Dassault en valent bien la peine
Devoir de memoire !
C'est fou que l'on doive souligner ce devoir de memoire porte par des passionnes.
Les constructeurs de ces merveilleuses machines volantes se font toujours tirer l'oreille pour financer de tels travaux domage ...
A quelques dizainnes de kilometres de chez moi, un musee qui abrite des appareils de legende (C-141, B-47, B-52, SR-71 entres autres) a bien du mal a joindre les 2 bouts.
Une fois par an l'USAF fait un show aerien au profit du musee, c'est tout.
Un lien pour le plaisir des yeux ....
http://www.marchfield.org/
Lifting du Dassault Mystère 20-01 pour ses 50 printemps !
A quand son successeur ?