Nicolas Ivanoff a fini en beauté le championnat 2014 Red Bull Air Race, en remportant la dernière manche. Il lui aura fallu plusieurs courses avant d’arriver au bon réglage de son moteur Thunderbolt AEIO-540-EXP, beaucoup de tâtonnement pour réduire la masse de son Edge 540. Il a fini par trouver la bonne trajectoire… Le pilote revient sur sa plus belle saison.
C’est à Spielberg, en Autriche, que Nicolas Ivanoff s’est adjugé la dernière des huit manches du circuit 2014 du Red Bull Air Race. Une victoire hautement symbolique puisqu’elle a été acquise sur les terres de Red Bull. Il s’agit aussi d’un podium qui vient clore la meilleure saison réalisée par le pilote français depuis qu’il participe à ces courses entre les pylônes. Et si la météo n’était pas venue fausser le classement de l’avant-dernière manche disputée à Las Vegas, Ivanoff aurait fini, non pas à la quatrième place, mais sur le podium du championnat 2014. Après les trois années d’interruption qu’a connu la compétition, le Corse est revenu sur le circuit plus combatif que jamais. Il a su tirer parti du nouveau règlement. Il lui aura toutefois fallu quatre manches avant de trouver ses marques.
Le Red Bull Air Race s’est interrompu pendant trois ans, sans que l’on ne sache s’il reprendrait un jour. Et puis fin 2013, l’organisation a annoncé la reprise de la compétition en 2014 avec de nouvelles règles. Les trois années de césure ont en effet été mises à profit pour repenser le concept et renforcer la sécurité. C’est ainsi par exemple que la hauteur des pylônes a gagné 5 mètres pour atteindre 25 m ; une manière de rehausser également l’altitude de survol minimale. Le passage des portes à plat est devenu obligatoire et l’emblématique Quatro composé d’une double porte (quatre pylônes) qu’il fallait enchainer au prix d’un périlleux 270° à été supprimé parce que considéré comme trop risqué du fait des forts facteurs de charge auxquels il exposait les pilotes.
L’une des grandes nouveautés 2014 a été l’obligation faite aux concurrents de voler avec le même groupe motopropulseur. Les équipes n’ont disposé que de quelques semaines pour monter sur leurs avions le moteur Lycoming Thunderbolt préparé spécialement par Lycon, une l’hélice tripale Hartzell et un échappement Sky Dynamics. Pour Nicolas Ivanoff, le fait que les douze pilotes volent avec le même moteur a « remis le pilotage plus en avant. Les écarts de puissance étant réduits, les temps sont plus proches. Les différences se comptent désormais en 1/10ème de seconde ». Pour le français, le moteur imposé permet également de réduire les coûts. « Cela évite la surenchère, la course à la dernière version du moteur qui permet de gagner toujours plus de puissance, mais à laquelle tous les pilotes n’ont pas les moyens de prendre part ».
Nicolas Ivanoff a reçu son moteur en fin d’année 2013, alors que la première manche était programmée, le 28 février suivant, à Abu Dhabi. L’implantation sur la cellule du Edge 540 a été réalisée par Pitet Air Services, à Epinal. Les conditions météorologiques n’ont pas permis de faire la mise au point. Le pilote n’a eu que trois jours pour roder son nouveau moteur avant que son avion ne soit mis en caisse et expédié en Allemagne pour être chargé dans un avion-cargo à destination du Golfe.
Au moment d’aborder le début du championnat 2014, Ivanoff reconnaît que son moteur ne fonctionnait pas correctement. Il y avait d’importantes vibrations à tel point que l’EFIS installé par Red Bull Air Race sur la planche de bord du Edge 540 a rencontré d’importants dysfonctionnements. « Nous avons équilibré l’hélice, changé les magnéto, refait les calages, changé le boitier d’injection… ». Le problème sera définitivement résolu qu’à partir de l’épreuve de Dallas, c’est-à-dire, trois manches avant la fin du championnat. « J’avais des tours, mais je n’avais pas l’impression d’avancer ».
A Abu Dhabi, où s’est déroulée la première manche du championnat, Nicolas Ivanoff a du se contenter de la huitième place. « J’étais satisfait d’avoir pu passer les qualifications et arriver jusqu’en Super 8 ». Abu Dhabi était aussi le grand retour à la compétition après trois années. « En juin de l’année précédente, nous avions fait une série d’entrainement. Après un vol, nous avions tous le sentiment d’avoir retrouvé nos sensations. De là à aller vite, il y avait du boulot ! ». Juste avant d’aller à Abu Dhabi, les pilotes se sont retrouvés pendant quatre jours à Dubaï, pour s’entrainer sur un tracé comparable à celui de la première manche. « A Abu Dhabi, j’ai découvert à l’occasion de cette première course que j’étais le plus lourd sur la ligne de départ », constate Nicolas Ivanoff.
L’avion en ordre de marche, c’est-à-dire avec son pilote à bord, équipé de sa combinaison ignifugée, le carburant nécessaire pour la course et les fumigènes, ne peut pas peser moins de 698 kg. « Nous atteignions 720 kg ». Tout a alors été mis en œuvre pour grignoter les kilos superflus. La batterie a été changée, ainsi que les roues et les freins qui ont été fournis par Beringer. Les autres concurrents ont rapidement constaté l’efficacité du matériel français et en fin de saison, plus de la moitié des écuries était passée chez Beringer.
Malgré ces changements, l’avion était encore trop lourd. Pour tomber à 700 kg, Nicolas Ivanoff devra attendre de pouvoir repeindre son avion aux couleurs de son sponsor. Au préalable, il aura fallu que Red Bull et l’horloger Hamilton trouvent un terrain d’entente. Ce n’est qu’en Pologne, c’est-à-dire à l’occasion de la quatrième manche, que l’Edge 540 du français se présentera avec sa nouvelle livrée réalisée à Lézignan chez Aero Design.
En Croatie, lors de la deuxième manche, l’avion vibre encore et il est toujours trop lourd. Néanmoins, Nicolas Ivanoff réussit à se hisser à la cinquième place. « Le parcours était plus tournant, je pouvais prendre plus d’angle. C’est une configuration qui me convient mieux ». En toute logique, les circuits plus rectilignes ne font pas l’affaire du français, ce que confirmera sa contreperformance en Malaisie, à l’occasion de la troisième manche. Il se classe onzième. « A cause des réglages ou de la chaleur, ou des deux… je ne sais pas, mais j’avais vraiment l’impression de ne pas avancer ».
Contrairement à ce que pourrait laisser penser sa huitième place, c’est en Pologne que le championnat bascule du bon côté pour Nicolas Ivanoff. « Avec sa nouvelle peinture, l’avion plus léger marchait mieux. C’était encourageant ». Le pilote écope de deux secondes de pénalités qui sont rédhibitoires. A l’occasion de la manche suivante, à Ascot, en Angleterre, il monte pour la première fois de la saison sur le podium.
« Le parcours était vraiment très sympa. C’était la première fois de la saison que nous volions au-dessus de la terre. En plus des pylônes, il y avait un dénivelé pour passer par dessus les arbres. Au lieu de faire un départ depuis les airs, à 200kts, on partait de la piste. La première porte était située quelques centaines de mètres plus loin de la ligne de départ. Au début, cette configuration ne me plaisait pas beaucoup à cause de mon poids. Et puis, je me suis rendu compte que l’avion fonctionnait bien, que j’avais amélioré mon pilotage et que je réussissais bien à jouer avec les arbres ». Nicolas se classe troisième et quitte l’Europe gonflé à bloque.
La performance qu’il signe à Dallas confirme qu’il est bien dans son avion, bien dans son pilotage. « C’était le parcours le plus court de la saison. Environ 50 secondes. Ce n’était que des virages avec de toutes petites lignes droites. Il fallait bien choisir son point d’entrée dans le virage suivant ». Nicolas Ivanoff remporte sa troisième victoire de sa carrière, les deux premières remontaient à Perth, en 2007, et à San Diego, en 2009. « L’équipe était contente. Cela faisait plaisir à voir ».
A Las Vegas, un mois plus tard, le français perd ses chances de finir sur le podium du championnat 2014. Le vent violent empêche le déroulement de la course. Le classement de la manche est établi au vu des qualifications au cours desquelles il avait fini sixième. L’objectif étant de se qualifier pas de faire un score, Nicolas Ivanoff, avait attaqué sans retenu, déchirant un pylône au premier passage et arrivant trop vite (201 kts au lieu de 200 kts) pour entamer le second. « Je ne trouvais pas la bonne trajectoire, mais cela ne m’inquiétait pas. Je savais que j’allais m’améliorer ». Il n’en aura pas le loisir… Il n’y aura pas de course ! « Sans les pénalités, j’étais le plus rapide », regrette-t-il.
A Spielberg, la dernière manche de la saison 2014, s’engage mal pour le français. Les mauvaises conditions météorologiques qui sévissent sur les Alpes Autrichiennes perturbent les entraînements. « Je n’arrivais pas à trouver la bonne trajectoire. Ensuite, j’ai amélioré mon pilotage, mais mes temps n’étaient pas meilleurs. Je ne comprenais pas ». Avec son équipe, il décide de supprimer les modifications qui avaient été apportées aux entrées d’air pour améliorer l’aérodynamique et monter le moteur en température. « J’ai alors retrouvé l’avion que j’avais à Dallas et à Las Vegas. J’ai pu me concentrer sur mon pilotage ». Dixième aux qualifications, c’est-à-dire à la limite de l’élimination, Nicolas Ivanoff fait un sans faute, en course, au cours des trois vols suivants et remporte la manche. Il se classe quatrième du championnat 2014.
Cette saison, la meilleure depuis qu’il est sur le circuit Red Bull Air Race, est prometteuse. Toutefois, pendant l’intersaison, les cartes sont redistribuées. Les écuries mettent à profit, les quatre mois qui séparent la fin du championnat 2014 de la première manche 2015, pour améliorer leurs avions. « Il faut faire des modifications, mais aussi pouvoir les tester », explique le pilote français qui a décidé de confier son avion à un atelier de mécanique basé à Mojave. Cette unité est dirigée par Jim Reed, dit Jimbo, qui s’est occupé du Edge 540 de Nicolas Ivanoff sur les trois dernières manches 2014.
Pour le mécano américain, le défi est de gratter encore quelques kilos afin de pouvoir jouer sur le centrage de l’avion. Pour cela, il faut avoir de la marge et donc se situer en dessous de la barre réglementaire des 698 kg. Outre le fait qu’il sera plus facile de tester en vol les solutions proposées, « tout est plus facile aux USA », reconnaît le français. La proximité des fournisseurs est aussi un avantage.
En 2015, la compétition devrait être plus ouverte, avec un championnat du monde qui passe de douze à quatorze pilotes. Red Bull Air Race a en effet décidé de faire monter en catégorie « Masters », deux pilotes qui se sont fait remarquer dans les courses « Challengers » initiées cette année.
Gil Roy
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Nicolas Ivanoff fait son bilan du Red Bull Air Race 2014
Une manche devant les plages du Roussillon, ce serait top !
Comme la patrouille de France chaque été !...
En tout cas, bravo MONSIEUR!
Nicolas Ivanoff fait son bilan du Red Bull Air Race 2014
Très bonne synthèse de cette saison 2014 de notre Quick Corsican national. Nul doute que s'il continue sur cette lancée, Nico brillera davantage en 2015. Personnellement, j'y crois dur comme fer.
@ CQFD : J'ai également entendu parler de ce "refus catégorique" de la DGAC quant à l'organisation d'une manche française. Oui en effet, c'est vraiment dommage qu'un pays comme la France, s'écarte lui-même de ce beau championnat.
C'est un peu comme en hydraviation. Pour paraphraser un ami : si Henri Fabre a inventé l'hydravion, c'est "ailleurs" qu'ils ont le droit de voler… Une caricature qui n'est pas si éloignée que ça de la réalité.
Nicolas Ivanoff fait son bilan du Red Bull Air Race 2014
Bonjour,
Il me semble, mais info à confirmer, que Redbull avait envisagé de faire une course en France à Bordeaux...mais refus catégorique de la DGAC !!!
Et oui, pays de l'aéronautique, disons de la construction, mais surtout pas le goût du développement commercial aéronautique, on fait tout, absolument tout pour tuer les projets.
Les hélico n'ont plus le droit de faire des circuits touristiques inférieurs à 1h (avec ou sans escale) sur tous aéroports, aérodromes situé à moins de 924 mètres d'une agglomération !!! autant dire presque partout de nos jours !!!
Nicolas Ivanoff fait son bilan du Red Bull Air Race 2014
Un Responsable en France c,est quoi?
C,est un haut fonctionnaire,enarque(ecole nationnale des anes) fonctionnaire et surtout quelqu,un qui est carieriste et quand vous etes tout ca, une seule solution pour avancer, TOUT INTERDIRE, donc pas de problemes.
Voila le pourquoi du surplace que l,on fait en France.
Mais moi j,ai decide que personne ne m,empechera de pratiquer l,aviation, c,est a dire de voler et me faire plaisir.
Que tout les vrais pilotes se donne la main.
Nicolas Ivanoff fait son bilan du Red Bull Air Race 2014
bravo les as, maitenant un petit tour en FRANCE!!!!!
Nicolas Ivanoff fait son bilan du Red Bull Air Race 2014
A quand une Red Bull Air Race en France du côté du Pays Basque ?
Nicolas Ivanoff fait son bilan du Red Bull Air Race 2014
Bravo c'est super ,et tu viens quand avec tes potes pour nous faire la même chose en France ?.