C’est avec des Extra 300SC entièrement révisés et arborant une nouvelle livrée que l’Equipe de Voltige de l’Armée de l’Air (EVAA) a entamé la saison des meetings 2022. Ces mêmes avions qui ont participé au championnat de France, du 20 au 25 juin 2022 à Blois, et surtout au Mondial, à Leszno, en Pologne, début août 2022.
Pour les ailes, à priori, à moins d’être très observateur ou spotter « pointu », rien ne distingue réellement l’ancienne décoration des Extra 300SC de l’EVAA de la nouvelle… Et pourtant ! L’extrados de la voilure, tout en respectant le dessin initial représentant la « patate » (insigne de l’EVAA), présente un changement de nuances des couleurs, dans le seul but de créer une profondeur et un relief plus intenses, évoquant un dessin en 3D.
Cette nouvelle livrée est signée Régis « Rage » Rocca, grand spécialiste des livrées mémorielles des avions de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Elle est le fruit d’un travail de réflexion de l’ensemble de l’unité actuelle.
Le dessous de l’aile (intrados) devait respecter des codes plus rigoureux, de manière à ne pas désorienter les juges lors des compétitions, habitués à évaluer la qualité de la position de l’avion dans l’espace (verticalité…) lors de figures ascendantes… Une ligne horizontale a donc été conservée, portant l’inscription « Armée de l’Air et de l’Espace », nouvelle appellation de l’institution.. le reste du design rappelant ici aussi le trident des gardians.
Pour le fuselage, la seule consigne dictée par l’équipe au designer était en forme de carte blanche… laissant libre cours à son imagination. Ainsi Régis Rocca, dans un souhait de recoller à l’histoire, s’est efforcé de positionner le trident des gardians de l’origine et le damier déjà utilisé sur la dérive des Extra, ces 3 dernières années et rappelant lui aussi les années CAP.
Au final, le résultat est magnifique…Le public des premiers meetings est conquis par cette nouvelle tenue de scène qui présente une réelle modernisation, sans pour autant bousculer tous les codes couleurs et le cours de l’histoire. Une très belle réussite, issue d’un travail commun… Le même qui fait que l’équipe se maintient au plus haut niveau de performance depuis des décennies. Les résultats du dernier Championnat de France qui vient de se terminer en fin de semaine dernière à Blois le montrent une fois encore…
L’aventure débute à l’automne 1967, lorsqu’une petite équipe de moniteurs-pilotes, le soir venu, à l’issue d’une journée d’instruction des élèves de l’Ecole de l’air de Salon de Provence, commencèrent à s’entrainer dans le but de constituer une équipe de voltige… Il faut dire que dès le début de la décennie, l’Aviation Légère de l’Armée de Terre (ALAT) possédait déjà sa propre équipe, destinée à participer aux compétitions de la discipline et que la tentation était grande de rivaliser !
L’enthousiasme et le brio de ces pilotes, bien décidés à faire briller les Ailes de l’Armée de l’Air et rayonner « l’Institution », parvenant jusqu’au bureau du chef d’Etat-Major de l’époque, le décidèrent à porter sur les fonts baptismaux une toute nouvelle unité, qui sera nommée officiellement : Equipe de Voltige Aérienne (de l’Armée de l’Air) ou EVA.
Les résultats en compétition ne se font pas attendre… Dès le mois de juin 1968, le rythme soutenu des entrainements conjugué à son talent, permet au benjamin de l’Equipe de faire remporter à l’EVA sa toute première victoire… avec l’un des appareils qui ne présentait pas alors de décoration particulière…
Le Stampe vieillissant laissa rapidement la place, dès 1969, à deux avions modernes dérivés des Piel Super Emeraude, le bi-place d’entrainement CAP 10 (180 Cv) et le monoplace de compétition Cap 20 (200Cv), construit par Auguste Mudry et son équipe sur l’Aérodrome de Bernay (Eure).
Ces nouveaux appareils étaient issus de la volonté de créer un appareil moderne, à une période où la voltige mondiale était largement dominée par les américains et les états du bloc de l’Est.
Pendant presque 20 ans ces avions, sous des livrées différentes, en noir et blanc pour les CAP 10, arborant la lance du Gardian camarguais sur le flanc (en référence à l’indicatif radio de l’équipe) et le damier sur la dérive, jaune initialement pour les CAP 20, puis tricolore en milieu de carrière, contribueront grandement au succès de l’EVA en compétition.
Arrive alors en finale de la piste 16 à Salon de Provence pour y faire son nouveau nid, un tout jeune appareil équipé d’un moteur 6 Cyl de 300 Cv, le Cap 230, certifié pour des facteurs de charge de +10 G et – 10 G… C’est avec son descendant de type 231 présentant quelques modifications mineures dont une nouvelle livrée, plus terne pour certain amateurs, que « Coco » (Adc Bessière) apportera à l’équipe de voltige le premier titre mondial de son histoire…
Une nouvelle ère s’ouvre alors dans l’histoire de l’EVAA (dans sa nouvelle appellation !) avec le CAP 232 équipé d’une aile carbone, au taux de roulis incroyable… L’avion affiche alors une livrée tricolore sur l’ensemble du fuselage et des ailes, sur l’intrados comme sur l’extrados, ne laissant aucun doute quant à l’appartenance des machines…
Entre 2002 et 2005, l’EVAA collectionne les titres et enchaine les succès en compétition, jusqu’à l’accident tragique, en Août 2005, du Cne Jean Michel Delorme, victime d’une rupture de la structure principale du fuselage de son Cap 232 (F-TGCC n° 22) lors des championnats de France de voltige à Saint-Yan., endeuillant l’équipe et la voltige internationale…
Dans les années suivantes, alors que les CAP 232 étaient retirés, l’équipe évaluera d’autres appareils, pour retenir in fine le monoplace de 330 Cv à aile médiane carbone et fuselage treillis acier recouvert lui aussi d’une peau en carbone, du constructeur Allemand Walter Extra… les modèles 330 SC monoplace et LC biplace, que les habitués des meetings aériens et les spotters connaissent bien.
Ainsi, depuis 2008, dans une livrée tricolore due à à la réflexion de l’équipe de l’époque (P. Varloteaux, F. Le Vot et R. Ecalle) et apposée par le designer automobile Antoine Boulay, ces nouvelles machines ont ouvert une nouvelle page de l’aventure de la plus petite unité de l’Armée de l’Air, qui n’a cessé depuis d’accumuler les lauriers dans les compétitions nationales et internationales, pour atteindre une nouvelle fois la consécration en 2009, (Cne Renaud Ecalle à Silverstone), en 2013 (Cne François Le Vot aux USA) et en 2015 (Cne Alexandre Orlowski à Châteauroux) où les pilotes accédèrent à la plus haute marche du podium….
A l’automne dernier, sur le transit retour du dernier meeting de la saison, le capitaine Orlowski et son mécanicien, furent confrontés à une panne moteur du biplace LC. Le pilote a posé son appareil « en campagne », sans autre dommage que ceux subis par l’appareil, peu habitué aux terrains de fortune.
Cet épisode fâcheux était-il un signe du destin ? Le moment était-il venu, 14 années après l’acquisition des 3 avions d’envisager un retour usine pour une révision en profondeur de la structure, du moteur et des équipements de l’ensemble de la flotte ? Coïncidence ou pas, un mois plus tard, les appareils monoplaces devant subir leur visite programmée dite de « 100 heures » », certains signes de fatigues sur la structure du fuselage allaient découverts..
Profitant de la saison hivernale et pouvant bénéficier d’un appareil de location permettant aux pilotes de maintenir leur entrainement, les deux monoplaces habituellement confiés à la Société AeroTech d’Aix en Provence pour ce type d’intervention, prirent le chemin de l’aérodrome de Dinslaken/Schwarze Heide en Allemagne, siège du constructeur Walter Extra, où des travaux conséquents de reconstruction de structure allaient être réalisés. .
Le diagnostic méthodique du constructeur imposait également le remplacement des pièces montrant une certaine fatigue. Autrement dit ne rien laisser au hasard !
Le fuselage comportant les nouveaux éléments devant être repeint dans son intégralité, le moment n’était-il pas venu de faire évoluer la livrée de l’avion dans son ensemble, d’imaginer une symbolique qui pourrait puiser ses codes dans l’histoire de l’unité… Sous forme de clins d’œil aux décorations antérieures ? Ainsi fut fait !
Philippe Chetail
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