Publicité
Aviation Générale

Passage au second régime en cause dans l’accident mortel du Jodel 140 Mousquetaire du Versoud

Published by
Fabrice Morlon

En mai 2022, un Jodel 140 Mousquetaire avec 5 personnes à bord s’est écrasé dans la vallée des Adrets, en Isère, lors d’un vol découverte. Le BEA vient de publier son rapport d’enquête, compliquée par l’incendie de l’épave après le crash. L’avion se serait installé dans le second régime avant de heurter des arbres.

Le 21 mai 2022, le Jodel 140 Mousquetaire développant 180 ch et immatriculé F-HJLB décolle de l’aérodrome de Grenoble-Le Versoud à 16h39. Cinq personnes ont pris place à bord, dont deux enfants, dans le cadre d’un vol découverte réservé sur le site Internet de l’aéroclub.

C’est le deuxième vol découverte de la journée entrepris par le pilote, qui avait effectué le vol précédent sur un DR401/155 turbocompressé. En dernière minute, alors que le vol était initialement prévu avec 3 passagers, le pilote a dû changer d’avion pour le vol suivant de manière à emporter un passager supplémentaire, et a donc pris le Mousquetaire. Son dernier vol sur cet avion remontait au 27 mars 2022.

Il fait chaud cet après-midi, 32° C, avec des conditions CAVOK et un vent faible de 3 kts venant du secteur Nord. L’avion s’élance sur la piste 04 et monte dans l’axe puis vire à droite pour cheminer dans la vallée des Adrets le long de la montagne située au sud.

« Des témoins aperçoivent l’avion en direction de l’est à basse hauteur et volant lentement » d’après le rapport du BEA. Quelques minutes plus tard, le Jodel 140 percute des arbres qui arrachent ses ailes, puis s’écrase dans un pré à 860 m d’altitude. Les cinq occupants de l’avion périssent dans le crash. L’épave est en grande partie détruite par l’incendie survenu après l’accident.

Le BEA n’a pas relevé d’anomalies sur le moteur et note que, au regard des traces laissées par l’hélice à la cime des arbres celui-ci délivrait encore de la puissance. Le circuit carburant n’a toutefois pas pu être vérifié, détruit par l’incendie. Toutefois, l’avion avait été remis en service quelques jours avant, le 19 mai 2022, après le « signalement d’un problème de puissance sur le moteur ». Trois vols ont été entrepris par la suite, qui n’ont pas relevé de problèmes. Pas non plus de problèmes au niveau du devis de masse et centrage : avec 120 litres d’essence à bord, la masse au décollage est estimée par le BEA à 1131 kg pour une masse maximale de 1200 kg.

Comme tous les aéroclubs, l’aéroclub du Dauphiné a mis en place une politique stricte pour l’organisation de vols découvertes. Pas moins de 200 heures de vol et une expérience récente de 25 heures dans les 12 derniers mois. Le pilote du Jodel totalisait 400 heures de vol et 92 dans les 12 derniers mois. et « animait au sein des pilotes habilités pour les vols découverte les aspects suivi et sécurité. »

Avec l’aide des données GNSS qui ont pu être recueillies de l’épave, le BEA note que la montée initiale s’est faite à 65 kts, puis que la vitesse a diminué progressivement vers 57 kts, quelques secondes avant l’accident. « La pente de montée de l’avion sur la deuxième partie du vol était de 5,3 % soit environ 350 ft/min à 120 km/h » relève le BEA qui note que les conditions optimales de montée dans cet environnement au relief marqué sont de 150 km/h et 780 ft/min.

Dans ses conclusions, avec les données en sa possession et les témoignages concordants quant à la « lenteur » du vol, le BEA estime que l’avion s’est probablement installé dans le second régime, sans que le pilote s’en soit aperçu. Trompé par la différence entre les performances d’un DR401 au moteur turbocompressé et le Jodel, en augmentant l’assiette, la vitesse et les performances ont diminué. « L’avion ne montait plus et il est entré en collision avec les arbres. »

Le rapport du BEA

#BEA #enquete #crash #jodel

Publicité
Fabrice Morlon

Pilote professionnel, Fabrice Morlon a rejoint la rédaction d’Aerobuzz, début 2013. Passionné d'aviation sous toutes ses formes, il a collaboré à plusieurs médias aéronautiques et publié une dizaine d'ouvrages, notamment sur l'aviation militaire.

View Comments

  • Oui c’est bien cela, le GNXT était l’avion plus performant du vol découverte précédant celui de l’accident (avec le même pilote sur les deux vols) , d’où l’intérêt de la comparaison

  • Je ne comprends pas bien la présentation.
    Le F-HJLB est l'avion accidenté, d'accord.
    Le F-GNXT est-il le DR400 155 cité dans l'article? Ou bien un autre appareil destiné à expliquer la trajectoire qu'aurait du suivre l'avion accidenté?

Recent Posts

REX – Le piège de l’atterrissage en patrouille pour un hélicoptère militaire

Un hélicoptère Fennec de l'armée de l'Air et de l'Espace connait un atterrissage dur au… Read More

18 janvier 2025

Premier lancement réussi pour le New Glenn de Blue Origin

New Glenn, le lanceur géant partiellement réutilisable de Jeff Bezos et Blue Origin, a finalement… Read More

17 janvier 2025

Lockheed Martin livre 10 S-70i Black Hawk aux Philippines

Lockheed Martin a livré 10 hélicoptères S-70i Black Hawk en 2024 au ministère philippin de… Read More

17 janvier 2025

Honeywell en route vers l’IA et le vol autonome

Honeywell et NXP Semiconductors N.V. ont annoncé au CES 2025 de Las Vegas (7-10 janvier… Read More

17 janvier 2025

Air India Aviation Academy commande 93 monomoteurs Piper Archer DX

La compagnie aérienne nationale Air India veut "anticiper une pénurie de pilotes". Pour se préparer,… Read More

17 janvier 2025

Hartzell obtient un STC pour sa nouvelle hélice Carbon Voyager

Hartzell Propeller a commercialisé l'hélice tripale Voyager, en aluminium, en 2019. Spécialement conçue pour les… Read More

17 janvier 2025
Publicité